Comment remettre la Premier League sur les rails après l'arrêt forcé par la pandémie de coronavirus? Les autorités du football anglais doivent se pencher vendredi sur la question. Un sujet crucial notamment pour Liverpool, proche d'un sacre attendu depuis 30 ans...
Le Championnat d'Angleterre est officiellement suspendu jusqu'au 30 avril, mais une reprise à cette date, et même en mai, semble peu probable compte tenu de la situation sanitaire.
Voici les scénarios envisageables:
Finir à huis clos
Une option consisterait à faire jouer tous les matches des neuf journées restantes sur terrain neutre et sans public.
Cela pourrait permettre de reprendre dès juin, de disputer toutes les rencontres restantes, et de terminer avant août.
Selon la presse britannique, un ou deux stades pourraient être sélectionnés, à Londres ou dans le centre de l'Angleterre, pour accueillir ces matches.
Comme pendant une Coupe du monde, les effectifs des clubs seraient ainsi mis en quarantaine dans des camps de base, et se déplaceraient dans des stades, hôtels et centres d'entraînement minutieusement désinfectés.
De quoi rassurer les joueurs craignant d'attraper le Covid-19 en côtoyant d'autres joueurs infectés, mais aussi de répondre aux critiques qui ont émergé dans la société contre les célébrités, sportifs ou non, qui ont accès à des tests inaccessibles pour le grand public, même pour les travailleurs les plus exposés.
Autre avantage de jouer sur un ou deux terrains: beaucoup moins d'effectifs, notamment médicaux, devraient être mobilisés alors que l'épidémie met les hôpitaux sous forte pression.
Mais si la situation sanitaire empire d'ici à l'été, avoir à disposition des médecins, même peu nombreux, pour des matches de foot pourrait s'avérer mission impossible...
Attendre
Compte tenu de l'impact énorme de la maladie sur la société, reprendre le football trop tôt risque de faire grincer des dents d'un point de vue éthique.
Cela impliquerait de ne reprendre la Premier League qu'une fois l'épidémie bien endiguée.
Le pic des cas de Covid-19 au Royaume-Uni devrait selon certaines prévisions être atteint en juin, prolongeant l'arrêt du championnat au moins jusqu'en août, voire septembre.
La saison pourrait ainsi être menée à son terme, évitant ainsi aux clubs de rembourser les droits de diffusion correspondant aux affiches restantes, estimés à 750 millions de livres (842 millions d'euros).
Problème: elle empièterait largement sur la saison suivante, obligeant probablement à alléger le calendrier (avec les pertes économiques induites) pour finir avant juin-juillet 2021, date choisie pour reprogrammer l'Euro-2020. Quid, en outre, des Coupes d'Europe, dont les clubs qualifiés ne pourraient être connus que fin 2020?
C'est le problème soulevé par Harry Kane. "Jouer en juillet ou août et décaler la saison suivante, je ne vois pas trop l'intérêt", a affirmé l'attaquant de Tottenham.
"Si la saison n'est pas terminée fin juin, il faut envisager toutes les options", a-t-il ajouté, se disant partisan, dans ce cas, d'annuler la saison 2019-2020.
Annuler la saison
Reste le scénario le plus dur: annuler purement et simplement cette saison.
Certains clubs se seraient prononcés pour arrêter dès maintenant le championnat, arguant qu'il n'y avait "pas de place pour le sport à l'heure actuelle", selon le magazine The Athletic.
Le président de la Fédération anglaise (FA) a selon la presse d'ores et déjà affirmé à la Ligue qu'à son avis, la saison ne pourrait pas être menée à son terme.
Outre son coût, cette option risquerait néanmoins de déclencher des actions en justice des clubs sportivement floués.
En cas de saison blanche, Liverpool perdrait l'occasion de conquérir sur le terrain un premier titre national en 30 ans, alors que les Reds, largement en tête, étaient à deux doigts de s'assurer mathématiquement du titre.
Idem pour les clubs des divisions inférieures qu'une saison blanche priverait d'une lucrative promotion, comme Leeds et West Bromwich Albion, les deux premiers du Championship (D2).
Si les classements actuels sont gelés et considérés comme les classements finaux, ce sont les clubs privés des places européennes et les relégables qui crieront à l'injustice. Comme Manchester United (5e), ainsi privé de Ligue des champions, ou Tottenham (8e) et Arsenal (9e avec un match en moins), hors des places européennes.
En bas aussi, Bournemouth et Norwich descendraient. Pire encore pour Aston Villa, 19e: le club de Birmingham serait relégué avec un match en retard... contre Watford, 17e et concurrent direct pour le maintien.
Pour tenter d'y voir plus clair, reste à attendre la réunion convoquée mercredi en visioconférence par l'UEFA, qui doit faire un point d'étape sur les travaux autour de la reprogrammation du calendrier européen. Avec un impact direct sur les championnats nationaux...