Mondial-2022 au Qatar : Platini en garde à vue

Mardi 18 Juin 2019 Football International O commentaire 0 views

Trois ans après l'ouverture d'une enquête en France pour corruption sur les conditions d'attribution de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar, l'ancien patron de l'UEFA Michel Platini a été placé mardi en garde à vue tandis que l'ex-bras droit de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, était entendu en audition libre.

L'ancienne star de l'équipe de France (64 ans vendredi), qui fut aussi vice-président de la Fifa jusqu'en 2015, et l'ancienne conseillère sports de Nicolas Sarkozy, Sophie Dion, ont été placés en garde à vue mardi matin dans les locaux de l'office anticorruption de la police judiciaire (OCLCIFF), à Nanterre, près de Paris, a-t-on appris auprès d'une source judiciaire et d'une source proche de l'enquête, qui confirmaient une information de Mediapart.

Lui aussi convoqué mardi, l'ex-secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant était pour sa part interrogé comme suspect libre.

Ces auditions se déroulent dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier (PNF) en 2016 pour "corruption privée", "association de malfaiteurs", "trafic d'influence et recel de trafic d'influence" pour examiner les conditions d'attribution des Coupes du monde de football 2018 et 2022.

Le même jour, le 2 décembre 2010, le Mondial-2018 avait été attribué à la Russie (face notamment à l'Angleterre éliminée dès le 1er tour) et à la surprise générale, le Mondial-2022 au Qatar, vainqueur au dernier tour face aux Etats-Unis.

La désignation de ce richissime émirat gazier, où les températures brûlantes en été rendent la pratique du football difficile voire impossible, avait immédiatement déclenché des soupçons de corruption, et été l'un des déclencheurs de la grave crise qui a secoué la Fifa à partir de 2015. A la fin de cette année-là, 16 membres du comité exécutif de la Fifa sur 24 avaient été radiés, suspendus ou inquiétés à divers titres.

En octobre 2015, l'ancien président de la Fifa Sepp Blatter avait ajouté à la polémique en mettant en cause la France. Selon sa version, "un arrangement diplomatique" existait pour que les Coupes du monde 2018 et 2022 aient lieu en Russie puis aux Etats-Unis, un plan qui aurait échoué à cause de "l'interférence gouvernementale de M. Sarkozy" qui aurait entraîné, toujours selon le Suisse, une volte-face de Michel Platini, président de l'UEFA.

Réunion secrète

La justice française s'intéresse en particulier à "une réunion secrète" au Palais de l'Elysée le 23 novembre 2010, à laquelle participaient Nicolas Sarkozy, le prince du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani, et Michel Platini, révélée par France Football. Son but supposé: s'assurer que Platini voterait pour l'émirat. Un "tissu de mensonges", s'était indigné l'ancien numéro 10 des Bleus.

Ce dernier avait déjà été entendu comme témoin en 2017 dans le cadre des investigations du PNF.

Mardi, M. Blatter, qui avait aussi été entendu comme témoin en Suisse en 2017 à la demande de la justice française, a exprimé sur la chaîne suisse RTS "une grande surprise". "Je pensais que l'affaire du Qatar était finie une fois pour toute", a-t-il déclaré.

Il a de nouveau évoqué un coup de téléphone avec M. Platini, son ex-ami et allié, qui aurait eu lieu après la réunion du 23 novembre 2010. "Je me rappelle ce moment, c'était vers la fin du mois de novembre en 2010, après qu'il a été invité à l'Elysée où il a rencontré le président Sarkozy qui, lui, avait rencontré le prince héritier, l'actuel émir du Qatar", a-t-il raconté.

"En me disant que, maintenant, notre consensus que nous avions fait pour aller en 2018 en Russie et en 2022 aux Etats-Unis allait peut-être pas se réaliser parce que M. Sarkozy lui a demandé si lui ou d'autres pouvaient voter pour le Qatar."

Le Suisse a pour sa part été suspendu six ans par la Fifa "de toute activité liée au football" pour un paiement controversé de 2 millions de francs suisses (1,8 million d'euros) à Michel Platini, lui aussi suspendu quatre ans. En mai 2018, ce dernier a été mis "en l'état" hors de cause par la justice suisse.

Cela peut vous intéresser