Commission d’enquête - MTC : Vers la fin du monopole ?

Mardi 07 Avril 2015 Défi Turf O commentaire 0 views
L’organisateur des courses est au tapis. Le rapport de la commission d’enquête sur l’industrie hippique mauricienne a octroyé un certificat d’incompétence au Mauritius Turf Club (MTC). Une Mauritius Horseracing Authority (MHA) pourrait voir le jour pour contrôler les activités liées aux courses de chevaux. L’impression qui se dégage, c’est que le monopole du MTC sur les courses touche bientôt à sa fin. Du moins, si le gouvernement de sir Anerood Jugnauth applique les recommandations de la commission d’enquête composé des Anglais Richard Parry (président), George Gunn et John Paul Scoteny. Leur rapport, déposé au Parlement mardi par le Premier ministre, n’y va pas de main morte contre les institutions chargées d’organiser les courses et de veiller que tout se déroule selon les règles, et dans l’intérêt du public en général. Mise sur pied par l’ancien régime, la commission Parry est arrivée à la conclusion que le MTC ne peut plus conserver ses pouvoirs de « régulateur » et de « gestion » de l’industrie hippique à Maurice. La raison ? Parce que, selon Richard Parry & Co., les dirigeants du Club étaient au courant que la situation s’aggravait avec des supposées pratiques douteuses, mais que ses dirigeants ne faisaient rien pour remédier à la situation, laissant le MTC à une « apparente corruption institutionnalisée ». De ce fait, le rapport de la commission d’enquête préconise la création d’une Mauritius Horseracing Authority (MHA), qui aura le rôle de chapeauter tout ce qui a trait aux courses à Maurice. Le MTC serait alors réduit à faire le « planning » et à assurer l’organisation des journées de courses. C’est la MHA qui aurait alors les pouvoirs d’octroyer les permis aux jockeys, écuries, organisateurs de paris, etc , d’appliquer les ‘rules of racing’, de nommer les commissaires des courses, les employés des jours de courses (starters, Clerk of the Scales, flagmen, weighing room/security staff), de s’occuper des cas ayant trait à la médication, de trouver les fonds nécessaires pour son opération, d’avoir un ‘Integrity Department’ avec des statuts légaux, et un panel disciplinaire (corps indépendant et comité d’appel). De nombreuses failles De même, la future MHA sera composée de personnes aux postes suivants : président et un board non-exécutif, Chief Executive, ‘Racing Regulatory and Governance Department’ et ‘Corporate/HR Functions’. Il est bon de souligner que Richard Parry conseille qu’aucun employé de la MHA ne devrait être membre du MTC. Tout cela, ceux qui ont rédigé le rapport le recommande parce que, de leur point de vue, le MTC est « fracturé » avec ses guerres de clans, précisant un manque d’indépendance créant des situations conflictuelles, citant, entre autres, comme exemple que le General Manager et son assistant doivent voter pour leurs employeurs lors de l’assemblée générale élective, étant eux-mêmes membres du Club. La conclusion selon laquelle « (…) although no firm evidence was produced to indicate that senior officials or members of the Turf Club were, themselves, involved directly in corrupt activities, there is a belief that, corporately, they are aware of such matters taking place in horse racing in Mauritius and are failing corporately to address such concerns » peut amener le gouvernement à revoir la Gambling Regulatory Act de 2007 et d’aller de l’avant avec une Mauritius Horseracing Authority, réduisant significativement le rôle du Mauritius Turf Club. D’autant qu’il est spécifié dans le rapport que le MTC, tel qu’il fonctionne actuellement, comporte de nombreuses faiblesses, notamment (i) le manque de contrôle sur ses revenus, (ii) des pouvoirs limités dans les négociations sur les contrats commerciaux en vigueur, (iii) l’incapacité de trouver une solution adéquate au problème de paris illégaux, etc… Laboratoire et sécurité - Les bons élèves… Heureusement pour le club de la rue Eugène Laurent, à Port-Louis, que le rapport Parry a quand même distribué des bonnes notes sur certains aspects de son fonctionnement et certains départements. « It was evident that all of the main race-day functions are carried out along similar lines to most other major horse racing jurisdictions, including Great Britain, and the Commission observed nothing of concern », peut-on lire dans le rapport. Outre le fait de recommander que le MTC conserve son rôle de ‘race planning’ et d’organisateur des journées de courses, la commission d’enquête ne trouve rien à dire sur le ‘set up’ du laboratoire et sur le contrôle contre le dopage : « after careful examination of the facts, the Commission found no real evidence that the deliberate doping of horses is currently a serious threat to the integrity of Mauritian horse racing any more than in other racing jurisdictions. » De toute évidence, les points positifs sont tellement rares dans le rapport que cela ne donne même pas au MTC un motif pour sourire. Vaut mieux, vu la circonstance, rire jaune… Les ‘clans’ - Ils ont mis le Club à genoux Le rapport Parry ne passe pas par quatre chemins : la guerre des clans a causé beaucoup de torts au Mauritius Turf Club. Un Administrateur a même déclaré lors de son audition par la commission d’enquête que « la division au MTC a mis le Club à genoux. » Le terme ‘clans’ fait référence à deux factions distinctes, l’une pro-Gilbert Merven, l’ancien président remplacé par Jeenarain Soobagrah en février dernier, et l’autre qui jurerait fidélité à un ancien président. Même si le nom n’est pas mentionné, référence est faite ici à Jean-Michel Giraud. À propos de cette bataille, le rapport dit ceci : « It is abundantly clear to the Commission that the MTC is riven with division and malcontent. Indeed, a common description used by many of the deponents who gave evidence was that the MTC comprised ‘two clans’ – one side supporting the current President and the other supporting a former President(…)Such division, coupled with the strength of some of those in opposition to the current President and his regime, which include a former President and former Administrators, members of the judiciary and prominent licensed personnel, does not bode well for the Club. » Ce qui amène Richard Parry et ses assesseurs à conclure que des changements fondamentaux sont nécessaires au MTC. « The Commission also concludes that the problems identified by the Inquiry are not confined to corporate governance issues within the Club. » Le rapport suggère donc que le statut du MTC soit changé de celui de « Club privé » à « compagnie publique ».  

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