Les parieurs ne pourront pas prendre connaissance des cotes comme à l’accoutumée ou miser sans respecter le « social distancing ».

Bookmaker : l’extrême outsider du système post-confinement

By Jean-Hugues Olivier Dimanche 26 Avril 2020 Défi Turf O commentaire 0 views

La date du 30 mai est citée avec persistance comme celle de la 1re journée de la saison 2020, et qui se tiendra à huis clos, à cause du virus Covid-19. Si organisateur, régulateur et entraîneurs vont y trouver leur compte, en revanche, les bookmakers qui offrent des paris à cote fixe, font la tête.

 

Il semble qu’on ne sache toujours pas quoi en faire d’eux. Tout indique que la journée inaugurale se fera sans les bookmakers « traditionnels » cette année. À ce jour, ces prestataires de paris qui opèrent au Champ-de-Mars n’entrent pas dans les différents plans à huis clos qui ont transpiré, et la dernière proposition, celle de les laisser opérer les jeudis et vendredis mais pas les jours des courses, passe mal.

 

Le Mauritius Turf Club garde jalousement ses projets de courses à huis clos, qui sera obligatoire lors du déconfinement du pays par étapes. Ce que l’on sait, c’est que la date qui revient sans cesse pour la journée inaugurale est le 30 mai. Sauf que cela se fera difficilement avec l’un de ses partenaires majeurs de tous les temps, les bookmakers qui offrent les paris « fixed odds ». Bijay Greedharry, leur porte-parole, est sceptique : « À environ un mois du coup d’envoi dont tout le monde parle, les bookmakers n’ont pas été consultés et je trouve cela déplorable. J’ai lu comme tout le monde cette semaine qu’on prévoit de nous laisser travailler au Champ-de-Mars les jeudis et vendredis, mais pas les samedis. On ne pourra pas opérer sous ces conditions, car nous n’allons pas rentrer dans nos chiffres. C’est un moyen pour le MTC et les autorités de gagner de l’argent. Pas pour nous », souligne-t-il.

 

Le bookmaker avance que les frais à encourir par journée ne seront pas recouvrés car en période normale les transactions pour les deux jours précédant une journée hippique (Ndlr, voir tableau, se basant sur les chiffres en vigueur) ne représentent qu’environ 10-12% des chiffres d’affaires.

 

« Je veux qu’on m’explique comment on fait pour respecter la distanciation sociale dans nos locaux ? Combien de travailleurs pourrons-nous accommoder ? De plus, comment feront les parieurs pour miser ? Ils devront faire la queue, ce qui est logique en cette période où le Covid-19 sévit. Mais quelqu’un qui veut jouer, il fait normalement le tour de tous les bookies pour chercher la meilleure cote. Ce faisant, n’y aura-t-il pas une foule qui circule dans un périmètre précis ? Pourtant, le gouvernement et tout le monde insistent que la santé de la population a priorité sur tout. Je vais aller plus loin dans ma réflexion : le déconfinement se fera par étapes ; donc il n’est pas sûr qu’on ait le même nombre de clients que d’habitude les jeudis et vendredis, car beaucoup de monde sera confiné à la maison. Ce sera impossible pour les bookmakers d’opérer dans ces conditions », insiste-t-il.

 

Vers le Tote ou « l’online betting » ?

 

Du coup, Bijay Greedharry pense que la profession devra se réinventer. « On ne sait pas jusqu’à quand va durer le huis clos. Peut-être jusqu’à ce qu’on trouve un vaccin contre le Covid-19 ? En attendant, quel est notre avenir ? Moi je suis d’avis que les bookmakers devront se regrouper en une compagnie qui offrira des paris selon le système Totalisateur (Tote), ou alors pour jouer à distance, c’est-à-dire par téléphone et le ‘online betting’ (via internet). C’est notre seul salut », dit-il.

 

Sauf que pour en arriver là, il va falloir l’approbation de la Gambling Regulatory Authority et du gouvernement. De plus, le porte-parole de l’Association des bookmakers confie qu’une telle compagnie prendra environ trois mois avant de pouvoir opérer, car il va falloir travailler sur un nouveau programme informatique (software). « L’avenir des bookmakers, qui ont contribué énormément dans l’industrie hippique et dans les caisses du Mauritius Turf Club, passe par là. Nous devrons être en mesure de prendre l’argent du public sur des comptes et de travailler avec les banques, comme le font les compagnies de Tote existantes, sans compter Bet Online et SMS Pariaz, entre autres », fait-il ressortir.

 

Comme dans tous les secteurs à travers le monde, à Maurice on ne sait toujours pas à quoi ressemblera « le jour d’après » pour l’industrie hippique. Les bookmakers du Champ-de-Mars sont, eux, dans le flou total.

 

 

 

Frais actuels des bookmakers *

-Redevance à la Gambling Regulatory Authority (GRA) : Rs 1,000,000 en deux tranches égales pour la saison

-Rs 16,000 sous forme de taxe à la MRA par journée

-Rs 40,000 par an au Mauritius Turf Club pour la location

-Rs 69,000 par an pour la location d’un local supplémentaire en annexe au « lieu de travail »

-Environ Rs 15,000 par journée pour les allocations aux « tellers » et opérateurs de PC

*: chiffres fournis par les bookmakers.

 

Au cas où la saison démarre le 30 mai **

-Rs 45,454.54 par journée à la GRA

-Rs 16,000 par journée à la MRA

-Rs 15,000 par journée comme allocations aux travailleurs

-Rs 1,818.18 au MTC pour la location

-Rs 3,136 au MTC pour la location d’une « place additionnelle »

-Un taux de 4,5% des chiffres d’affaires (Estimés entre Rs 200,000  à Rs 300 000 sur deux jours d’opération : jeudi et vendredi) par journée, soit environ Rs 13,500 (maximum) + la taxe sur la valeur ajoutée à 15% (Rs 2,025), ce qui représente un total de Rs 15,725

-Moins les paiements à effectuer aux gagnants (reçus gagnants) et la taxe de 10% (betting tax) sur les paris au gouvernement

** : Cela implique que les frais restent inchangés sur 11 journées jusqu’à la mi-saison normale (15 août)

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