La Fifa a lancé vendredi la refonte du calendrier international au-delà de 2024, se disant ouverte à "tout" y compris l'organisation d'une Coupe du monde tous les deux ans, alors que les acteurs du football se déchirent déjà pour caser leurs compétitions et dénoncent la fatigue des joueurs.
"Le point de départ n'est pas: le calendrier est plein, donc rien ne change", a d'emblée balayé le patron de la Fifa Gianni Infantino, à l'entame du 71e congrès de l'instance organisé en visioconférence.
"Le point de départ est l'exact inverse. Nous partons d'une page blanche et nous sommes ouverts à tous les points de vue et opinions pour améliorer le calendrier international", a-t-il ajouté.
Gianni Infantino s'est gardé de défendre des positions personnelles sur ce terrain miné, se contentant de réitérer son intention de "trouver une date" pour son Mondial des clubs élargi à 24 équipes, malgré les réticences que suscite ce tournoi.
Mais il a longuement plaidé pour que la Fifa joue un rôle clé dans la réécriture du calendrier, en tant que "seul organe" qui "redistribue" ses revenus "dans le monde entier", à la différence des confédérations continentales et des ligues.
Wenger en éclaireur
"A la Fifa, nous devons protéger l'intérêt de tous", a-t-il assuré, se posant en unique rempart face au creusement des inégalités sportives dans le football, où "de moins en moins de pays et de moins en moins de clubs" se partagent les trophées.
Promettant de "discuter avec tout le monde", il a dit vouloir trouver "un équilibre entre le football de clubs et le football de sélections", privilégier "l'élément sportif sur l'élément financier", et définir "combien de matches un joueur peut disputer".
Mais le Congrès a dans le même temps voté une proposition de la fédération saoudienne, à une large majorité, pour mener "une étude de faisabilité sur les conséquences de l'organisation" de Mondiaux masculin et féminin "tous les deux ans".
Aucune échéance n'a été fournie pour toucher au joyau du foot mondial, principale rente de la Fifa, qui se dispute tous les quatre ans depuis 1930 chez les hommes et 1991 chez les femmes.
Loin d'être une pure initiative saoudienne, l'idée vient du directeur du développement de la Fifa, le Français Arsène Wenger, qui préconisait déjà en mars d'alterner chaque année Coupe du monde et championnat continental, "et d'arrêter tout le reste".
"Ressources limitées"
Ce Mondial biennal a de quoi allécher les diffuseurs mais crisper les championnats nationaux, les confédérations et tous les clubs qui constatent déjà l'épuisement des joueurs, sans parler des supporteurs méfiants face aux manoeuvres du foot-business.
"Peut-être devons-nous demander à l'UEFA et à la Fifa de prolonger l'année. Peut-être que nous pourrions avoir 400 jours par an", ironisait ainsi mi-avril Pep Guardiola, l'entraîneur de Manchester City.
Une telle refonte sonnerait le glas des matches amicaux, réorganiserait les phases de qualification, décalerait les tournois continentaux programmés deux ans après le Mondial, et imposerait aux clubs de libérer leurs internationaux chaque été - donc de retarder leur reprise et d'assumer un risque supplémentaire de blessure.
D'autant que l'année 2024 coïncide également avec l'entrée en vigueur du nouveau format de la Ligue des champions, prévoyant cent rencontres supplémentaires que l'UEFA ne sait encore comment programmer.
"Comme les ressources dans le foot sont limitées", notamment dans le marché des droits TV, "le premier qui recule a perdu et personne ne prend le risque d'organiser moins de matches", expliquait jeudi à l'AFP Raffaele Poli, responsable de l'Observatoire du football CIES à Neuchâtel.