À moins d’un revirement de situation, Mike Lafleur ne sera plus l’entraîneur national de la voile après les Jeux des îles de l’océan Indien. Après plus de douze ans à ce poste, il a soumis sa démission à la Mauritius Yatching Association (MYA).
Le courant ne passe pas entre l’actuel président de la fédération de voile et vous ? Les problèmes ont commencé quand j’ai attiré l’attention sur l’état du matériel, lors d’une compétition en 2014. Le fait que je dise tout haut ce que je pense a étonné. Je mérite plus de respect. J’ai assumé le poste d’entraîneur national en tant que bénévole pendant plusieurs années. Ce n’est que récemment que j’ai commencé à recevoir une petite allocation du ministère. Je n’ai pas assisté aux dernières réunions du comité technique simplement parce que j’avais été prévenu trop tard. J’avais aussi envoyé mon plan stratégique pour les Jeux depuis la mi-mars. Tous les membres étaient au courant du déplacement que je voulais faire à Singapour, pour les Championnats d’Asie. Quand j’ai appris qu’on n’aurait pas le financement pour ce voyage, j’étais très déçu. Surtout quand j’ai su que c’est le président et son ‘advisor coach’ qui l’ont décidé, sans me consulter. Qu’avez-vous fait par la suite ? La situation est très malsaine. C’est décourageant. J’ai tout fait de manière professionnelle pour avoir les meilleurs résultats possibles, mais tout peut s’écrouler à tout moment, surtout quand vous êtes entouré de gens qui ne maîtrisent pas le sujet. J’ai déjà soumis ma démission en tant qu’entraîneur national. Cela prendra effet après les Jeux de La Réunion. J’en ai ras le bol… Ces Jeux d’Asie étaient si importants que cela ? Nous n’avons pas eu de frottements avec des étrangers depuis la Coupe de l’Océan Indien, que nous avons remportée face aux Réunionnais et Seychellois. Ce déplacement était une étape importante dans notre programme de préparation, car il m’aurait permis d’avoir une idée précise de notre niveau par rapport aux meilleurs. J’aurai pu évaluer les progrès de mes barreurs et voir ce qu’on pouvait ajuster à deux mois des Jeux. La fédération a proposé un stage à Maurice, dispensé par un entraîneur étranger. J’espère que ce ne sera pas le même entraîneur italien avec lequel deux de mes athlètes avaient eu un stage pour débutants la dernière fois, à Malte. Ce dont on a besoin, c’est d’un stage pour de haut niveau. Dans cette affaire de déplacement, on nous a menés en bateau ! Vous aurez quand même de nouveaux équipements. N’est-ce pas ? J’espère que nous les aurons avant les Jeux. Nous avons passé une commande depuis janvier et nous n’avons rien reçu jusqu’à présent. Nous avons un gros problème d’équipements. Certains sont en douane depuis 2014. En outre, un bateau dont nous avons besoin pour l’entraînement en vue des ‘team races’, il n’a toujours pas été dédouané… Que répondez-vous quand les gens disent que la voile est un sport réservé à une certaine catégorie de personnes ? Je suis fier d’avoir été le premier président de couleur de la fédération. Au début, c’était un cercle fermé, mais Jean-Claude Farla a remporté la première médaille d’or en planche à voile, en 1985. En 2000 quand je suis devenu président, on a décidé de démocratiser ce sport. On a pu compter sur les services de Xavier Fabre, qui a agi en tant que DTN gratuitement de 2000 à 2002. Nous avons fait le tour des ‘boat houses’ de tous les hôtels du littoral pour dénicher les talents afin de mettre sur pied une équipe en vue des JIOI de 2003 à Maurice. Quand Xavier Fabre a été nommé officiellement DTN en 2002, il lui fallait un entraîneur national. J’ai alors démissionné comme président pour assumer ce poste. Nous avons remporté trois médailles d’or, deux d’argent et une de bronze, terminant en tête de cette discipline en 2003. Xavier Fabre n’a pas été reconduit à son poste après ces Jeux et j’assume le poste d’entraîneur national depuis. Nous avons depuis fait le maximum pour vulgariser ce sport, en organisant des compétitions dans le maximum de régions de l’île. Combien de clubs fonctionnent réellement ? Il n’y a que deux reconnus officiellement à ce jour, soit le Pointe Jérôme Yatching Club de Robert Rault, et le mien, le Grand Baie Regata SC. C’est une des raisons pour laquelle cette fédération aura toujours besoin de dérogation du ministère pour fonctionner. Maintenez-vous qu’on n’a pas de chance de médaille à La Réunion ? Le moral était au plus bas parmi les sélectionnés. Nous avons tout fait, avec l’aide des parents, pour remotiver les jeunes. Heureusement que j’avais mon plan B. Nous nous entraînons sept jours sur sept avec des jours réservés que pour des courses. Nous faisons le maximum. Les jeunes naviguent parfois jusqu’à fort tard le soir. C’est pour vous dire leurs motivations. Nous aurons certainement des surprises. N’avez-vous pas peur d’attaque de requins dans les eaux de La Réunion ? Tous les sports comportent des risques. Un cycliste peu déraper et se cogner la tête contre un rocher lors d’une descente. Nos barreurs n’y penseront même pas. Ils seront prêts psychologiquement pour se battre et gagner. En ce qui me concerne, je veux quitter la scène la tête haute.