La tradition perdure au Champ-de-Mars. Le métier d'entraîneur se transmet de génération en génération. Incursion dans ce monde très particulier où le savoir-faire se transmet de père en fils ou d'oncle à neveu.
[dropcap]S[/dropcap]oon Gujadhur et ses fils Mukund et Gopal sont responsables de la plus vieille écurie du pays. « L’écurie Gujadhur, fondée en 1904, a été de tout temps une écurie familiale. Souvent elle a été dirigée par deux personnes. Tenez, mon père, feu Radhamohun, et feu Ton Mica ont tenu pendant un bon bout de temps notre écurie. Puis il y a eu les autres membres de la famille, moi-même et Binday, qui ont pris le relais. Maintenant les jeunes commencent à faire leur chemin. Je ne sais pas si on va appeler cela dynastie ou pas. Mais ce qui est sûr, l’écurie Gujadhur est une institution respectable », explique Ramapatee Gujadhur, plus connu comme Soon.
Feu Serge Henry a pris les rênes de l’écurie que dirigeait son père dans les années 50/60. Par la suite, c’est sa fille Nathalie qui a pris la relève. « Avant même qu’il ne meure, la santé de papa s’est fragilisée, due à des problèmes à la gorge. Donc j’étais à ses côtés, surtout lors des enquêtes et quand il faut s’adresser aux gens. Car sa voix se perdait graduellement », raconte celle qui ne jurait qu’au nom de son père. Par ailleurs, le fils de Serge Henry, Jean-Michel, un autodidacte, s’est mis à son propre compte, au temps même de « papa ».
« Normal que mes fils me succèdent »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"69549","attributes":{"class":"media-image wp-image-11214","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"200","height":"349","alt":"Shailesh Ramdin."}}]] Shailesh Ramdin.
Mahess Ramdin, pour sa part, déclare: « C’est assez normal que mes fils me succèdent à la tête de l’écurie. C’est comme dans une affaire, un business. Il y a toujours de grandes probabilités que les enfants du fondateur prennent la relève ». Shailesh et Shekar ont uni leurs forces pour tenir l’écurie qui, jusqu'à tout récemment, était connue comme Mahess Ramdin.
L’autre Ramdin, Chintranjan, plus connu comme Raj, aura-t-il un problème de succession ? « Le choix logique sera Santosh Ramdin. Il a beaucoup d’expérience, il a une bonne connaissance des chevaux, il gère déjà un centre privé, il a été mon assistant dans le passé et c’est un bosseur », explique l’entraîneur de Shield Of Thunder. Rameshwar Gujadhur, un vieux routier, qui sera officiellement succédé par son fils Subiraj à la tête de l’écurie, avoue : « Il faut au préalable avoir un bon frottement et il faut évoluer dans le giron pendant longtemps, et comme il est un …Gujadhur, c’est plus que naturel qu’il dirige mon écurie ».
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"69550","attributes":{"class":"media-image wp-image-11215","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"200","height":"349","alt":"Raj Ramdin."}}]] Raj Ramdin.
« Subu commande le respect et maîtrise bien le ‘day-to-day running’ d’une écurie », avise l’entraîneur de Polar Bound.
Si depuis plus de 100 ans, les Halbwachs se sont associés aux courses, il faut faire ressortir que tour à tour Raoul, Gaëtan et Jean Halbwachs ont agi comme Secrétaire Général du Mauritius Turf Club. Depuis presque 10 ans maintenant, Benoît Halbwachs, le fils de feu Jean, a pris le relais.
Par ailleurs, dans les années 70, Deanan Doyal exerçait comme jockey et a même remporté la Coupe d’Or sur Peace Parade en 1976. 10 ans après, son fils, Anil, s’est imposé avec Dambuster, toujours dans la même course classique.
La relève est assurée
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"69551","attributes":{"class":"media-image wp-image-11216 size-full","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"660","height":"330","alt":"Patrick Merven"}}]] L’état major de l’écurie Merven.
Sans être vraiment ‘vieux’, Patrick Merven n’a plus cet air jeune aux côtés de son fils, Camille. Ce dernier, qui a fait des études avancées à Summer Hill, nous a dit : « Je viens de réussir aux examens qui me permettent d’obtenir une licence d’assistant-entraîneur. Toutefois, rien n’est encore décidé, si je reste à Maurice ou pas ». Pour le père, « c’est normal qu’un jour Camille soit à la tête de mon écurie. Mais il est jeune et doit encore parfaire ses connaissances. Il est sur la bonne voie », ajoute le ‘trainer’ de Skippyjon Jones. Selon Yannick Perdrau, « depuis toujours, j’ai été aux côtés de mon père, Alain. Lui-même qui est dans le giron depuis 1980. J’ai pour ainsi dire grandi à l’écurie, maîtrisant bien des choses sur les chevaux. Naturellement, il me laissera les rênes un jour. Sauf qu’il ne faut pas bousculer les étapes ».
Ainsi, on peut avancer avec confiance que les aînés ont fait école. « Il faut se rendre à l’évidence que les courses deviennent de plus en plus compétitives. Les jeunes doivent apprendre à tenir et à soutenir la pression », ajoute Benoît Noël, un vétéran dans le giron.