Le Suisse Mark Pieth, professeur de droit à l'Université de Bâle, à qui Joseph Blatter, président démissionnaire de la Fifa, avait confié une réflexion sur la gouvernance de l'instance, estime que "la structure quasi dictatoriale" de l'organisation doit être réformée en profondeur.
"La Fifa possède une structure quasi-dictatoriale, déjà sous Joao Havelange et encore plus avec Blatter", a estimé mercredi M. Pieth, dans un entretien à l'AFP.
La Fifa, plongée dans une crise sans précédent, présente "une structure ultra-présidentielle, sans assez de contre-pouvoirs". "Il faut limiter les pouvoirs du président mais aussi ceux du comité exécutif. Il faut aussi limiter à deux les mandats du président, c'est ce que nous préconisions", a ajouté le professeur de droit, qui avait été mandaté par la Fifa pour l'aider à réfléchir à des réformes de sa gouvernance.
M. Pieth, qui recommande aussi de "revoir le principe d'un pays/une voix", a terminé sa mission à la fin 2013 sans qu'aucune de ses préconisations ne soit mise en oeuvre.
Afin de se prémunir face à l'implication de membres du comité exécutif dans de nouveaux scandales de corruption, le professeur de droit suggère aussi une "enquête éthique ou enquête d’habilitation, menée au niveau de la Fifa, et non au niveau des confédérations, sur les candidats, avant leur élection et leur entrée au comité exécutif".
Cette enquête, "une proposition qui avait été bloquée par l'UEFA", n'est "pas une garantie" mais permettrait d'"anticiper (...) des problèmes". "Ainsi pour Jeffrey Webb, on a pensé qu'il faisait partie des +réformateurs+, mais si on avait mené une enquête sur lui ou d'autres, on aurait pu voir qu'ils étaient proches des +anciens combattants+", a souligné M. Pieth.
Jeffrey Webb, ancien président de la Confédération d'Amérique du nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf) a été révoqué de son poste et fait partie des 14 inculpés par la justice américaine pour corruption.