Comment devenir apprenti-jockey ? Si à Maurice c’est vraiment impossible de trouver un apprentissage digne de ce nom, ceux qui rêvent de suivre les traces des Praveen Nagadoo, Ravi Rawa, Rai Joorawon et autres Jean-Roland Boutanive n’ont pas d’autre choix que de se tourner vers l’étranger.
C’est ainsi qu’on a, aujourd’hui, des jockeys comme Nooresh Juglall et Karis Teetan. Tous deux sont passés par la SAJA (South Africa Jockey Academy). C’est la meilleure voie à suivre. Il existe, certes, le australian way, mais ceux qui l’ont essayé ont vite rebroussé chemin.
C’est un métier dur car, au début, on commence avec les tâches basiques. Celles que font généralement un palefrenier. Et les conditions, par rapport au poids et à la taille, posent souvent des problèmes. Car, derrière, il existe un régime alimentaire exigeant. Être apprenti-jockey, c’est apprendre les éléments rudimentaires sur le cheval. Comment l’approcher, le décortiquer, le cajoler, l’amadouer, mais aussi comment le préparer pour la compétition. C’est une relation homme-animal qu’il s’agit de construire. Certains réussissent, d’autres non, car il y a un degré de patience, mais aussi de talent. Entre rêve et réalité…il existe tout un chemin. Et, ici, certains, après avoir monté à la plage ou dans quelques centres, se croient déjà jockeys. Non, il faut vraiment plus que cela.
La South Africa Jockeys Academy (SAJA) en bref
L’Académie de jockeys en Afrique du Sud est régie par des règles en or. Très à cheval sur une formation de non seulement de jockey, il y a aussi l’aspect éducatif qui entre en jeu car, n’oublions pas, ceux qui veulent faire carrière dans ce métier, quittent l’école bien souvent dès leur plus jeune âge. Entre les leçons de théorie et celles de monter à cheval, les apprentis-jockeys vont en classe. Pour être diplômé comme jockey, il faut compléter et réussir non seulement les examens ayant trait au métier, mais aussi les disciplines académiques, comme l’anglais, les mathématiques, l‘Equine Studies ou le Stable Management. Vivre en communauté, apprendre à avoir un comportement digne de ce nom et l’entraide.
À Durban, lors d’une visite il y a quelques années, on a pu voir, de visu, l’étendue de terres à la disposition des tuteurs que sont Rys Van Wyk et Lawrence O’Donoghue, deux vieilles connaissances du turf mauricien.
Ces derniers ne s’attèlent non seulement à transmettre leurs vastes connaissances et expériences, mais corrigent les erreurs des apprentis-jockeys sur les chevaux mécaniques, un outil de base et essentiel pour la progression de ces jeunes.
Parlons chiffres
Le coût pour suivre un apprentissage à la SAJA reste énorme et quand on sait que cela prend cinq ans pour apprendre comme il se doit ce métier, beaucoup sont ceux qui l’écourtent. Car, beaucoup n’ont pas le million de roupies qu’il faut pour les billets d’avion, les frais d’études, le transport, le logement et les équipements.
Pour y accéder il faut avoir au moins 15 ans. L’âge maximum est de 20 ans. Le poids requis se trouve être entre 34 et 38 kilos et la taille varie entre 1m40 et 1m50.
Et pour être reconnu comme jockey professionnel, il faut avoir remporté soixante courses durant l’apprentissage obligatoire de cinq ans.
Karis Teetan, l’exemple à suivre
C’est à l’âge de 14 ans que Karis Teetan a débuté son apprentissage à la SAJA (South Africa Jockey Academy) en 2004 en compagnie de Roby Bheekary après avoir été sélectionné par le biais du MTC et de Patrick Salvage, ancien principal de l’Académie. Il obtient sa première monte en 2005, et il remporte aussi sa première victoire avec Step with Style pour l’entraîneur Paul Lafferty à Scottsville cette même année.
Il gagne la confiance de plusieurs entraîneurs et il complète son apprentissage avec 147 victoires à son actif en 2009. Il obtient ensuite un contrat avec l’entraîneur Glen Kotzen, en 2010. Karis Teetan se fait un nom et il remporte des courses de Grades 1 et 2 aussi. Son association avec Jackson à Kenilworth fait la Une des journaux très souvent. Sa carrière prend un nouveau tournant en 2013 quand il est accepté par le Hong-Kong Jockey Club.
Il écume depuis les pistes de Sha Tin et Happy Valley. Le rêve de tout jockey dans le monde. Le graal des graals. Surnommé le Mauritian Magician, il fait actuellement partie, avec Joao Moreira, des meilleurs jockeys à Hong-Kong, où il a remporté 166 victoires en quatre ans.