
L’incident survenu au Champ-de-Mars samedi dernier à la rue Shakespeare et qui impliquent Dinesh Sooful et Brandon Louis remet au goût du jour l’éternel débat sur les conditions de travail des apprentis et jockeys. Touchent-ils suffisamment d’argent ?
Ils sont indispensables pour le bon fonctionnement de l’industrie hippique. Les jockeys mauriciens sont au four et au moulin, que ce soit sur l’hippodrome du Champ-de-Mars, au Centre Guy Desmarais, à Floréal, ou dans les centres privés. Ils ne sont toutefois pas logés à la même enseigne que leurs homologues étrangers. Donc plus influençables dans certains cas.
Praveen Nagadoo, ancien jockey reconverti en entraîneur, est bien placé pour savoir que la vie d’un cavalier mauricien est faite de hauts et de bas. Lorsqu’il a chaussé les étriers à la fin des années 80, les maître-mots étaient rigueur et discipline. « Dans les années 1990, un jockey local qui avait des montes régulièrement en courses et à l’entraînement pouvait toucher entre Rs 15,000 à Rs 25,000. C’était une somme amplement suffisante si vous ne faisiez pas de folies. À présent, un jockey qui est attaché à une écurie perçoit une paie qui varie entre Rs 40, 000 et Rs 50,000. Un chiffre tout à fait raisonnable par les temps qui courent, mais qui n’est pas comparable au salaire des jockeys étrangers », concède-t-il.
Ramapatee Gujadhur, entraîneur de la plus vieille écurie du turf, a dans le passé engagé les Mauriciens Yashin Emamdee et Jeanot Bardottier. Aucun des deux n’a pu honorer le contrat qui le liait avec l’établissement jusqu’à la fin de la saison. « Dans le giron hippique, vous devez pouvoir faire confiance à votre jockey pour ‘deliver the goods’. Nous avons quelques bons éléments à Maurice, mais ce n’est pas évident pour eux de garder la tête sur les épaules lorsque la pression se fait sentir. Je concède que Jeanot Bardottier a été d’un apport non-négligeable dans le sacre de l’écurie en 2015, mais il commettait trop d’interférences en course. Quant à notre association avec Yashin Emamdee, je préfère ne pas faire de commentaire », explique-t-il. Et d’ajouter : « Peu importe le métier que vous exercez, les risques de se faire corrompre sont réels. Mais l’éthique professionnel est de mise. À la fin de chaque journée de travail, vous devez pouvoir être en paix avec vous-même. Si les jockeys mauriciens adoptent une attitude sans reproche, il est clair que les entraîneurs leur accorderont leur confiance et ils n’en seront que mieux lotis. »
Danger réel
À l’heure actuelle, force est de constater que les jockeys mauriciens sont peu nombreux à être attachés à un yard en particulier. Ils sont pour la plupart des jockeys en freelance, comme c’est le cas pour le Rehaze Hoolash. En 10 ans de carrière au Champ-de-Mars, il compte 46 victoires. Bien que les montes se fassent rares, il reste toujours très régulier à l’entraînement, et ne se laisse pas influencer. « Depuis plus d’une décennie je me consacre au course en tant que jockey. J’ai connu des bons moments mais aussi un passage à vide de deux ans. En tant que jockey vous pouvez être la cible de personnes qui souhaitent vous corrompre. Bien que ce soit dur de joindre les deux bouts, il ne faut pas se laisser tenter car vous pouvez mettre votre emploi ainsi que votre vie en danger. » Et de conclure : « C’est chagrinant de voir un jeune apprenti-jockey comme Brandon Louis, qui fait actuellement très bien, se faire menacer dû à une affaire de prêt qui remonte à deux ans, à une époque où il avait des difficultés à percer dans le giron. »
Des milliards de roupies transitent dans le circuit hippique mauricien chaque année. Les tentations pour se faire beaucoup d’argent et vite sont là. Aux jockeys de savoir discerner le bien du mal et d’avoir un comportement exemplaire.
Ce qu'ils touchent
Les jockeys mauriciens perçoivent un salaire qui est composé de « trackwork fees », et de « riding fees ». Si leurs chevaux terminent dans les quatre premiers, ils reçoivent 4.5% du stakemoney (Ndlr, les prix prévus pour chaque course).
Renseignements pris auprès de jockeys locaux, ces derniers perçoivent Rs 120 pour chaque monte à l’entraînement, et Rs 2500 par cheval piloté en course.
Nos tentatives d’avoir des chiffres officiels du Mauritius Turf Club, jeudi et vendredi, se sont avérées vaines. Malheureusement.
MTC : le futur CEO déjà sur place
Le Mauritius Turf Club (MTC) a déniché l’oiseau rare pour le poste de Chief Executive Officer (CEO). Le candidat choisi est un Sud-Africain, qui a fait une courte carrière au sein de Phumelela Gaming and Leisure Limited, un opérateur de paris et de courses en Afrique du Sud. Il a ensuite été à la tête de plusieurs entreprises. Il est actuellement à Maurice pour compléter les démarches administratives dans le but d’obtenir tous les permis requis avant qu’il ne soit embaucher par le MTC.
L’organisateur des courses a accéléré les démarches pour son recrutement car le contrat du General Manager par intérim, Benoit Halbwachs, arrive bientôt à terme.