
Les charges de « cheating » (tricherie) logées en cour de justice contre plusieurs jockeys n’ont pas tenu la route ces dernières années. Durant la semaine écoulée, pas moins de cinq cas ont été rayés. Il est très difficile d’établir la culpabilité d’un jockey en cour. Rappel.
[dropcap]I[/dropcap]l y a eu l’affaire Nishal Teeha, qui pilotait Mr Brock en 2008, celle de Gregorio Arena (Saziwayo en 2013) ou encore le cas de Cédric Ségeon (Triade of Fortune-2015). Toutes ces affaires n’ont pu être soutenues par la poursuite en Cour. Durant la semaine écoulée, cinq jockeys ont gagné leur procès dans l’affaire Zip It, qui date de 2013. Toutes les charges ont été rayées.
Me Arassen Kallee qui assurait la défense de plusieurs jockeys dans le cas Zip It, a fait ressortir devant le magistrat Ellaya que : « le fait de loger une charge de « cheating » après que mon client eut été jugé et condamné une première fois par un « domestic tribunal » - le board des commissaires du Mauritius Turf Club, n’est pas en conformité avec les lois du pays. Il y a « double jeopardy » au préjudice du plaignant ». Un argument qui a fait mouche.
Lorsque l’affaire Mr Brock avait été appelée devant la magistrate Adila Hamuth en cour correctionnelle, Ian Paterson était alors « Chief Stipe » au MTC. Le jockey Nishal Teeha a été blanchi pour deux raisons principales. D’abord il n’y avait pas suffisamment de preuves pour établir « beyond all reasonable doubts » qu’il a triché. Ensuite, il y a eu ce même argument selon lequel le jockey avait déjà été sanctionné une première fois par le MTC. Ian Paterson confie : « J’ai déjà expliqué à la Police que c’est difficile de soutenir une charge de ‘cheating’ devant une cour de justice. Le MTC a sanctionné le jockey en vertu des « Rules of Racing », après avoir visionné le film de la course. Pour établir une charge de «cheating», il faut des preuves ou encore un aveu de la part du coupable. »
Mardi, quatre jockeys ont été disculpés par la magistrate Manjula Bhojaruth, en cour de 3e division de Port-Louis Sud. Leur avocat, Me Neil Pillay, a également exploité le fait que la charge de tricherie est techniquement et physiquement insoutenable. « La police ne peut témoigner en cour, car elle n’est pas experte en matière de courses. De plus, le délai pour loger la charge a dépassé ce que la loi qualifie de « reasonable time », au préjudice des mes clients ». Ainsi, les Dinesh Sooful, Mayeven Chinapiel, Nishal Teeha et Reihaze Hoolash ont tous été disculpés dans l’affaire Zip It.
Dans le cas de Saziwayo, le cavalier Gregorio Arena a été aussi disculpé, toujours faute de preuves. Il était défendu par Me Yahia Nazroo.
Au bureau du Directeur des Poursuites Publiques, on se contente de l’explication suivante : « une affaire est logée selon les provisions de la loi. Or, la charge de « cheating » est la seule et la plus proche des charges retenues par les commissaires des courses. »