L’écurie Maingard a bien démarré la saison, ramenant deux victoires samedi dernier. L’entraîneur de l’établissement ne le dit pas, mais il est confiant que son yard fera une bonne saison. Par ailleurs, Ricky Maingard accueille favorablement le rapport de la commission d’enquête et la création probable d’une Mauritius Horseracing Authority. Entretien.
La réussite de Chinese Gold, samedi dernier, a dû faire très plaisir, d’autant qu’il a, enfin, ouvert son compteur…
Ce coursier avait toujours du potentiel, mais il avait connu un problème majeur au sabot avant son arrivée. Nous avons pris tout le temps qu’il faut pour le ramener à un bon niveau. J’espère qu’il nous ramènera d’autres victoires.
Elite Class reprend les choses là où il les avait laissées en 2014…
Nous avons quand même eu chaud vers la fin, lorsque le cheval de Cédric Ségeon est revenu fort. Mais heureusement qu’Elite Class a montré de la résilience jusqu’au bout.
Jusqu’où peut-il aller, selon vous ?
Aucune idée. On saura lorsqu’il aura couru 5-6 fois. L’avenir nous le dira.
C’est bien parti pour vous. Les deux victoires vous mettent sur les rails pour la suite…
Il n’y a rien de surprenant dans notre démarrage. Je connais Brandon Lerena de longue date. Il a beaucoup de talent et il connaît bien la piste. C’est un bon ‘horseman’ et nous nous entendons bien.
Quels sont donc vos objectifs à court et long terme ?
Nous voulons surtout être bien représentés dans les grandes courses. Counts Rocket et Top Jet sont de bons chevaux. Nous espérons pouvoir compter sur eux à l’avenir. One Cool Dude s’est bien adapté. Il effectuera un ‘barrier trial’ la semaine prochaine. On verra alors quand il pourra débuter. On a beaucoup d’espoir. On a un plan de travail bien étoffé. On s’attend juste à un peu de chance.
Le titre d’écurie championne est-il un objectif principal cette saison ?
Je ne pense surtout pas au titre. Cela n’a jamais été un objectif en soi.
Vous ne visez même pas un nombre de victoires ?
Non. Disons que nous voulons remporter le maximum de courses. Il nous faut bien gérer notre effectif. Tout le monde dit qu’ici les chevaux peuvent courir à leur meilleur niveau pendant deux saisons. Moi je dis plus… Au moins trois ans… Si nous avons les moyens de les remplacer il n’y a aucun souci, sinon il s’agit de bien gérer.
Quel serait un score acceptable pour vous : faire aussi bien qu’en 2014 ou faire mieux ?
Vous essayez de me tirer les vers du nez ! Je pense que l’écurie qui peut ramener autant de victoires qu’il y a de journées cette saison (Ndlr : 35) aura réalisé une saison remplie. Allons dire que c’est un critère sur lequel nous nous alignons.
Ce début de saison est marqué par les mesures budgétaires et le rapport de la commission d’enquête. Comment les avez-vous accueillis ?
Le rapport est là. C’est clair et net que les investigateurs anglais sont des gens sérieux et reconnus dans le domaine. Il faut s’y attarder. Il ne faut pas mettre les suggestions de côté, ni trouver des excuses ridicules. Il va de soi que le rapport s’attaque à trois noyaux distincts : le MTC, la Police des Jeux et la GRA. Il faut rectifier le tir. Mais le plus important c’est de voir ce qui doit être fait pour le bien des courses. Il faut surtout cesser avec les bagarres inutiles et frivoles.
Êtes-vous en faveur de la création d’une Mauritius Horseracing Authority ?
Oui, c’est une bonne chose. Il faut aller dans cette direction. Cela se fait ailleurs. Je me souviens qu’il y avait un ‘think tank’, un atelier de travail de deux jours à Flic-en-Flac lorsque Gilbert Merven était devenu président pour la première fois. Les Sud-Africains avaient alors recommandé la création d’un tel organisme. Moi je trouve que ce serait une bonne chose, pourvu que ce soit des gens compétents qui soient choisis pour y siéger, et non des agents politiques. Il nous faut nommer des personnes indépendantes, valables et qui ont une connaissance du fonctionnement de l’industrie et du mécanisme des cotes.
Que le MTC garde l’organisation des courses sous sa responsabilité est une bonne chose, car je trouve qu’il le fait exceptionnellement bien. C’est une bonne idée aussi que le MTC puisse opérer son propre Tote. Personnellement, je suis en faveur du système de ‘Totalisor’, comme cela se fait en France, au Japon, à Hong-Kong, à Singapour et aux États-Unis, entre autres. Je comprends les habitudes des gens, mais il faut chercher la meilleure solution pour l’industrie. C’est important que l’argent injecté dans le circuit puisse y retourner.
L’an dernier vous étiez préoccupé par la sécurité au Champ-de-Mars. L’êtes-vous moins ou vous sentez-vous toujours très concerné ?
La sécurité est toujours primordiale. Cette année, nous avons bougé dans un nouveau yard et nous avons dépensé de grosses sommes d’argent pour installer des caméras de surveillance dans les boxes des chevaux. J’espère que cela deviendra moins nécessaire avec le temps. Depuis que je suis venu à Maurice, j’ai dû changer mes méthodes. Le système est différent et j’essaye toujours de mieux faire.
Êtes-vous optimiste pour l’avenir des courses ?
Absolument. Certains ne le réalisent pas, mais l’industrie hippique a une grande importance sociale. Nous avons 1.3 million d’habitants et notre île réunit les grandes religions du monde, qui se côtoient en toute harmonie. Depuis que je suis ici, j’ai constaté que le Champ-de-Mars est le seul endroit où tout ce monde-là se réunit. Ce serait dramatique si cela n’existait plus. Je suis confiant en l’avenir des courses, pour le côté sportif, pour son aspect et pour l’amour du cheval, qui est un animal noble. Pour cela, il nous faut définitivement mettre de l’ordre.