Shirish Narang triomphe après deux enquêtes et deux comités d’appel depuis 2016.

Appel dans le cas de dopage de Gameloft : Narang échappe à une nouvelle enquête

By Jean-Hugues Olivier Dimanche 27 janvier 2019 Défi Turf O commentaire 0 views

Le comité d’appel du Mauritius Turf Club a opté mercredi pour l’annulation de la disqualification de 12 mois de l’entraîneur Shirish Narang, dont le coursier avait été testé positif à l’EPO, un produit dopant, en 2016.

Une victoire est une victoire. Shirish Narang peut pousser un ouf de soulagement. Et surtout préparer la saison 2019 avec sérénité. L’épée de Damoclès qui était suspendue sur sa tête avec une interdiction d’opérer pendant une année a été enlevée par le comité d’appel du MTC cette semaine. L’instance présidée par Patrice Doger de Spéville explique dans sa conclusion qu’elle se serait prononcée pour une enquête de novo en temps normal. Mais vu que cette affaire dure depuis 2016, et que les motifs d’appel 4, 5, 6 et 8, avancés par les avocats du plaignant, ont été retenus, le comité a décidé de renverser la décision prise par les commissaires de courses le 31 juillet 2017.

28 ‘grounds of appeal’ avaient été logés par Mes Gavin Glover et Yahia Nazroo. Quatre ont été retenus par le comité De Spéville, dont trois avaient trait à une perception de partialité (‘Likelihood perception of bias’). L’autre point pertinent qui a convaincu le board d’appel concerne les procédures liées à la prise de sang du coursier Gameloft le 19 octobre 2016.

Shirish Narang contestait une sanction que lui avait été infligée lors d’une seconde enquête (de novo) dans cette affaire. Ce sont principalement les agissements du Chief Stipe de cette nouvelle investigation, nommément John Zucal, qui ont poussé le comité d’appel à conclure qu’il y a effectivement un « likelihood perception of bias ». L’Australien avait avoué qu’il a eu accès aux documents relatifs à la première enquête (Voir encadré « Historique »), et qu’il a discuté avec les témoins Nawaz Rawat, responsable de la sécurité au MTC, et Bertrand Baudot, Managing Director du laboratoire Quantilab, avant de procéder à l’examen qui a mené à la disqualification d’un an de l’entraîneur.

Mauvaises procédures

En ce qui concerne la prise de sang du coursier Gameloft, le comité s’attarde sur les procédures en s’appuyant sur les ‘Rules of Racing’ 191 et 192 du MTC. Il s’avère que le vétérinaire Vicky Ruhee était parfaitement autorisé à collecter le sang de Gameloft, en accord avec la règle 191. En revanche, l’apposition de scellés sur les tubes et la signature de la « collection card » ne pouvaient se faire qu’en présence de l’Analyst Specimen Collector du MTC, selon la règle 192. Cette dernière fonction était assurée par Vicek Seeburnah, qui n’avait reçu aucune formation pour agir en tant que tel. D’autant que la personne concernée n’était pas en mesure de dire au comité d’appel qui était le Club Analyst lors de la prise de sang. Vivek Seeburnah a expliqué qu’il a laissé les échantillons dans son bureau, lequel se trouve à côté de celui du responsable du centre de Floréal, Kamal Bissembhur. Seeburnah n’a pu dire non plus où précisément se trouvait Bissembhur au moment de l’exercice concernant Gameloft.

Shirish Narang est actuellement absent du pays. Dans une brève déclaration sur les réseaux sociaux, il a logiquement manifesté sa joie suite à la décision prise par le comité d’appel : « Je suis très heureux. J’en dirai plus à mon retour ».


L’entraîneur responsable qu’il soit au pays ou pas

Les motifs d’appel 10 et 11 des avocats de l’entraîneur Shirish Narang font état de son absence au pays au moment où toute l’affaire Gameloft a éclaté. C’est Naresh Gujadhur qui était responsable de la gestion de l’écurie en tant qu’entraîneur temporaire pour une durée de trois jours. De même, Rajesh Seegoolam assumait alors le rôle de Stable Supervisor. Le comité d’appel a conclu qu’il n’y aucune provision dans les ‘Rules of Racing’ qui absout l’entraîneur de ses responsabilités, même s’il a nommé un ‘Temporary Trainer’ en son absence.


Historique : une bataille de deux ans

L’affaire Gameloft éclate le 20 octobre 2016, lorsque les analyses du laboratoire QuantiLab indiquent la présence d’une substance illicite, soit le ‘Human Recombinant Erythropoietin’, communément appelée EPO, dans le métabolisme de Gameloft. Une prise de sang avait été effectuée la veille sur le coursier entraîné par Shirish Narang, lors d’un contrôle inopiné au Centre Guy Desmarais, à Floréal.

Une première enquête démarre le 21 décembre 2016 sous la présidence de Stéphane de Chalain. Shirish Narang est trouvé coupable sous la règle 208 (A) (4) et il est condamné à une amende de Rs 250 000. L’entraîneur fait appel et une enquête de novo est ordonnée le 25 avril 2017.

Une nouvelle investigation démarre donc le 31 juillet 2017, avec cette fois l’Australien John Zucal comme Chief Stipe. Les commissaires de courses condamnent Shirish Narang à une disqualification de 12 mois. L’entraîneur fait de nouveau appel de cette sanction. Cette affaire connaîtra son dénouement le mercredi 23 janvier 2019, avec le verdict rendu par le comité d’appel. Ce dernier était présidé par Patrick Doger de Spéville. Il avait comme assesseurs Yatemani Gujadhur, Michel Coquet, Gilles Etienne et Nikhil Boolell. Shirish Narang peut respirer.


Floréal : la sécurité doit être revue

Dans son rapport rendu public sur le site du Mauritius Turf Club jeudi, le comité d’appel dans l’affaire Gameloft écrit, sous l’item 85, « Nevertheless, we invite all the stakesholders including the Respondent (Ndlr, MTC) to review the whole security at the Floréal premises. »

Mention est faite d’un courriel daté du 24 juillet 2017, dans lequel l’entraîneur Shirish Narang interpelle le MTC sur les failles de la sécurité à Floréal. La pièce à conviction numéro 19 montre que des personnes inconnues de l’entraîneur avaient accès à son écurie au Centre Guy Desmarais, plusieurs mois après que l’affaire Gameloft eut éclatée.

Les commissaires de courses du MTC avaient, eux, noté une absence de contrôle à l’écurie Narang le 18 octobre 2016 : le chef palefrenier était absent, des palefreniers d’autres établissements faisaient le va-et-vient, les portes n’étaient pas cadenassées, tandis que le staff et les chevaux disparaissaient à des endroits où il n'y avait pas de surveillance caméra.

Après l’éclatement de cette affaire, Shirish Narang a pris des dispositions pour renforcer la sécurité au centre hippique, y compris l’installation de 64 caméras, dont 4 à l’arrière de son établissement.


Disparition de preuves

Un des points avancés en appel par les hommes de loi de Shirish Narang est la destruction des images CCTV qui, selon eux, ont privé leur client d’un « fair inquiry and hearing ». À ce propos, le comité De Spéville recommande que de telles « preuves » soient conservées jusqu’à la fin des enquêtes et des appels.

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