
Après l'instauration du reconfinement suite à une résurgence des cas locaux de Covid-19, l'industrie hippique se retrouve, à nouveau, confrontée à une crise sanitaire et économique. Sans précédent, toutefois, car on est en train de revivre le même scénario que l'année dernière. Le Mauritius Turf Club et les différentes écuries s'attellent à tout mettre en œuvre afin que le bien-être des chevaux et des employés ne soient pas compromis.
Le Mauritius Turf Club à travers son nouveau Board s'est réuni durant la semaine, soit mardi. Il nous revient que les administrateurs sont en contact permanent à travers des échanges de mails, whatsapp, appels téléphoniques entre autres. Shan Ip, communication manager, indique que le club implémentera les mêmes protocoles que l'année dernière. « Les protocoles mis en place l'année dernière avaient porté leur fruit. On ne voit pas pourquoi on devrait changer cela. Port du masque, gel désinfectant, distanciation sociale devront être respectés. » affirme-t-il. Toujours selon lui, la police veillera au grain et aucun membre du public ne sera autorisé sur les lieux. Quand est-il des demandes pour le WAP? "Les employés du club, les entraîneurs, les palefreniers ont déjà obtenu leur WAP. Nous sommes actuellement dans l'attente pour les jockeys et les trackriders.» Et l'officiel d'ajouter « On a enclenché les démarches pour que le ministaire de la Santé envoie une équipe au club afin de procéder à la vaccination des employés. Là également, nous attendons une réponse en ce sens.» Ainsi, l'entraînement des chevaux pourrait reprendre dès lundi si les choses se passent comme prévues.
Alors que les rumeurs circulent sur les réseaux sociaux à l'effet que les chevaux ne sont pas nourris, au niveau des écuries, on rejette catégoriquement ces informations infondées. Plusieurs avancent que malgré les difficultés liées avec le confinement, l'alimentation des chevaux se passe très bien. Abhishek Gujadhur, membre de l'établissement Rameshwar Gujadhur abonde dans le même sens. « Je peux vous dire qu'au sein de notre yard les chevaux sont bien nourris. L'information qui circule est totalement fausse. Cela vient jeter la boue sur ces personnes qui travaillent dur. Cela n'aurait pas été possible sans l'engagement et le sérieux des palefreniers qui sont venus au travail malgré le confinement. Même nos palefreniers qui résident à Floréal se sont rendus au Centre Guy Desmarais pour s'occuper des chevaux.» nous confie le fils de l'assistant-entraîneur, Subiraj Gujadhur. Et d'ajouter que « Les WAPs doivent être livrés à temps. L'entraînement doit reprendre ses droits le plus vite, car les chevaux étaient 'racing fit' et étaient sur des nutritions de compétition. Si les chevaux ne dépensent pas de ces efforts, ils peuvent se blesser et avoir des complications de santé. » dira-t-il.
Floréal: l’inquiétude
L’autre souci du moment est comment faire pour se rendre au Champ de Mars ou à Floréal alors même que le confinement limite le déplacement de l'individu. En ce qui concerne la situation des jockeys, Dinesh Sooful confirme que lui et ses collègues sont, à l'heure actuelle, dans l'attente de leur 'Working Access Permit'. « La demande a été faite et on devrait l'avoir incessamment.» avance-t-il. Il est d'avis que les cavaliers et trackriders qui résident en dehors du périmètre de la Zone Rouge ne doivent pas se rendre à Floréal. « Prenant compte de la situation, je pense que les jockeys qui habitent à Floréal et ses alentours doivent exercer uniquement au Centre Guy Desmarais. Ce sera mieux pour tout le monde.» souligne-t-il.
S.Sinjh Ramlugun (photo:Yadav), palefrenier au sein de l'établissement Raj Ramdin, brave le danger pour se rendre au travail à Floréal. Même s'il habite tout près, il dit qu'il doit assumer ses responsabilités, non seulement vis a vis de sa famille, mais également de ces nobles animaux. « J'ai des dépenses, je dois faire rouler ma maison. J'ai un devoir envers ma femme, mes enfants, mais aussi auprès de ces chevaux. Ils sont innocents. On doit les nourrir et s'occuper d'eux comme des bébés. Mais en raison du nombre limité de palefreniers, notre tâche devient plus compliquée» Avant d'ajouter « Heureusement que j'ai eu mon WAP, ce qui facilite mon déplacement vers mon lieu de travail.». Reste qu'un sentiment d'inquiétude règne au Centre Guy Desmarais. « L'atmosphère est lourde. Le nombre de cas continue d'augmenter jour en jour. Mais je pense si on arrive à respecter les mesures sanitaires, on se protégera tant bien que possible. Moi, j'évite les contacts avec les autres palefreniers. On se dit 'bonjour' de loin, on se sert du gel désinfectant continuellement tout au long de la journée et on met nos masques.»
De son côté, Nilesh Bappo, qui exerce le métier depuis 12 ans, est actuellement attaché à l'écurie Jean Michel Henry. Basé au Centre du Domaine Les Pailles, il s'occupe de trois coursiers. Cet habitant de Notre-Dame indique qu'il n'a pas eu à faire face à des soucis auprès des forces de l'ordre. « De ma résidence à mon lieu de travail, la police a effectué des vérifications, mais tout était en règle, surtout que j'ai en ma possession mon WAP. Je suis conscient du danger qui nous guette. Je me lave les mains, j'applique les sanitizers et une fois à la maison, je retire mes vêtements en dehors avant d'aller prendre mon bain. J'essaye de prendre le maximum précautions possibles. On a déjà vécu ça l'année dernière, alors on sait quoi faire.» dira celui qui avait démarré dans le giron avec l'établissement Mahess Ramdin.
À l'heure que nous mettons sous presse, quelques cavaliers avaient déjà eu leur WAP. Ainsi, tout laisse penser que le training reprendra ses droits, lundi matin, à Port-Louis alors qu'à Floréal s'en suivra également dépendant du nombre de jockeys ou trackriders résidant dans les circonscriptions 15, 16 et 17.
"Toute période difficile endure-la avec patience même si elle se prolonge. La patience conduit à la victoire". Cette citation est plus que jamais importante afin que l'industrie hippique et le pays en entier sortent gagnant, une fois de plus, dans ce combat contre cet ennemi invisible. Pour rappel, Maurice est en mode de reconfinement depuis mercredi 10 mars. À ce jour, 127 cas de Covid-19 ont été détectés par les départements de la santé.