Le Chili est la nouvelle terreur du football sud-américain après son succès dans la Copa America 2016 dimanche: pour la deuxième année consécutive, il a donné une implacable leçon de réalisme à l'Argentine qui attend toujours son premier titre depuis 1993.
Les yeux rougis, il a pris du bout des doigts sa médaille et a vite quitté le terrain: pour Lionel Messi, cette soirée qui promettait tant dans la banlieue de New York, avait un cruel air de déjà-vu. Quelques minutes plus tard, le joueur annonçait qu'il mettait un terme à sa carrière en sélection.
En juillet dernier, il avait vécu une désillusion tout aussi cuisante, en finale de la Copa America 2015, déjà face au Chili.
Comme à Santiago, son Albiceleste a subi la loi du Chili, vainqueur de deux finales au scénario quasiment identique et décidée aux tirs au but.
Sauf que cette fois, le meilleur joueur de la planète qui avait été le seul joueur argentin à réussir son tir au but en 2015 (0-0 a.p., 4 tab à 1), a raté sa tentative et précipité la chute de son équipe (0-0 a.p., 4 tab à 2).
Le héros de la finale de la Copa du Centenaire n'est pas Messi, le quintuple Ballon d'Or qui collection les titres avec son club, le FC Barcelone, mais Francisco Silva, un milieu défensif qui évolue dans le club mexicain de Chiapas et qui a marqué le quatrième tir au but chilien, synonyme de deuxième titre de l'histoire du football chilien.
Deux exclusions en 1re période
C'est l'épilogue d'une finale décevante, intense mais sans génie, qui a consacré l'abnégation chilienne et confirmé la fragilité mentale argentine.
Impressionnante jusque-là avec ses 18 buts en cinq matches, l'Albiceleste a encore craqué.
Elle avait pourtant bien débuté sa troisième finale en trois ans, en comptant la finale du Mondial-2014 perdue en prolongation face à l'Allemagne (1-0).
Gonzalo Higuain s'était offert une occasion en or dès la 21e minute. Profitant d'un mauvais contrôle de Garry Medel, il se présentait seul devant Claudio Bravo, mais l'attaquant de Naples piquait trop son ballon et manquait de peu le cadre.
C'est alors qu'est entré en scène l'arbitre brésilien Heber Lopes, qui, à vouloir calmer les esprits passablement échauffés, a eu la gâchette un peu trop facile et a sorti cinq cartons jaunes et exclus deux joueurs, le Chilien Marcelo Diaz (28e) et l'Argentin Marcos Rojos (43e), en première période.
Messi, soumis au marquage agressif d'Arturo Vidal, n'a pas pu s'exprimer et s'est peu à peu étiolé à l'image de cette finale devenue terne en seconde période.
'Douleur immense'
Le Chili a ainsi attendu la 79e minute pour mettre en danger Sergio Romero par Eduardo Vargas, meilleur buteur de la compétition (6 buts), mais son tir n'inquiétait pas le portier de Manchester United.
En prolongation, la Roja pensait trouver l'ouverture (99e) sur une tête de Vargas, mais Romero veillait.
Dans la minute suivante, Bravo sauvait à son tour son équipe avec une spectaculaire parade sur une tête lobée de Javier Mascherano.
La séance de tirs au but a ensuite mal débuté pour le Chili, puisque Vidal a vu son tir stopper par Romero.
Mais Messi, premier tireur argentin, a complétement manqué sa tentative et l'a envoyé nettement au-dessus.
Il a été ensuite imité par Lucas Biglia, pendant que les Chiliens faisaient, eux, tous mouche pour prolonger les tourments de Messi et de l'Argentine qui a perdu sa septième finale depuis son dernier titre, la Copa America 1993.
Déjà critiqué avant ce tournoi par la légende Diego Maradona pour son manque de personnalité, Messi, lui, n'a pas fini de penser à cette nouvelle occasion manquée.
"C'est une douleur immense, ce qui compte dans une finale, c'est de la gagner", a résumé Gerardo Martino, le sélectionneur argentin, désemparé.