Actuellement assistant-entraîneur chez l’écurie Hurchund, Praveen Nagadoo a intégré le giron hippique il y a presque trente ans. Et ce choix avait comme fil conducteur sa passion pour le cheval. Une passion qui n’a pas pris une ride, malgré le fait que son parcours ait été marqué non seulement par des hauts mais aussi des bas.
Habitant Sainte-Croix depuis son jeune âge, Praveen Nagadoo s'est senti attiré par le monde des courses de chevaux lors de son adolescence. Faisant ses études secondaires au collège Eden de Port Louis, qui se trouve à côté du Champ-de-Mars, il se fit un devoir d’y faire un crochet, presque tous les matins, afin de suivre le training matinal. Les stars locales, à cette époque, se nommaient Anil Doyal et Belal Wachill. À travers les journaux et la télé, il a commencé à s’y intéresser de plus en plus alors que les mois passaient.
En 1988, alors qu’il n’a que 16 ans, ce qui devait arriver arriva. Le Mauritius Turf Club était à la recherche de nouveaux apprentis jockeys. « De par ma taille et mon poids, je me suis dit pourquoi pas moi ? Et, sans hésiter, j’ai postulé. Après une série de trois tests et d’entrevues, j’ai été sélectionné », confie Praveen Nagadoo. En compagnie de Vinay Naiko, Jean-Roland Boutanive et Navin, son frère aîné, il a effectué ses premiers pas au Centre Hippique, à Floréal, sous la houlette d’un l’instructeur, Lionel Favier. Pendant les trois premiers mois, c’était le travail de palefrenier qu’il effectuait avant de se mettre en selle pour faire marcher, puis trotter les chevaux. Un an et demi après, il est monté en grade. Et, le premier cheval qu’il a travaillé, vite, à l’entraînement c’était Sky Diver.
Praveen Nagadoo a obtenu sa première monte en course en 1990. Coalbrook, qu’il pilotait, est sorti dernier, mais il ne s'est pas découragé pour autant.
French Clown, sa première victoire
Attaché à l’écurie Perdrau, il a remporté sa première victoire, comme apprenti, avec French Clown. Puis s’est ajouté Shock Away. Et Praveen est parvenu même à remporter cinq premières courses, consécutivement réservées aux apprentis. Ce qui allait pousser le MTC à le faire partir suivre un stage de six mois à l’Académie des jockeys, à Durban, en compagnie de Vinay Naiko en 1992. Son amour pour le cheval grandissait encore plus et il voulait gravir les échelons.
À son retour au pays, Praveen Nagadoo s'est senti pousser des ailes. Il a gagné, d’entrée, avec Good Dart de l’écurie Serge Henry et s’est octroyé le titre d’apprenti champion fin 93. Ce qui a poussé l’écurie Gujadhur à l’engager comme jockey attitré lors de la saison suivante.
Cette année 1994, Praveen Nagadoo n’est pas prêt de l’oublier. Fort de son contrat avec l’écurie Gujadhur, il a remporté le Barbé et la Coupe d’Or avec Bold Statement. Mais il a raté d’un cheveu le titre de jockey champion. Lors de l’avant-dernière journée, Crystal March est rétrogradé. Et il a terminé la saison avec 21 victoires, une de moins que l’illustre Tobie Van Booma. Mais Praveen Nagadoo se contenta d’un titre de jockey champion chez les locaux.
En 1995, premier coup d’arrêt pour lui avec une chute en début de saison sur King Classic. Le résultat était une vilaine fracture de la clavicule. Éloigné de la compétition durant quelques mois, son retour était moins fructueux. La confiance n’y etait plus. Ce qui allait amener sa séparation avec les Gujies en 1996.
Le graal avec River Run dans le Maiden
Une malchance qui allait quand même lui permettre de connaître le graal d’un succès dans la Maiden Cup avec la doublure de Luc-André Gallet, River Run. Ce dernier a dominé son compagnon d’écurie, Find The Flame, mais surtout un certain Le Turbo, chouchou des turfistes.
Praveen Nagadoo allait, néanmoins, devoir raccrocher les bottes en 1999 après de multiples dislocations d’une épaule à l’entraînement comme en course. Forever England a été sa dernière monte en compétition. Mais sa carrière allait prendre une autre tournure. Après avoir donné un coup de main à l’écurie Fok, à Floréal, il est réuni à nouveau avec l’écurie Gujadhur comme Stable Supervisor. « J’aime trop les chevaux et les courses. Bud Gujadhur, Guy Fok et la famille Gujadhur m’ont donné la chance de rester dans ce domaine et y travailler. J’ai connu de grands moments avec The Cardinal, puis Have Mercy, double vainqueur du Ruban Bleu. Avec l’écurie Gujadhur, j’ai connu l’ivresse d’être champion. Aussi bien que plusieurs courses classiques remportées par Il Saggiatore, Tandragee et Vettel. »
Après avoir donné un coup de main à Jean Michel Henry, Praveen Nagadoo a pris part et a réussi ses examens d’entraîneur en 2016. Et, depuis le début de cette saison, il est l’assistant de Shyam Hurchund. La prochaine étape sera d’avoir sa propre écurie. Histoire de garder, allumée, la bougie de cette passion hippique. Du reste, une demande a officiellement été faite au MTC. « Ce sera une écurie familiale. Avec mon frère, Navin, et nos enfants, on a déjà mis en place un plan d’action. On a déjà acheté deux chevaux, Twist of Fate et Bravo Boy. Nous avons des visées sur quatre autres. Dès que notre demande est avalisée, on va mettre les bouchées doubles », devait conclure Praveen Nagadoo.
Noel Callow, le meilleur
Durant sa longue carrière comme jockey mais aussi comme Stable Supervisor depuis quelques années, Praveen Nagadoo a côtoyé beaucoup de fines cravaches comme Jeff Lloyd, Glen Hatt pour ne citer que ceux-là, mais celui qui l’a le plus marqué reste Noel Callow. « Noel Callow est vraiment spécial. » Une phrase qui veut tout dire.
Chez les entraîneurs qu’il a côtoyés, Praveen Nagadoo pense qu’Alain Perdrau a un don inné alors que Bud Gujadhur est vraiment le magicien qu’on lui dit être. Mais ses plus beaux moments, à ce jour, ont été vécus avec feu Ton Mica, Shyam, Ladou et Soon Gujadhur. Alors que, pour lui, le plus brillant des Mauriciens n’est nul autre que Karis Teetan. « Karis est doué. Je me rappelle encore de sa victoire avec Eskimo Roll. Et ce qu’il fait actuellement à Hong Kong ne me surprend pas. »