
Dans le temps, les turfistes mauriciens ont souvent vu des frères se battre pour la victoire sur la piste du Champ-de-Mars. Depuis peu, les Juglall se défient sur l’hippodrome portlouisien. Ce qui n’a pas manqué de susciter divers commentaires depuis que le benjamin Tejash a décidé de quitter l’Afrique du Sud pour poser ses valises à Maurice.
Il faut remonter au début des années 2000 pour voir deux jockeys mauriciens, et frères de surcroit, se battre pour la victoire. Les derniers en date se nomment Praveen et Naveen Nagadoo. Les étrangers Cahill (Michael et Matthew) ou encore les Marcus (Anton et Basil) et Waterstone (Garry et Russel) ont également fait vibrer le vieux Champ-de-Mars. Sur les réseaux sociaux, les commentaires ont fusé dès que Tejash Juglall, 24 ans, qui montait jusqu’ici en Afrique du Sud, a décidé de rentrer au pays et de croiser le fer avec son ainé Nooresh, 29 ans. « Zot pou aide zot kamarad… 1 pu fer lekours pu lot la… », pouvait-on lire. Les frères Juglall préfèrent rire de tout cela.
C'est un fait qu'à l'étranger, on voit régulièrement des frangins, des pères et fils et des cousins qui exercent souvent dans la même juridiction. Pour Nooresh, il n'y a pas lieu d’en faire tout un plat. « Nous avons monté ensemble en Afrique du Sud, dans plusieurs courses, sur différents hippodromes. Cela dépend en grande partie de la manière dont les turfistes voient les choses, mais pour moi, c’est clair : Tejash est un concurrent en course. Il n’est plus le frère. C'est notre métier. Nous avons la responsabilité de donner le meilleur de nous-mêmes sur les chevaux », explique-t-il. Même son de cloche pour Tejash, aussi connu comme Kishen. « Il peut être mon frère dans la vie, mais en course une fois que les stalles s'ouvrent, Nooresh devient un adversaire », souligne-t-il.

Chez eux, à Sainte-Croix, leurs parents, ne font pas grand cas de ce que peuvent dire les gens. « Quelques personnes vont faire allusion à des magouilles où je ne sais trop quoi, mais pour mes parents et ma famille, c'est une fierté de nous voir exercer sur la même piste », avoue Nooresh. Et de faire remarquer cela :« Ceux qui nous critiquent, si demain deux membres de leur famille montaient en course, je suis certains qu’ils ne trouveront rien à redire. Les gens doivent être réalistes. Il y aura probablement des courses où je finirai premier et Tejash deuxième, ou le contraire. Je pense que les turfistes doivent éviter d'insinuer ou d'inventer des choses. Vous savez, il y a beaucoup de cavaliers dont les jeunes frères aspirent à devenir jockeys eux aussi. Cela ne devrait pas être un souci. Bien au contraire, on devrait les encourager. »
Le conseiller
Même s'ils sont rivaux sur la piste, cela n'empêche pas à Nooresh d'avoir de précieux conseils pour son petit frère. « Il est tout le temps-là pour moi. Il est du genre protecteur et me donne beaucoup de conseils. Je dois avouer qu’il m'a beaucoup aidé jusqu'ici. Souvent, après les journées des courses, il m'explique où j'ai pu fauter afin que je puisse corriger mes erreurs. J'apprends aussi par moi, mais Nooresh comme frère est définitivement un plus », concède Tejash, qui a obtenu sa première victoire mauricienne avec l'extrême outsider, Royal Resolution (Rs 9900) le 28 novembre.
Actuellement deuxième au classement des jockeys, Nooresh Juglall, compte jeter tout son poids dans la bataille face au leader, le Sud-Africain Derreck David. Après avoir fait ses preuves en Afrique du Sud et au Singapour, il espère décrocher un premier titre chez les jockeys cette saison. L'année précédente, le titulaire de l’entraîneur Gilbert Rousset avait épinglé la palme chez les 'local boys'. Quant à Tejash Juglall, vainqueur de 46 courses au pays de Mandela, il n'ambitionne pas à grand-chose en cette fin de saison, si ce n'est de remporter le plus de victoire possible avant de se fixer un objectif plus concret pour 2021.
Les frères Juglall vont peut-être inspirer d’autres petits bonhommes de la même famille à vouloir devenir jockeys pour en découdre sur la piste.