Comme on se retrouve... L'Angleterre, championne du monde 1966, a été battue par la Croatie, renversante et héroïque, mercredi en demi-finale du Mondial-2018 (2-1 a.p.), et adversaire de la France dimanche en finale 20 ans après une demie d'anthologie entre les deux pays.
Lilian Thuram ne sera plus là pour marquer un doublé sorti de nulle part mais les Français, qui disputeront dimanche leur troisième finale mondiale en 20 ans (une gagnée en 1998, une perdue en 2006), partiront quand même avec l'étiquette de favori... D'autant plus qu'ils ont eu un jour de récupération en plus et 30 minutes de jeu en moins lors de leur victoire 1-0 contre la Belgique mardi. Au total, les Croates ont disputé trois prolongations en 8e, quart et demi-finale, soit l'équivalent d'un match supplémentaire en dix jours.
Mais, emmenés par leur formidable capitaine Luka Modric et qualifiés grâce à des buts d'Ivan Perisic (68e) et Mario Mandzukic (109e), ils promettent de vendre chèrement leur peau. L'Angleterre, qui avait ouvert le score par Kieran Trippier sur coup franc (5e), l'a appris à ses dépens.
Croates émoussés
Même émoussés physiquement par des prolongations en huitièmes contre le Danemark puis en quarts contre le pays hôte russe, avec supplément tirs au but dans les deux cas, les "Vatreni" n'ont jamais baissé les bras, géré au mieux temps forts et temps faibles... Et surpris les Anglais qui se voyaient peut-être un peu tôt déjà qualifiés pour la deuxième finale de leur histoire, après celle gagnée à domicile en 1966.
Il faut dire que ces derniers avaient parfaitement débuté la rencontre: jolie roulette de Jesse Lingard, passe dans le bon tempo pour Dele Alli et le capitaine croate Luka Modric qui fait faute à l'entrée de sa surface. Cinq minutes de jeu, coup franc direct de Kieran Trippier, but.
Les Croates on mis un gros quart d'heure à s'en remettre. Modric et ses troupes semblaient alors un peu en dedans physiquement, ratant quelques gestes a priori à leur portée.
Mais pendant que Jesse Lingard manquait le cadre sur un caviar d'Harry Kane (35e) et que ce dernier perdait son face-à-face avec Danijel Subasic avant d'être signalé hors-jeu (30e), l'expérience de la Croatie, deux ans plus âgée en moyenne que son adversaire mercredi, a fini par faire son oeuvre. Et le physique est revenu.
Menaçants en fin de première période, les Croates ont confié leur sort à quelques individualités: c'est ainsi qu'Ivan Perisic a jailli devant Walker pour expédier acrobatiquement un centre de Sime Vrsaljko dans le but anglais (68e).
Vrsaljko sur sa ligne
Le même Perisic a trouvé le poteau quatre minutes plus tard, pendant que l'arrière-garde anglaise était en pleine panique et avant que le vieux grognard, Mario Mandzukic, qui venait de perdre deux duels devant Pickford (83e, 105e), ne libère les spectateurs croates sur une déviation de la tête d'Ivan Perisic (109e).
Entre temps, le latéral Vrsaljko qui était sorti sur blessure face à la Russie et était un temps incertain, avait trouvé le moyen de repousser de la tête et sur sa ligne une tête superbe du défenseur de Manchester City, John Stones (99e).
Si la défaite des Anglais est aussi cruelle que porteuse d'espoirs, les Croates ont amplement mérité cette première finale de leur histoire.
En 1998, la génération Davor Suker, actuel président de la fédération croate, avait terminé à la troisième place de la Coupe du monde 1998 après une défaite 2-1 en demie contre la France.
Aller un cran plus loin est déjà une consécration pour la génération de Luka Modric, plus que jamais prétendant à un premier Ballon d'Or. Mais la Croatie visera sans doute encore un cran plus haut, dimanche dans le même stade Loujniki de Moscou. En souvenir de Lilian Thuram et de cette cruelle défaite en demi-finale...