Le patron de la Horse Racing Division (HRD), Wayne Wood, s’exprime sur le report du coup d’envoi de la saison hippique. Dans l’entretien qui suit, l’Australien avance que son équipe était prête à démarrer la nouvelle saison dès ce samedi, comme auparavant préconisé par la Mauritius Turf Club Sports and Leisure Ltd.
Il y a eu un coup de froid dans les relations entre la HRD et la MTCSL cette semaine, avec un échange de correspondances assez musclé. Que se passe-t-il au juste ?
En ce qui nous concerne, mon équipe et moi, nous faisons notre travail du mieux de nos possibilités. La Horse Racing Division (HRD) opère selon un cadre légal bien défini, soit sous la Gambling Regulatory Authority (GRA) Act, laquelle veut que la Mauritius Turf Club Sports And Leisure (MTCSL), qui est une compagnie publique, réponde à des critères spécifiques pour obtenir une licence d’organisateur de courses hippiques. En toute bonne foi, nous avons accordé une dernière extension de délai à la MTCSL, soit jusqu’au 25 mars 2022, pour qu’elle se conforme à toutes les conditions, y compris qu’elle présente un certificat de solvabilité.
Laissez-moi quand même vous faire l’historique de ce qui s’est passé, afin que vos lecteurs situent mieux le contexte. La MTCSL a fait une demande pour obtenir une licence d’opérateur de courses hippiques auprès de la HRD le 7 février 2022. Le 8 février, elle a envoyé une lettre, prenant l’engagement que ses comptes seraient audités d’ici le 28 février 2022, et qu’elle nous les fera parvenir. Ce sont des documents essentiels pour l’obtention de la licence. En attendant de les recevoir, la HRD a commencé à se pencher sur la demande de la MTCSL. Mais cette dernière n’a pu honorer ses engagements. La HRD lui a alors écrit le 8 mars pour lui demander, une fois encore, de soumettre les documents manquants au plus tard le 11 mars. À la veille de ce délai, soit le 10 mars, la MTCSL a écrit à la HRD pour demander plus de temps, car elle n’était pas prête. C’est alors que nous avons donné jusqu’au 25 mars à la MTCSL pour qu’elle puisse soumettre tous les papiers nécessaires.
Et puis, il y a eu la lettre commune MTC/MTCSL le 15 mars, informant la HRD qu’elle ne pourra opérer sans que certaines conditions soient réunies, c’est-à-dire une réduction de la « betting tax », la permission aux bookmakers d’opérer hors du Champ-de-Mars, la présence du public aux courses et l’application d’un coût fixe pour les bookmakers par journée de courses. La HRD a répondu que ce sont des décisions politiques, qui ne sont pas de son ressort. Et, que ce n’est pas à la MTCSL, qui est demandeuse d’une licence d’organisateur de courses, de dicter les conditions au régulateur. Nous avons également dit à la MTCSL qu’au cas où elle ne respecte pas le délai du 25 mars, la HRD déduira qu’elle n’est plus intéressée d’obtenir une licence pour organiser les courses hippiques.
La MTCSL a également argué que les Rules Of Racing publiés par la HRD le 10 mars sont sa propriété intellectuelle. Que répondez-vous ?
Les codes des courses sont plus ou moins similaires à travers le monde. L’International Horse Racing Federation (IHRF) dessine les grandes lignes qui sont suivies par les différentes juridictions hippiques. Elles comprennent les substances prohibées, l’enregistrement des entraîneurs, propriétaires et bien d’autres choses. S’il y a un incident qui crée un précédent dans un centre hippique quelque part dans le monde, les autres juridictions vont tout de suite amender leurs « rules» en conséquence. Existe-t-il une Intellectual Property Right sur une loi sur les homicides ?
Les entraîneurs, les propriétaires et le public ont hâte que la saison démarre. La HRD et la MTCSL le disent aussi. Mais il y a ce sentiment que ce ne sera pas une mince affaire. La saison 2022 est-elle compromise ?
Je comprends ce sentiment, car il y a eu plusieurs obstacles jusqu’ici. La HRD attend impatiemment la date du 25 mars pour connaître la position de la MTCSL, afin d’avoir une idée plus claire de la situation. Il nous fallait fixer un délai pour que les entraîneurs et les propriétaires de chevaux, ceux qui investissent leur temps et leur argent, sachent une fois pour toute à quoi s’attendre. Je peux vous assurer que la HRD est prête. La MTCSL ne l’est pas encore, mais je souhaite qu’elle le sera. La HRD veut démarrer le plus tôt possible pour tous ces Mauriciens qui aiment ce sport et qui n’attendent que le premier « go » de la saison.
À ce jour, la HRD est-elle prête à opérer à 100 % ? Les courses peuvent démarrer aujourd’hui. Nous avons les personnes qu’il faut dans les positions stratégiques, et ce sont des professionnels étrangers qui ont des décennies d’expérience. Dois-je vous rappeler que la MTCSL avait soumis une demande en décembre 2021 pour organiser 40 journées de courses, et qu’elle avait identifié le 19 mars (Ndlr, ce samedi) pour démarrer ? La HRD est, elle, prête pour une journée ce 19 mars 2022.
Quels sont les facteurs qui pourraient compromettre complètement cette saison ?
J’espère qu’on en n’arrivera pas jusque-là. Je n’ai pas une boule de cristal. Qui aurait pu imaginer ce que le monde allait vivre ces deux dernières années avec la Covid ? Ceci dit, les gens doivent comprendre que la HRD agit selon une loi votée au Parlement. Je suis d’opinion que tout le monde doit travailler main dans la main dans l’intérêt de l’industrie hippique. Je profite de l’occasion pour remercier toutes les personnes, particulièrement ceux qui investissent et ceux qui gagnent leur vie grâce aux courses, qui ne cessent d’avoir des mots élogieux pour mon équipe et moi.
Avez-vous le sentiment que la MTCSL pourra respecter le délai du 25 mars pour soumettre tous les documents requis pour l’obtention de sa licence ?
Malheureusement, je ne peux pas vous répondre. C’est une question à poser à la MTCSL.
Vous avez confié aux entraîneurs que vous avez un plan B au cas où la MTCSL n’obtienne pas sa licence. Quelle est donc cette option ?
Je vous demanderai d’attendre le 25 mars. On en saura plus…
À la demande des entraîneurs, une troisième date, soit le 23 avril, a été avancée pour le coup d’envoi de la saison, après celle du 19 mars et du 9 avril. Il semble que les conditions climatiques ont également décidé de vous mener la vie dure. Quelles sont les conséquences de ce renvoi ?
Les conditions climatiques et la situation de la MTCSL d’ici le 25 mars vont dicter ce qui va se passer. Attendons voir. Le Mauricien risque-t-il d’être privé de son sport favori cette année ? Je crois dur comme fer que les amoureux du cheval auront le plaisir de voir les courses à Maurice cette année. Je ne suis pas venu ici pour m’asseoir dans un bureau et admirer le paysage par la fenêtre. Les courses de chevaux comptent autant pour moi que pour les Mauriciens qui tiennent beaucoup à leur héritage vieux de 210 ans.
Quelle sera la part de responsabilité de la HRD si jamais les courses n’ont pas lieu cette année ?
Aucune, car la HRD est prête pour démarrer la saison !