Le jockey français Flavien Prat se sent encore « sur la Lune » après avoir remporté samedi le Kentucky Derby, un monument des courses hippiques américaines, même si sa victoire sur tapis vert a suscité une énorme controverse.
Samedi, après deux minutes de course sous la pluie et 20 longues minutes de délibérations, les juges de la plus prestigieuse épreuve des États-Unis ont déclassé le vainqueur et grand favori, Maximum Security, pour avoir gêné plusieurs concurrents, dont le deuxième, Country House, monté par le Français.
Né le 4 août 1992 à Melun, Flavien Prat est un pur produit du hippisme français. Son père, Frédéric, est entraîneur de trotteurs, mais lui préfère le galop et a depuis l'enfance l'« obsession » d'être jockey.
« Depuis l'internat, j'étais indépendant », raconte-t-il. « C'était facile de partir deux mois (aux États-Unis). J'ai tissé des liens, progressé en anglais. Je n'étais pas dans l'inconnu quand j'ai décidé de partir définitivement ».
D'autant qu'en Californie, il «monte de meilleurs chevaux». Mais son début de carrière vacille quand il est victime d'une grave chute en course (plusieurs fractures, un pneumothorax) en septembre 2015. Il reste alors éloigné plusieurs mois des champs de course.
La disqualification du vainqueur, une première dans l'histoire de la célèbre course, a déclenché une vaste polémique, même si l'appel de l'écurie de Maximum Security a été rejeté.
Quand Trump s’y mêle
Même le président Donald Trump s'est joint aux critiques. « Le meilleur cheval n'a PAS gagné le Kentucky Derby, même pas de peu », a-t-il tweeté dimanche, dénonçant une décision « politiquement correcte ».
«Flavien s'est fait incendier sur les réseaux sociaux, on le traite de "pleurnichard", mais il y a eu deux réclamations», souligne son agent Derek Lawson, rappelant que le Français a aussi été victime de disqualifications dans sa carrière.
Qu'importe pour Flavien Prat, qui rejoint au palmarès de l'épreuve son compatriote Jean Cruguet, vainqueur de la Triple Couronne en 1977. La polémique ne le «préoccupe pas», il veut passer à autre chose. « Il y a d'autres courses à gagner et j'ai encore plein de choses à prouver », affirme-t-il.
Le jeune jockey pourrait faire taire les critiques lors des Preakness Stakes, deuxième étape de la Triple Couronne, le 18 mai à Baltimore. Mais sa participation dépend de l'état de forme de Country House, « qui aura déjà couru quatre courses en six semaines », relève Derek Lawson.
L'agent espère aussi que Donald Trump profitera de la présence du jockey dans la région de Washington pour « nous inviter afin qu'on puisse lui expliquer pourquoi il y a eu disqualification ».