
L’on ne sait toujours pas quand démarrera la nouvelle saison de courses hippiques. La Mauritius Turf Club Sports and Leisure (MTCSL) et la Gambling Regulatory Authority (GRA) n’ont pu donner d’indication en ce sens lors du débat organisé sur Radio Plus lundi après-midi.
Jean-Michel Giraud, président de la MTCSL, et Dev Beekharry, membre du Board de la GRA et Senior Advisor au Bureau du Premier ministre, étaient face à Jean Hugues Olivier et Santosh Ramdin dans l’émission Au Cœur de l’Info. L’occasion de passer en revue les différends entre le régulateur et l’organisateur des courses.
L’organisateur des courses, à travers son nouveau président, Jean-Michel Giraud, milite pour que le club ne perde pas ses prérogatives. La GRA, elle, s’appuie sur les dispositions de la GRA Act pour justifier ses actions.
DE MTC À MTCSL
L’appellation Mauritius Turf Club (MTC) n’est plus d’actualité. Le club, qui organise les courses depuis 209 ans, est désormais connu comme la Mauritius Turf Club Sports & Leisure Ltd (MTCSL), une société publique gérée à 100 % par le MTC. Reste que la composition du Board fait débat, avec la GRA qui ne voit pas d’un bon œil la nomination de Chhayan (Divya) Ringadoo. Cette dernière avait été, dans un passé pas trop lointain, la CEO de l’instance gouvernementale.
Concernant l’octroi d’un permis d’opération à la nouvelle compagnie, MTCSL, la GRA avance qu’elle prendra un certain temps pour vérifier tous les documents à travers un exercice de ‘due diligence’. « On n’a pas dit qu’on ne donnera pas de permis d’opérer au club, mais ce sera fait après les vérifications d’usage. La demande a été faite le 18 février. Puis, nous attendons certaines informations de la part du club, notamment les deux noms proposés comme directeurs de la nouvelle compagnie », a indiqué Dev Beekharry. Et d’ajouter que « la GRA a un devoir d’assurer la transparence et un ‘fairness’. L’intégrité doit primer. » Pour soutenir ses dires, il a évoqué que « le Corporate World a changé. On doit avoir de la transparence partout. Maurice est sur la liste grise. Il y a la loi contre le blanchiment d’argent qui est claire. C’est évident qu’il y aura des répercussions par rapport à notre fonctionnement », a avancé le conseiller.
HUIS CLOS : LE MTC PAS CONTRE, MAIS...
Jean-Michel Giraud, de son côté, a insisté sur le fait que ses deux thèmes de campagne avant son élection n’avaient rien d’agressif. « Je veux que le MTC garde ses prérogatives, et aider la GRA dans son combat contre les paris illégaux », a souligné le président. Le huis clos est-il envisageable si le club obtient sa licence ?
« On a fait des pertes d’environ Rs 3 millions par journée à guichets fermés. Mais si on doit le faire, je ne suis pas contre. Mais je tiens à faire ressortir qu’avec le huis clos, il y a un plus grand risque de paris clandestins. La Police des jeux doit faire plus d’efforts », a affirmé l’ancien CEO de la United Basalt Products Ltd.
PARIS CLANDESTINS : MISE EN GARDE AUX ÉCURIES
Au cours de l’émission, le pari clandestin a suscité pas mal de réactions. Alors que Jean-Michel Giraud a martelé que « les paris illégaux tuent nos courses ». Dev Beekharry lui a donné la réplique : « Il y a des gens qui se servent de vos infrastructures, de votre système, de votre WIFI pour effecteur leurs paris vers des bookmakers étrangers ». Ce à quoi le président du MTC devait dire : « Je pense que vous pouvez approcher Mauritius Telecom pour faire bloquer l’accès en ce sens. » Jean-Michel Giraud a alors lâché cette bombe : « Je pense qu’il y a des gens au sein des écuries qui jouent au noir. Je leur ai parlé l’autre jour. C’est un mal qu’il faut combattre à tout prix », soutient-il.
DIRECTIVES VS PRÉROGATIVES
Lors de son intervention, Jean-Michel Giraud a aussi mis l’accent sur les directives et les « guidelines » qui agacent. « La GRA ne peut imposer au club qui sont ceux qui seront autorisés dans le paddock lors des journées de courses. Il y a aussi la prise de sang, le jeudi après-midi, qui représente un gros souci. Il y a encore 5 à 6 points sur lesquels nous ne sommes pas forcément d’accord », a-t-il dit sans tous les énumérer. Un avis qui n’est pas partagé par Dev Beekharry. « Je ne vois pas pourquoi un ancien administrateur ou autre doit être dans le paddock. Pourquoi aussi avoir un paddock bondé avec le risque que cela comporte ? Il peut bien rester dans sa loge. Il faut réduire le nombre de personnes dans le paddock. Concernant le ‘sampling’, c’est sur recommandation du laboratoire que nous avons pris cette décision », a expliqué le représentant de la GRA.
PUBLIC VS PRIVÉ
Les bookmakers étaient également au centre des débats. Jean-Michel Giraud a trouvé « aberrant » que les bookmakers génèrent autant d’argent, mais opèrent toujours comme une ‘Private Company’. «Ils fonctionnent comme une compagnie privée, alors que le MTC doit se mettre en conformité avec la Companies Act ». Le conseiller au PMO a tenu à faire ressortir que «les bookmakers n’opèrent plus en tant qu’individus. Ils fonctionnent désormais comme une compagnie privée. La GRA et la MRA ont un droit de regard. » Et de souligner : « tous les opérateurs de l’île sont connectés à notre serveur. »
« TEMPÊTE DANS UN VERRE D’EAU »
Pour conclure, Dev Beekhary a réitéré que « la GRA n’a pas l’intention de tuer les courses hippiques ». Pour lui, c’est une « tempête dans un verre d’eau ». De son côté, Jean-Michel Giraud a soutenu que l’organisateur des courses et les autorités travaillent ensemble pour combattre le pari clandestin qui fait, selon lui, perdre des milliards de roupies à l’industrie hippique chaque année.