Le Parlement européen a joint sa voix jeudi au concert de pressions exercées sur la Fifa, empêtrée dans un scandale de corruption aux rebondissements quasi quotidiens, en appelant au départ immédiat de son président démissionnaire Joseph Blatter.
Contactée par l'AFP, la Fifa n'avait pas officiellement réagi jeudi en début d'après-midi. Mais dans le même temps, la Fédération internationale, en pleine crise, annonçait la démission "avec effet immédiat" de son directeur de la communication depuis 2011, le Suisso-Italien Walter De Gregorio, remplacé "par intérim" par son adjoint, le Français Nicolas Maingot.
Les eurodéputés ont voté à une très large majorité, à main levée, pour un texte au ton vif à l'encontre de l'instance dirigeante du football mondial, préparé conjointement par les sept groupes politiques de l'assemblée, réunie en session plénière à Strasbourg.
Ils se félicitent "de la démission de Joseph Blatter de la présidence de la Fifa ainsi que des enquêtes pénales en cours", en Suisse comme aux Etats-Unis. Mais ils demandent à l'organisation de choisir "un président provisoire approprié pour (le) remplacer immédiatement".
Blatter, bien que démissionnaire, a en effet prévu de rester en poste jusqu'à l'élection de son successeur, qui n'est pas prévue avant fin 2015. Or, a estimé le Parlement dans sa résolution censée exercer une pression politique, la Fifa a besoin de "crédibilité" pour mener les "réformes urgentes nécessaires".
Le Suisse, âgé de 79 ans, a été réélu fin mai à Zurich pour un cinquième mandat, trois jours après le coup de filet international contre 14 dirigeants et partenaires de la Fifa lancé par la justice américaine. Mais il a annoncé quatre jours plus tard sa démission, quelques heures à peine après de nouvelles accusations visant son bras droit, le Français Jérôme Valcke, secrétaire général de la Fifa.
La Fifa est 'malade'
Depuis, l'étau n'a cessé de se resserrer autour de lui, à mesure que sont apparues de nouvelles affaires de corruption au sein de l'organisation, dont les eurodéputés ont fustigé "la corruption systémique et abjecte".
L'instance dirigeante du football mondial a fait savoir mercredi que la date du congrès extraordinaire durant lequel sera élu le successeur de Blatter serait annoncée en juillet, à l'issue d'un comité exécutif.
Ce congrès électif doit se dérouler entre décembre 2015 et mars 2016, selon Domenico Scala, qui supervise la procédure électorale de la Fifa.
La Fifa "est malade et sa maladie est due à sa classe dirigeante actuelle", a lancé le député espagnol Santiago Fisas Ayxela, qui s'exprimait au nom du PPE (droite), lors du débat au Parlement.
Avec Blatter, "elle a perdu une tête", a estimé au nom des socialistes la députée allemande Petra Kammerevert, comparant l'organisation à l'Hydre à plusieurs têtes de la mythologie grecque. "Mais la question demeure de savoir comment cela va se poursuivre", a-t-elle ajouté.
Fifa sans voix
Le commissaire européen chargé du Sport, Tibor Navracsics, qui assistait aussi au débat, a lui estimé que, dans "dans sa forme actuelle", la Fifa "n'était plus en mesure de diriger le football international".
Dans sa résolution, le Parlement européen a aussi salué le rôle joué par "le journalisme d'investigation qui a fait naître de graves soupçons" sur l'ampleur de la corruption qui gangrène la direction du football mondial.
Il a appelé à la mise en place de "processus décisionnels ouverts, équilibrés et démocratiques" au sein de la Fifa.
Dans cette période très troublée, où les attaques se multiplient, la Fédération internationale a perdu son porte-parole, avec la démission du directeur de la communication Walter De Gregorio, qui était à la tribune lorsque Blatter a annoncé son départ le 2 juin.
C'est son adjoint, le Français Nicolas Maingot, à la Fifa depuis 2001, qui assurera désormais la fonction de directeur de la communication "par intérim".
M. De Gregorio interviendra comme "consultant jusqu'à la fin de cette année".