A 33 ans, Julian Nagelsmann le surdoué vient de franchir le dernier pas pour accéder au plus haut niveau: après Hoffenheim et Leipzig, le voilà aux commandes de l'un des plus grands club du monde, le Bayern Munich.
Alors qu'il aurait encore l'âge d'être joueur, Nagelsmann a brûlé les étapes à une vitesse phénoménale.
Plus jeune entraîneur d'une équipe de première division d'un grand championnat européen à 28 ans, plus jeune entraîneur en Ligue des champions à 31 ans avec Hoffenheim, plus jeune coach demi-finaliste de la compétition-reine du football européen à 33 ans, avec Leipzig. C'était l'an dernier contre le PSG (défaite 0-3).
Avant son recrutement par le Bayern officialisé mardi, des médias l'avaient déjà annoncé en Premier League, d'autres au FC Barcelone.
Et dire que sa nomination en février 2016 à la tête de l'équipe première d'Hoffenheim, à l'époque en perdition en Bundesliga, avait suscité scepticisme et sourires entendus!
"Idée folle!"
"Une idée folle", "un gag de relation publique", avaient titré des journaux, alors que le jeune coach n'avait pour seul palmarès qu'un titre de champion d'Allemagne comme entraîneur... des moins de 19 ans!
La petite histoire retiendra d'ailleurs qu'après ce titre, le Bayern Munich avait déjà tenté de le recruter pour ses équipes de jeunes.
Nagelsmann, qui visait plus haut, avait refusé.
Sa volonté d'entraîner un jour le club le plus titré du football allemand ne faisait toutefois aucun doute. "Je suis très, très heureux dans ma vie et le Bayern me rendrait peut-être encore un peu plus heureux", confiant-il en souriant dès 2017.
Après avoir évité la relégation pour sa première saison en Bundesliga, ce natif de la région de Munich a fait d'Hoffenheim l'équipe surprise de l'année 2016-17, arrachant contre toute attente la quatrième place derrière les intouchables Bayern, Leipzig et Dortmund.
Mais Hoffenheim est très vite devenu trop petit pour son ambition. Et en 2019, il accepte une offre du RB Leipzig, qu'il a mené immédiatement en demi-finale de Ligue des champions et deux fois sur le podium de la Bundesliga.
Cette saison, il a même supplanté Dortmund comme principal rival des Bavarois.
Ancien défenseur à la stature imposante (1,90 m), gravement blessé au genou à l'âge de 20 ans et obligé de renoncer à une carrière professionnelle, Nagelsmann doit à Thomas Tuchel de l'avoir lancé, un peu involontairement, vers une carrière d'entraîneur.
L'actuel coach de Chelsea était son entraîneur en équipe réserve à Augsbourg lorsque Nagelsmann s'est blessé.
Lancé par Tuchel
Ne sachant que faire de lui, Tuchel lui a proposé de superviser pour lui les équipes adverses. "Je suis reconnaissant à Tuchel de m'avoir donné l'idée de devenir entraîneur", a-t-il témoigné à plusieurs reprises.
Comme Tuchel, il est adepte du pressing très haut et d'un jeu de transition ultra-rapide, très prisé en Allemagne.
Les joueurs du Bayern ne devraient pas être trop dépaysés, même si Nagelsmann, avec son obsession tactique, est sans doute plus proche de la philosophie Tuchel/Guardiola que de celle de Hansi Flick, partisan d'une plus grande liberté dans le jeu.
Mais il va se frotter en Bavière à deux des aspects les plus difficile de son métier au plus haut niveau, qu'il n'a pas encore connus: la pression du résultat, et la gestion d'une équipe de stars, dont le capitaine Manuel Neuer est plus âgé que lui.
Les entraîneurs, au Bayern, survivent rarement à une série de mauvais résultats.
Carlo Ancelotti, limogé en 2017 au bout de quinze mois, et Niko Kovac, remercié en 2020 après seize mois, peuvent en témoigner.
Les deux ont également été poussés dehors après avoir perdu la confiance du vestiaire. Hansi Flick fait ici figure d'exception: il est l'un des rares à avoir lui-même claqué la porte.