Kimberley Le Court de Billot-Pienaar vise grand pour les Jeux olympiques de Paris. De passage à Maurice pour les championnats nationaux où elle a réalisé le doublé, la Mauricienne revient sur ses six premiers mois avec l’équipe professionnelle AG Insurance-Soundal.
Votre passage à Maurice a été fructueux avec les deux titres remportés lors des championnats nationaux. Comment accueillez-vous ces victoires ?
C’est vraiment spécial. Je n’avais jamais réalisé un doublé lors des championnats nationaux auparavant. Je suis très fière d’avoir eu l’opportunité de revenir d’Europe. Ce n’était pas facile de quitter l’équipe. Je suis heureuse à l’idée de porter les couleurs de mon pays sur mon maillot, que ce soit pour le contre-la-montre ou la course sur route.
Pourtant, entre la mauvaise météo et le manque de coureuses, ce n’était pas évident, n’est-ce pas ?
(Rires) Effectivement, le temps n’était pas génial. Il a plu du début à la fin. Il a également fallu trouver des coureuses, mais je suis contente que nous ayons pu réunir le nombre. Les filles étaient motivées pour rouler avec moi. Par contre, le parcours de la course en ligne était différent. Il passait par Eau-Bleue entre autres. Ce n’est pas comme le circuit de Sorèze, qui est parfois ennuyeux. Concernant le trafic, la police n’était pas toujours attentive, mais il faut faire avec.
Depuis le début de 2024, vous êtes dans une nouvelle dimension avec l’équipe professionnelle d’AG Insurance-Soundal. Comment ça se passe ?
C’est extraordinaire. À Maurice, il est peut-être difficile de voir comment ça fonctionne. Tout est tellement bien organisé. En tant que cycliste, je dois simplement me concentrer sur la performance sur la route, me focaliser sur les entraînements et bien dormir. C’est la vie dont j’ai rêvé depuis mon plus jeune âge. J’ai bien l’intention d’y rester le plus longtemps possible. Je suis sur la bonne voie.
Quel bilan faites-vous après ces six premiers mois ?
Pour être franche, j’ai été assez surprise par l’accueil. Mes coéquipières m’ont très bien intégrée, même si je suis très timide. Ce qui ne se voit pas toujours. J’avais vraiment peur de la manière dont cela allait se passer. Cependant, dès le départ, je me suis sentie comme à la maison.
Quelle est l’épreuve qui vous a le plus marqué jusqu’ici ?
Sans aucune hésitation, le Top 10 au Paris-Roubaix. J’ai participé à cette course avec une déchirure aux ligaments du poignet, sans le savoir. À l’arrivée, j’étais convaincue que j’aurais pu prétendre à un meilleur classement si j’avais été dans le groupe de tête. Malheureusement, j’étais un peu trop en retrait sur les pavés. Paris-Roubaix demeure une course mythique dans le monde du cyclisme. Je n’aurais jamais pensé terminer dans le Top 10 de l’une des courses du circuit mondial. Récemment, le Tour de Catalogne a aussi prouvé que je pouvais grimper avec les meilleures sur plus de 2 000 m de dénivelé. Évidemment, il me manque encore beaucoup d’entraînement pour parvenir au sommet, mais c’est excitant de voir mes capacités.
Comment va votre poignet depuis ?
On a réussi à le stabiliser, afin que je ne ressente plus de douleur. Au cas contraire, je vais devoir subir une opération à la fin de la saison.
À part les entraînements, que vous manque-t-il pour devenir la meilleure cycliste du circuit mondial ?
Je suis encore inexpérimentée dans ce domaine. Il faut mieux gérer la nutrition et tout ce qui se passe autour quand je ne suis pas sur le vélo. Il est également primordial de connaître ses adversaires, les tactiques à adopter et les différents parcours. J’apprends beaucoup avec ma nouvelle équipe, notamment grâce à mes coéquipières. Tout est nouveau. Cette année sera révélatrice, car tout va tellement vite. Je suis passée d’une inconnue à l’une des leaders d’une équipe professionnelle. C’est incroyable.
Vous attendiez-vous à atteindre ce niveau en si peu de temps ?
Non, pas du tout. Je me suis surpris moi-même et j’ai surpris d’autres personnes. C’était un petit choc. Plus jeune, on me disait que je pouvais être une des meilleures. Je n’y croyais pas trop. Désormais, j’ai l’intime conviction. Je sais où est ma place au cœur du peloton. Elle est parmi les meilleures. Je suis heureuse de montrer à certaines mauvaises langues qu’elles avaient tort.
À un peu plus d’un mois des Jeux olympiques de Paris (26 juillet-11 août), quel est le plan pour arriver en forme le Jour-J ?
Je serai à fond lors des entraînements. Je participerai au Giro d’Italie, qui démarre le 7 juillet. C’est un gros objectif, car je serai l’une des leaders de l’équipe. C’est une opportunité de peaufiner ma condition physique. Néanmoins, il faudra que je sois très prudente, puisque tout peut arriver. Croisons les doigts pour que je reste sur mon vélo, parce que les JO de Paris seront juste après. Il faudra bien récupérer pour être prête avant les Olympiades.
Vous êtes considéré comme celle qui pourrait permettre à Maurice de décrocher sa deuxième médaille aux JO. Vous y croyez ?
En effet, beaucoup y pensent. Malgré tout, je ne veux pas me mettre trop de pression. Je suis plus performante quand je suis dans ma bulle. Cependant, je suis consciente que je peux réaliser quelque chose de spécial aux JO de Paris. Je suis vraiment satisfaite de ma forme, même s’il reste encore beaucoup d’entraînement jusqu’aux Jeux olympiques. Les choses peuvent tourner en ma faveur. Les grandes équipes pourraient se surveiller mutuellement. Ce sera à moi de saisir l’occasion de m’infiltrer dans la bonne échappée. Il ne faudrait pas que l’on me considère comme une véritable menace, même si mon nom a été sur le devant de la scène pendant les six premiers mois.
Avez-vous d’autres objectifs pour l’après-JO ?
Normalement, il est très probable que je participe au Tour de France. Je devrais être l’une des leaders, tout comme pour le Giro d’Italie. Tout va tellement vite dans le cyclisme que je préfère ne pas me focaliser sur cette épreuve pour le moment. Elle aura lieu une semaine après les JO, mais le Tour de France reste l’une des principales missions de la saison. Ensuite, je devrais prendre le départ des championnats du monde.