Le président du Conseil international des Jeux des îles de l’océan Indien (CIJ) persiste et signe: Maurice organisera la 10e édition de cette compétition en 2019 malgré les pressions diplomatiques exercées par les Comores. Par ailleurs, il annonce des amendements à la Charte des Jeux, afin de réduire le pouvoir de chantage des pays organisateurs.
La moisson de médailles aux 9es Jeux des îles de l’océan Indien a été meilleure que prévu. Vous avez eu tort de douter…
Nous aurions pu faire beaucoup mieux. Sur un total de 66 médailles d’or, quatre disciplines en ont ramené 54, notamment l’haltérophilie 21, l’athlétisme 19, dont 11 en handisport, le badminton 7, et la natation 7, dont 3 en handisport. Je dis un grand bravo à tous les sportifs qui ont défendu dignement le quadricolore aux Jeux des îles, ainsi qu’aux Jeux d’Afrique.
Par ailleurs, il faut se rendre à l’évidence qu’à l’exception du pays hôte, La Réunion, les autres pays participants, à l’instar des Seychelles et Madagascar, n’ont pas mis le paquet en raison de difficultés financières. Le gouvernement mauricien a, pour sa part, investi massivement dans la préparation au dernier moment. Mais la performance de certaines disciplines laisse à désirer.
Comment expliquer ces contre-performances ?
Il n’y a pas eu de miracle. Les fédérations sportives stables et sérieuses ont apporté les résultats escomptés. Les autres n’ont fait que récolter ce qu’elles ont semé. Les sportifs ne sont pas à blâmer, mais plutôt les dirigeants. Car ils n’assument pas leurs responsabilités. Tant que ce sera ainsi, on ne devrait pas s’attendre à grand-chose.
Vous êtes le président du Conseil International des Jeux (CIJ). Cette instance a été pointée du doigt, notamment après le retrait des Comores des Jeux à La Réunion et l’interdiction de jouer les hymnes nationaux. Le CIJ a-t-il perdu le Nord pendant les Jeux ?
J’avoue que les derniers Jeux des îles, à La Réunion, ont été les pires de l’histoire. Cela a été un fiasco en terme organisationnel. C’est vraiment triste que les sportifs comoriens n’étaient pas de la partie. Cela a gâché la fête. Pour moi, il est clair que c’était un acte prémédité des dirigeants comoriens. Cependant, c’est malheureux de la dire, mais le pays organisateur veut toujours dicter sa loi. La France a insisté pour que Mayotte défile avec le drapeau français et utilise la Marseillaise, alors que la Charte des Jeux stipule que les Mahorais doivent évoluer sous le drapeau des Jeux. Tout comme ils doivent utiliser l’hymne des Jeux. En interdisant les hymnes nationaux et le lever des drapeaux, nous avons sauvé les 9es Jeux des îles, qui ne tenaient qu’à un fil avec la menace de Madagascar et des Seychelles de quitter les Jeux.
Donc, le Conseil International des Jeux n’a aucune autorité ?
Le CIJ est comme un tigre sans dent. Compte tenu des ambiguïtés au niveau de la Charte des Jeux et des différentes interprétations, nous avons du souci à faire respecter les règlements. Nous travaillons déjà sur des amendements qui seront proposés à la Charte des Jeux pour éviter les problèmes à l’avenir.
Les Comores reprochent à Maurice de leur avoir volé l’organisation des 10es Jeux des îles. Que répondez-vous ?
Les Comoriens exagèrent. L’organisation des Jeux des îles de 2019 leur avait été confiée sous certaines conditions. Les Comores n’ont pas été en mesure de respecter ces conditions, bien que nous leur ayons accordé suffisamment de temps. Ce n’est pas Philippe Hao Thyn Voon, mais le CIJ qui a pris la décision de retirer l’organisation des 10es aux Comores pour la confier à Maurice. Nous ne voulons pas que l’histoire de 2002 se répète.
Il y a des pressions diplomatiques pour tenter de renverser la décision prise par le CIJ lors d’une réunion extraordinaire en octobre dernier. Quelle est votre position ?
Maurice accueillera les Jeux des îles de 2019, comme en a décidé le Conseil International des Jeux. La prochaine réunion du CIJ aura lieu en février prochain à Maurice.
Il y a plusieurs démissions au sein de l’exécutif du Comité Olympique Mauricien au cours de l’année. Comment expliquez-vous cette situation ?
Rassurez-vous, il n’y a pas de feu dans la maison. Ce sont des démissions justifiées. Sur les trois démissionnaires, un a décidé de ne plus servir la cause olympique et les deux autres ont quitté la barque en raison de problèmes de santé. Cela ne perturbe en rien le comité, car nous avons le quorum requis pour fonctionner. Nous ne prévoyons pas de remplacement. Nous allons poursuivre avec les membres restants jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio.
En parlant de JO de 2016, vous vous attendez à combien de qualifiés mauriciens ?
Pour un petit pays comme Maurice, avoir 10 qualifiés serait satisfaisant. Nous avons déjà trois qui ont leur billet en poche, en l’occurrence Jonathan Drack, Yannick Lincoln et Bradley Vincent. Plusieurs sportifs sont dans la course pour la qualification olympique. J’espère qu’ils y parviendront.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports vient de l’annoncer : il n’y aura pas d’amendement à la Sports Act, mais une nouvelle loi à la rentrée parlementaire. Comment accueillez-vous cette décision ?
Il y a tellement de modifications à apporter, je trouve que c’est mieux de venir avec un nouveau Sport Bill. Une seule fédération est en conformité avec la loi actuelle. Je fais confiance au ministre Yogida Sawmynaden qui, contrairement à son prédécesseur, a impliqué toutes les parties concernées, notamment le COM, les fédérations sportives et autres instances sportives afin d’avoir une loi qui convient à tout le monde.