Jean-Michel Henry est catégorique : c’est le moment de mettre tout le monde autour d’une table pour discuter d’un nouveau modèle pour les courses de chevaux à Maurice. Selon lui, le Mauritius Turf Club et l’État doivent s’inspirer de ce qui se fait à Hong-Kong.
Les courses hippiques sont au frigo avec le confinement du Covid-19. Comment cela se passe-t-il au niveau des écuries ?
Je dois dire que les propriétaires sont solidaires. Jusqu’à présent, ils ont consenti de gros efforts pour honorer leurs engagements. Les chevaux ont besoin d’avoir à manger, à boire et doivent être entretenus. En même temps, je dois avouer que certains propriétaires ont des difficultés à joindre les deux bouts car ils n’ont pas de rentrées d’argent, du fait que leurs boulots sont à l’arrêt avec le Covid-19.
Avez-vous l’impression que c’est difficile d’être propriétaire en ce moment ?
Pour certains, oui. Ils font de gros sacrifices, je dois le concéder. En ce moment, c’est grâce à eux qu’on arrive à tenir et que les chevaux sont bien traités. Mais à l’origine, on achète un cheval pour courir, pas pour rester à l’écurie. Parallèlement, la situation est également difficile pour le Mauritius Turf Club (MTC), car il n’a pas de revenus lorsqu’il n’y a pas de courses. C’est un choix que le club a fait dans le passé. Il est temps de revoir le modèle des courses mauriciennes.
Vous faites sans doute référence au fait que le MTC n’a pas son propre Tote. On parle actuellement de « commingling international ». Est-ce la solution ?
C’est sans doute la solution, mais quelle que soit la décision qui sera prise, il faudra réunir tous les acteurs du monde hippique pour discuter. Malheureusement, le modèle actuel est dépassé pour le MTC, qui se retrouve dans le rouge financièrement. Pourtant, l’industrie hippique brasse plus de six milliards de roupies annuellement. C’est le moment de mettre toutes les cartes sur table et de voir comment réorganiser les choses de manière à ce que tout le monde y trouve son compte. Les courses hippiques, c’est un pan de notre histoire. Un patrimoine national qui a plus de 200 années d’existence. C’est une industrie qui emploie 2000 personnes. C’est un sport. C’est le loisir préféré des Mauriciens. C’est une activité qui contribue un chiffre énorme dans les caisses de l’État. Tout cela va disparaître sans l’apport de tout un chacun.
Quel est le modèle à suivre ?
Hong-Kong ! Là-bas, les courses contribuent le plus en termes de taxes pour l’État. Ici, l’État, le MTC, les opérateurs de paris peuvent être tous partenaires du comminling international et cela fera l’affaire de tout le monde, avec des revenus beaucoup plus conséquents qu’actuellement.
Et comment s’annonce l’avenir de l’écurie Jean Michel Henry ?
La situation est sous contrôle pour l’instant, mais pour combien de temps encore ? J’ai un effectif de 25 chevaux, avec environ 50 propriétaires. Au Champ-de-Mars, l’entretien d’un coursier, qu’on appelle le keep, coûte entre Rs 25 000 à Rs 35 000 sans la TVA. Il faut que tout le monde comprenne qu’il n’y a pas de courses sans les écuries et les propriétaires. En 2019, je m’en suis sorti tout juste avec des gains de Rs 7 millions. Cette fois, on annonce que les ‘stakes’ vont être réduits par 40%. Cela va donc devenir plus difficile pour les petites écuries. Je veux bien l’accepter, mais qu’on vienne une fois pour toute avec un plan bien défini, après discussions avec tous les acteurs du domaine. C’est l’occasion de le faire.