
Lines Of Power et Philippe Henry ne sont plus seuls au monde. 29 ans après, Enaad et l’entraîneur Ramapatee Gujadhur rééditent l’exploit de remporter le Ruban bleu deux années de suite. Le Néozélandais Daniel Stackhouse a mené le favori à bon port dimanche.
Le but paraissait si loin dans les ultimes foulées. Daniel Stackhouse se démenait comme le diable dans un bénitier sur Enaad. Son compagnon d’écurie The Great One filait droit vers la victoire sous la selle de Swapneel Rama. Mais la classe d’Enaad l’a transporté dans les 50 derniers mètres. Et l’élève de Soon Gujadhur est venu à temps pour remporter The Air Mauritius Maiden Cup pour la deuxième année consécutive.
Il faut remonter à 1989 pour vivre pareil exploit. À l’époque, un certain Lines Of Power, qui avait Philippe Henry pour entraîneur, avait imposé sa loi, d’abord en 1988 sous la selle du Français Claude Merger en 1988, puis celle du Sud-Africain Paul Whitmore dans l’édition suivante. Depuis, 26 chevaux se sont essayés et se sont cassés les dents. Have Mercy a bien réussi le doublé, mais cet élève de Budheswar Gujadhur l’a fait en trois saisons (2003 et 2005), à chaque fois piloté par le Mauricien Samraj Mahadia.
Dimanche, Enaad était offert au pair (1-1) avant la course. C’est dire que la confiance était de mise dans le public, malgré la mise en garde de l’entraîneur, qui avait identifié The Great One comme un adversaire sérieux. Et son autre élève lui a donné raison, car il aurait pu priver Enaad de l’histoire. Car dès le départ Swapneel Rama a pris les choses en main et s’est assuré que le rythme soit régulier, ou juste ce qu’il faut pour que sa monture tienne les 2400 m.
Objectif triplé
Du gaz, le meneur en avait à revendre. Et lorsqu’il a repoussé la timide attaque de Dawn Raid à l’entrée de la dernière ligne droite, il a donné l’impression de vouloir repartir. Pendant ce temps, Daniel Stackhouse avait entamé sa course poursuite depuis la rue du Gouvernement. Contrairement à l’an dernier, le produit de High Chaparral n’a pas terminé comme le couteau dans du beurre. Mais sa classe lui a donné des ailes.
En effet, au fur et à mesure que The Great One se rapprochait de la victoire, Enaad grignotait également du terrain à vue d’oeil. Même le commentateur à la télé était désespéré : « Enaad n’arrivera pas », lâche-t-il. C’est précisément ce moment que choisit ce sujet de classe pour sortir une autre accélération et foncer à vive allure sur The Great One pour le rattraper dans les ultimes foulées et forcer la décision.
Comme en 2017, Enaad le coursier australien remporte la plus grande course classique de l’île avec un jockey de ce pays en selle. Steven Arnold en 2017, Daniel Stackhouse en 2018, et qui aura-t-il sur le dos en 2019 ? Car son entraîneur a lâché le scoop en direct à la télévision : il viendra peut-être tenter la passe de trois l’an prochain. Cet exploit-là, personne ne l’a encore réalisé.
Tahara Maid : un doublé d’une autre époque
Le premier cheval à avoir gagné le Maiden deux fois de suite était… une jument. Tahara Maid avait réussi cet exploit en 1905 et 1906, dans un contexte complètement différent. À l’époque, la course du Maiden était réservée aux coursiers n’ayant pas encore gagné au Champ-de-Mars. Une autorisation spéciale avait été accordée à la jument réunionnaise un an plus tard, et elle avait participé hors-concours.