Depuis mardi, il préside aux destinées du Mauritius Turf Club. Doyen des Administrateurs, Alain Noël, 76 ans, compte gérer le Club avec son style et ses principes. Discipliné et méticuleux, il a horreur des « gens faux » et de l’incompétence.
[dropcap]F[/dropcap]ils cadet d’Hélène de Rosnay et de sir Claude Noël, Alain est issu d’une famille de sept enfants. Avec ses trois frères et autant de sœurs, le petit Alain a grandi sur la propriété sucrière de Savannah, où son père était administrateur. Sur le camp sucrier, son enfance se passe comme tous les gamins de son âge à l’époque. « Je suis né pendant la guerre de 1939, un 2 décembre. Petit, je jouais avec les amis sur la propriété. Mon temps libre consistait à faire du vélo ; pédaler des kilomètres pour aller cueillir des fruits et manger le cresson ou pour aller pêcher », confie le président du MTC.
À huit ans, il accompagnait la famille aux courses. Sir Claude Noël avait alors déjà remporté la Duchesse et le Barbé avec Norla, en 1944. « Je venais aux courses que lors des journées classiques. Cela a tout le temps été le cas, jusqu’à ce qu’un groupe d’amoureux de chevaux viennent me voir il y a six ans pour me convaincre de poser ma candidature comme Administrateur. Avant cela, j’avais toujours refusé. Mon épouse était également contre », relate-t-il.
Alain Noël entame la dernière année de son second mandat successif en tant qu’Adminis-trateur du MTC. En 2014, il réalise l’exploit, avec Donald Payen, de faire subir à l’ancien président Jean-Michel Giraud sa première défaite à une élection au Club.
Dans l’ombre de l’imposant Gilbert Merven, parti entre-temps, Alain Noël était pressenti pour la présidence en 2015, mais le poste est alors confié au lieutenant Jeenarain Soobagrah. Mais ce n’était que partie remise…
La gestion est justement son fort. À 29 ans, Alain Noël était l’un des plus jeunes cadres de l’industrie sucrière, lorsqu’il est nommé Manager de la propriété d’Union-Ducray. D’ailleurs, toute sa carrière professionnelle a été bâtie sur les propriétés sucrières. Il est passé par Savannah, Britannia, Mon-Trésor-Mon-Désert, Rose Belle Sugar Estate, avant de prendre sa retraite en 2001 à Deep River Beau Champ. « J’ai passé 36 années de ma vie dans l’industrie sucrière, dont 31 en tant que Manager », dit-il fièrement.
L’agriculture occupe une grande partie de la vie de cet homme. Après avoir appris l’alphabet à l’école maternelle d’Alice Bouchet, puis avoir été pensionnaire du Couvent de Lorette de Saint-Pierre et du Collège du Saint-Esprit, Alain Noël a fréquenté le Collège d’Agriculture. Par la suite, il a obtenu son BSc en Agriculture à l’université de Reading, en Angleterre.
La foi en Dieu…et en l’homme
« J’ai une grande foi en Dieu et je crois en l’homme. Il faut le mettre au centre de toute entreprise », souligne Alain Noël, comme pour expliquer son style de gestion. « Je crois beaucoup dans la formation. Je suis un adepte de la compétence et du travail bien fait », ajoute celui qui a siégé sur différents comités de la Chambre d’Agriculture et qui a également été président de la Tax Payer’s Association. L’une de ses grandes satisfactions est le rôle joué en tant que commissaire/médiateur pour mettre un terme à la grève de la faim des ex-planteurs de Riche-Terre, qui étaient opposés au projet Jin Fei en 2010.
À la retraite depuis 2001, il a, depuis, plus de temps à consacrer à ses loisirs et, surtout, à passer des moments avec ses petits-enfants. Il en a 10 actuellement. « Le temps que je passe avec eux est précieux », dit-il avec le sourire au coin des lèvres et les yeux illuminés. Ce qui le ramène au temps où ses enfants étaient encore petits : « J’étais ni papa sévère, ni papa gâteau. Mais il fallait respecter les règles. Par exemple, ils avaient droit à la télé le soir que de 19h30 à 19h35 pour regarder un programme particulier. Et puis ils partaient au lit ! »
Sinon, il passe son temps libre à la chasse « de la bonne chair » ou à jouer au bridge avec ses camarades du Dodo Club. Alain Noël a été président de ce club curepipien de 1988 à 1991, puis de 2002 à 2004. Au fait, il a le sport dans la peau. Il a pratiqué l’athlétisme au Collège du Saint-Esprit, excellant dans les épreuves de haies, de sauts et le cross-country.
D’autre part, il ne cache pas sa proximité avec les politiciens. « De par ma profession, j’ai été appelé à côtoyer les hommes politiques, de sir Seewoosagur Ramgoolam à sir Anerood Jugnauth, en passant par les nombreux ministres de l’Agriculture, tels Pravind Jugnauth et Arvin Boollel. Je suis apolitique, mais j’estime que c’est important de s’intéresser à la chose », fait ressortir Alain Noël.
Les membres du MTC espèrent justement que les relations de leur nouveau président avec les politiciens, plus particulièrement ceux au pouvoir, aideront à l’amélioration des relations avec l’État.
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Mieux connaître…
Nom : Alain Noël
Date de naissance : 2 décembre 1939
Situation de famille : Marié à Chantal Dupont de St Antoine, 3 enfants (Christophe, Claude et Pascale)
Études : Couvent de Lorette de Saint -Pierre (primaire), Collège du St Esprit (secondaire), Collège d’Agriculture, Université de Reading (Angleterre)
Parcours professionnel : Manager Union-Ducray, Savannah SE, Britannia SE, Mon-Trésor-Mon-Désert ; General Manager Rose Belle SE et Deep River Beau -Champ SE ; président de la Tax Payers Association ; comités (Chambre d’Agriculture, Food and Agricultural Research Council)
Décorations : Commander of the order of the British Empire (CBE), Grand Officer of the Star and Key of the Indian Ocean (GOSK)
Il aime…
Les romans qui évoquent la période des deux guerres mondiales
La chasse
La cuisine créole
Le vin
Le jazz d’Armstrong et les morceaux de Mozart et de Beethoven
Il a dit…
« J’aime qu’une relation soit sincère. J’aime le contact et je m’intéresse aux autres. Je trouve que c’est un signe de bonne santé. »
« Lorsque je me lève le matin, je lis l’Évangile et je fais de la méditation. Par la suite, je consacre une heure à faire de la culture physique. »
« Il m’arrive de piquer des colères ; d’être hors de moi. C’est lorsque je suis en face des gens faux et incompétents. Je déteste le travail mal fait. »
« L’industrie hippique a besoin de l’aide du gouvernement. Le MTC ne peut pas agir seul. Avec la création imminente de la Mauritius Horseracing Authority, nous allons développer davantage l’aspect commercial des courses. Il nous faut augmenter les ‘stakesmoney’, car le propriétaire doit aussi gagner sa vie, sans pour cela avoir à miser gros. Nous allons réussir avec la collaboration de tous les membres du MTC. »[/box]