Euro-2016 - La France, son rêve, ses défis, ses peurs

Vendredi 10 Juin 2016 Football , Football International , O commentaire 0 views
Le rideau de l'Euro-2016 se lève enfin, sur un spectacle incertain: la France affronte la Roumanie vendredi (22H00) au Stade de France en ouverture du 3e évènement sportif mondial, dans un pays secoué par la fronde sociale et plombé par les craintes d'attentat. Les fans de foot pourront-ils se rendre sans problèmes à Saint-Denis, aux portes de Paris, alors que les transports en commun ferroviaires sont perturbés par les grèves depuis 10 jours? Le Stade de France et ses 80.000 places sont devenus un enjeu du conflit social qui secoue le pays sur fond de contestation d'un projet de loi réformant le code du travail. Cette enceinte est un marqueur fort dans l'imaginaire collectif français. C'est sur cette pelouse que Zinédine Zidane souleva la Coupe du monde le soir du 12 juillet 1998. C'est sur ce terrain que l'équipe du sélectionneur Didier Deschamps se qualifia pour le Mondial-2014 au terme d'un barrage renversant contre l'Ukraine, le 19 novembre 2013, sur le score de 3-0, identique à celui de la finale de 1998. C'est aussi autour de ce stade que des kamikazes se firent exploser lors de la tragique soirée du 13 novembre 2015, où 130 personnes périrent principalement dans les attaques au coeur de Paris. C'est sur le podium du Stade de France que les fans de foot français espèrent voir Didier Deschamps brandir le trophée européen, comme il l'avait fait en 1998 comme joueur avec la Coupe du monde aux côtés de "Zizou". Mais avant de connaître l'identité du vainqueur le 10 juillet, la 15e édition du Championnat d'Europe des nations ne s'ouvre pas dans le climat de fête populaire espéré. La France vit des heures agitées sur le front social, qui renforcent à l'étranger sa réputation de pays éternellement en grève. Et sa capitale, Paris, n'a plus le même charme avec ses poubelles qui débordent, une des conséquences des multiples blocages dans le pays.

Acheminer les supporteurs

"L'Etat prendra toutes les mesures qui seront nécessaires" face aux grèves, a prévenu jeudi soir le président français François Hollande. Le Premier ministre Manuel Valls a ajouté qu'il n'excluait "aucune hypothèse" pour acheminer les supporters vers le Stade de France, alors que les conducteurs des RER --trains express régionaux-- qui le desservent seront massivement en grève. Le leader de la CGT, syndicat en pointe de la mobilisation contre la "loi travail", a lui lancé une formule d'apaisement: "Je ne suis pas sûr que bloquer les supporteurs soit la meilleure image que l'on puisse donner de la CGT". Qu'en sera-t-il vendredi et dans les jours qui suivent? Car les syndicats de pilotes de la compagnie Air France maintiennent la pression, avec leur grève toujours annoncée du 11 au 14 juin. Le 14 juin est également la date retenue pour une manifestation nationale contre la "loi travail". Ce jour-là, les matches de l'Euro seront Autriche-Hongrie à Bordeaux (sud-ouest) et Portugal-Islande à Saint-Etienne (centre-est). Le grand concert du DJ David Guetta à la veille du coup d'envoi de l'Euro a donné le ton en terme d'organisation, avec plus de 80.000 personnes massées au pied de la Tour Eiffel, dans une ambiance très festive après de longues minutes d'attente avant de pénétrer dans la fan zone.

L'ombre des attentats

Une belle pagaille dans les transports pendant l'Euro n'est pas le scénario catastrophe le plus redouté. La peur de l'attentat est présente dans toutes les discussions et désormais intégrée dans les smartphones avec une application "alerte attentat" lancée par le gouvernement. Les "cracks" de l'Euro, comme le triple Ballon d'Or Cristiano Ronaldo (Portugal), vont apprendre à cohabiter avec les forces de l'ordre déployées massivement pour leur protection. Sur le terrain, les "Euro-stars" tenteront d'oublier ce contexte anxiogène pour renouer avec leurs rêves de gloire. Les attentes placées sur les Bleus sont immenses. La génération actuelle incarnée par les Antoine Griezmann, Paul Pogba et Dimitri Payet soulève un élan qui s'était fait rare ces dernières années autour de la sélection française. A eux de faire fi du poids du passé, de la comparaison inévitable avec leurs aînés, que ce soit "Zizou" pour 1998, ou Michel Platini pour l'Euro-1984 remporté également à domicile. Au-delà du contexte sécuritaire et social, sur le plan sportif, les questions ne manquent pas non plus. L'Euro-2016 proposera-t-il des nouveaux classiques du football moderne, avec un France-Allemagne (championne du monde en titre) possible en demi-finale? Le refrain "campeones (champions), campeones!" retentira-t-il encore le 10 juillet pour célébrer à nouveau l'Espagne, double tenante du titre?

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