L’industrie hippique fonce droit dans le mur

By Jean-Hugues Olivier Mardi 12 Mai 2020 Défi Turf O commentaire 0 views

Le Covid-19 est peut-être en train de tuer à petit feu une activité lucrative pour le Mauritius Turf Club et l’État. L’organisateur des courses a proposé le huis clos pour relancer la machine, mais il n’y a aucune garantie que ce sera suffisant pour sortir la tête de l’eau. Les chiffres sont là pour le prouver. Et cela devrait inquiéter plus de 2000 personnes qui travaillent dans le secteur.

L’industrie hippique pèse plus de Rs 6 milliards, soit 1,7% du Gross Domestic Product (GDP), selon le document ‘Economic Impact Assessment of the horse racing industry in Mauritius’, publié l’an dernier. En 2018, l’État avait obtenu Rs 679 millions des courses hippiques, à travers les taxes et les frais de licences des opérateurs. L’estimation de cette contribution dans les caisses du gouvernement pour l’année 2019 est de Rs 750 M. Mais la situation actuelle n’est guère reluisante. Cinq mois après la dernière réunion hippique, les choses se présentent mal. « Nous allons faire face à deux années difficiles. Le huis clos ne suffira pas pour redémarrer la machine. Il n’y a qu’à analyser les chiffres », soutient un expert dans le domaine.

Le Covid-19 a poussé le Mauritius Turf Club (MTC) à faire une demande pour organiser les courses sans le public et les bookmakers au Champ-de-Mars. La saison devait débuter le 28 mars, et l’on ne sait encore quand aura lieu la première journée de courses cette année. C’est justement l’absence du public et des bookmakers qui inquiètent les avertis.

Des Rs 679 millions remis à l’État en 2018, Rs 425 M proviennent des bookmakers. Les Rs 254 M restantes représentent les contributions des Tote (Rs 229 M), du MTC (Rs 16 M), et des propriétaires (Rs 9 M). De même, 70 % des revenus du MTC sont dérivés du « betting ». L’organisateur est donc prisonnier du jeu, selon le système actuel. En 2019, le betting, tous opérateurs confondus (Tote et bookmakers), avoisinait Rs 5,2 milliards. Ces derniers ont donc contribué quelque Rs 520 M (10% de betting tax) des Rs 750 M qui sont allées dans les caisses du gouvernement.

ENVIRON RS 10 M DE DÉPENSES DEPUIS DÉCEMBRE

L’autre gros souci pour l’organisateur, c’est qu’il ne pourra compter sur des rentrées d’argent importantes en provenance de la vente de ses droits d’utilisation, et des cartes d’accès à ses différentes loges. Les droits pour l’utilisation des race cards (programmes) représentent 70% du chiffre d’affaires du club, soit un revenu annuel de Rs 256 M. Les bookmakers contribuent 55% de ces droits perçus, soit Rs 140 M à eux seuls. Le MTC aura également un manque à gagner sur la location de ses locaux aux bookmakers, aux commerçants et aux opérateurs de « zoué piké », aussi bien que pour les parkings les jours de courses.

Le MTC confie que ses dépenses depuis la dernière réunion hippique, le 7 décembre 2019, sont de l’ordre de Rs 9,7 M. Cela comprend le salaire des employés, et les coûts pour le maintien en état des infrastructures, y compris les pistes, et les frais utilitaires. La masse salariale annuelle est de Rs 127 M. Rien que pour 2019, le club a déboursé Rs 378 M et a accusé un déficit de Rs 5,7 M. Cela, en temps normal et avec l’organisation d’environ 40 journées, de mars à début décembre. Dans la conjoncture actuelle, et avec un manque à gagner évident avec le retard sur le début de la saison et le huis clos, la situation ne fera qu’empirer.

Selon les estimations du Club, il pourra tenir le coup sans organiser de courses, jusqu’à fin juillet, avec les facilités bancaires. De quoi inquiéter les 2170 personnes qui bossent dans l’industrie, dont 766 qui sont à plein temps.

 

Dépenses encourues par le MTC en 2019

- Salaires : Rs 127 M 

- Stakes : Rs 101 M

- Frais financiers : Rs 1,4 M

- Coût organisation des courses directs : Rs 50 M

- Coût organisation des courses indirects : Rs 67 M

- Coût opérationnel et maintenance : Rs 25 M

- Coût transports/véhicules : Rs 6,6 M

TOTAL – RS 378 M

 

Sources de revenus en temps normal

Pendant la saison : Vente des droits d’utilisation des race cards, loyers aux marchands, sponsors, cartes d’entrée, droits audiovisuels, parking, jeux piquets, loteries, site Web, vente du magazine Racetime

Hors-saison : Cotation des membres et loyers aux écuries.

ESTIMATION – Rs 370 M

 

Les emplois directs et indirects

- À plein temps : 766

- À temps partiel : 1404

- MTC plein temps : 357

- MTC à temps partiel : 343

- Liés au training : 270

- Opérateurs Tote plein temps : 64

- Opérateurs Tote à temps partiel : 584

- Bookmakers (Partiel) : 435

- Autres : 117

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