Depuis son succès dans la COSAFA des moins de 20 ans en 2005, la Grande île s’était fixée pour objectif de se qualifier pour la phase finale de la plus grande compétition de football du continent. Objectif atteint en début de semaine.
Ils l’ont fait 44 ans après Maurice. Madagascar est devenu, mardi, le deuxième pays de l’océan Indien à se qualifier pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019, qui aura lieu au Cameroun du 15 juin au 13 juillet.
Après Maurice, sous la houlette de feu Mamad Elahee en 1974, le sélectionneur de la Grande-île, Nicolas Dupuis, a réussi l’exploit à deux journées de la fin des éliminatoires. Le Français a misé sur l’apport de ses expatriés, forts de leurs expériences en Europe. En effet, dix des onze titulaires lors du match face à la Guinée Équatoriale évoluent à l’étranger. Mais tout a commencé avec la victoire en COSAFA des moins de 20 ans en 2005.
Ahmad Ahmad, Malgache et président de la Confédération africaine de football (CAF), confie que cette qualification est l’aboutissement d’un projet mis en place depuis plusieurs années. « Cette génération a été prise en main depuis leur plus jeune âge. Le déclic a été leur succès lors de la COSAFA des moins de 20 ans en 2005. Le sélectionneur français a su trouver les bons joueurs malgaches et d’origine malgache qui jouent à l’étranger», souligne-t-il.
À Maurice, l’exploit a également fait le bonheur des Malgaches qui sont des acteurs du championnat local. À l’image de l’entraîneur Fidy Rasoanaivo, qui a cru en la qualification des siens depuis le premier match. « C’est un très bon groupe. Le sélectionneur a su trouver la bonne formule. J’ai cru en la qualification après la victoire face au Soudan (3-1) lors du premier match de groupe, car les joueurs ont démontré de l’envie », déclare l’ancien défenseur du Sunrise SC.
Francis Rasolofonirina, naturalisé mauricien et joueur du Club M, souhaite à ses compatriotes d’origine de ne pas s’arrêter en si bon chemin. «Ils méritent cette qualification. Je n’oublie pas mon pays de cœur. Je suis content pour la sélection et je les félicite. Je souhaite à présent qu’ils aillent loin dans la phase finale au Cameroun », souligne l’élément du Cercle de Joachim.
L’ancien buteur de l’ex-Fire Brigade, Bruno Randrianarivony, est, lui,convaincu que les supporters malgaches ont contribué à leur façon à cette qualification.
« Je les suis depuis le début de la phase éliminatoire. C’est une qualification méritée. J’ai énormément apprécié le soutien de mes compatriotes malgaches. Ils ont joué à merveille le rôle de douzième homme à domicile, comme en témoigne le dernier match des éliminatoires, où le stade était rempli », fait ressortir l’ancien attaquant des Rouge et Noir.
Le 12e homme déterminant
Dans le groupe A de la phase éliminatoire en compagne du Sénégal, du Soudan et de la Guinée Équatoriale, les Malgaches sont toujours invaincus en quatre rencontres: trois victoires et un match nul. Le double succès face à la Guinée Équatoriale a pesé lourd dans la balance. Après avoir remporté le match aller à l’extérieur (1-0), les Barea ont remis cela à domicile mardi en s’imposant sur le même score, grâce à un but de Njiva Rakotoharimalala sur penalty en première période. Un succès synonyme de qualification, qui a créé l’euphorie au stade Vontovorana, plein à craquer, et dans toute l’île.
Cette qualification malgache restera longtemps dans les annales. Une nation du football qui fait petit à petit son bonhomme de chemin et qui se pose comme une sélection redoutable sur le continent africain. Une qualification amplement méritée. Bravo Madagascar !
Ackbar Patel : «Un exemple à suivre»
L’ancien sélectionneur du Club M souligne que l’apport des expatriés est la clé de la qualification malgache. Ce dernier espère que Maurice adoptera cette philosophie pour devenir également une équipe compétitive à l’avenir. «Madagascar possède des joueurs très talentueux. C’est une équipe très expérimentée, qui joue dans des championnats compétitifs à l’étranger. C’est la formule gagnante. Je suis d’avis que Maurice doit suivre cette philosophie, car Madagascar est un exemple à suivre. Nous devrions investir dans la formation et exporter nos joueurs à l’étranger pour hausser le niveau. Ils doivent pouvoir déboucher dans des championnats à l’extérieur pour ainsi devenir des ‘role models’ pour les jeunes. Je prends l’exemple de Dimitri Payet, qui en est un pour les Réunionnais », dit-il.
Pas la même équipe aux Jeux des îles
Madagascar ne pourra pas compter sur les mêmes joueurs qui ont obtenu la qualification à la CAN pour les Jeux des îles de l’océan Indien l’an prochain. Évoluant dans des championnats étrangers, ils ne sont pas éligibles à participer au rendez-vous indianocéanique. L’article 7 de la Charte des Jeux fait mention que tout concurrent doit « avoir la nationalité de l’île et avoir été licencié dans l’île au moins douze mois ». 10 des 11 titulaires évoluent en dehors de la Grande-île.
Les joueurs malgaches victimes d’une agression
Quelques heures après la première qualification de Madagascar pour une phase finale de la CAN, plusieurs internationaux ont connu une grosse frayeur mardi soir, en quittant le stade de Vontovorana, à une vingtaine de kilomètres de la capitale, Antananarivo. Certaines voitures, où avaient pris place des joueurs et leurs proches, ont été bloquées dans une manifestation d'élèves de l'école polytechnique, qui protestaient contre des coupures d'électricité. Des projectiles ont été lancés sur les véhicules. Seule l'intervention du capitaine Faneva Andriatsima, présent dans le cortège, qui a permis de calmer les esprits. Aucun joueur n'a été blessé, mais deux policiers ont été touchés et conduits à l'hôpital.