Le président du Comité olympique des Comores déplore le manque de fermeté du Conseil International des Jeux vis-à-vis de la France et de Mayotte, qui ont violé la Charte des Jeux. Dans la foulée, il réaffirme la légitimité de son pays d’organiser les 10es Jeux en 2019.
Avec le recul, pensez-vous que l’État comorien a pris la bonne décision en demandant à ses sportifs de quitter les Jeux ?
C’était une décision difficile pour les Comores, car nos sportifs se sont préparés assidûment ces quatre dernières années pour participer à ces Jeux. Malheureusement, il y a des événements qui nous ont poussés à prendre une décision radicale. Le Conseil International des Jeux (CIJ) a failli à ses responsabilités. C’est le rôle du CIJ d’assurer que la Charte des Jeux est respectée et que les règlements sont appliqués sans aucune distinction. Voilà ou cela nous mène lorsque les règlements sont bafoués. C’est tout à fait normal que nous réagissons au manque de respect de La Réunion et de Mayotte vis-à-vis de la Charte des Jeux.
Donc, le CIJ est responsable de cette situation ?
Définitivement. Ce problème aurait pu être évité si le CIJ avait appliqué la Charte des Jeux. Les sportifs comoriens auraient été de la partie. D’autant plus que le cas de Mayotte a toujours fait débat lors des sessions plénières du CIJ.
Il faut aussi reconnaître que le problème Comores-Mayotte dépasse le cadre sportif…
Je ne vais pas me tremper dans les conflits politiques concernant la souveraineté de Mayotte. Par contre, la Charte des Jeux stipule clairement que Mayotte en tant que « membre neutre au sein du CIJ » doit utiliser le drapeau et l’hymne des Jeux. Je n’invente rien.
Le retrait des Comores a gâché quelque peu la fête réunionnaise. Était-ce un coup préparé à l’avance ?
Ce n’est nullement un acte prémédité. Nous avons toujours exprimé notre position par rapport à la participation de Mayotte. Nous avons fait des concessions en autorisant la participation des sportifs mahorais, en nous inspirant de la Charte Olympique lorsqu’une délégation des Jeux Olympiques pose problème. Comme dans le cas de Taïwan, qui participe et défile avec le drapeau des Jeux, alors que la Chine réclame que ce pays participe sous ses couleurs.
Par ailleurs, nous ne sommes nullement responsables des problèmes autour des Jeux des Iles. J’attribue plutôt un carton rouge à La Réunion, en tant que pays organisateur. Il y a une pluie de critiques qui s’abat sur l’organisation de ces 9es Jeux des îles.
Approuvez-vous la décision du CIJ d’interdire l’hymne national et le lever des drapeaux nationaux lors de la cérémonie de remise des médailles ?
Encore une fois, c’est parce que le drapeau français a été hissé pour un athlète mahorais. Le CIJ a joué au pompier pour que la situation n’envenime pas. C’est triste pour les sportifs, pour les pays mais encore une fois c’est parce qu’on bafoue les règles que les autres doivent payer les pots cassés.
Tout le monde critique le geste de l’officiel qui a arraché le drapeau à un athlète Malgache. C’est inacceptable ! Quel manque de respect !
Les Comores sont-il toujours dans la course pour l’organisation des JIOI 2019 ?
Évidemment. Nous voulons que ces 10es Jeux se déroulent chez nous. Beaucoup mettent en doute notre capacité d’organiser ce rendez-vous sportif. Mais les Jeux des îles sont nos Jeux à tous. C’est notre patrimoine, une plateforme de retrouvailles des sportifs de l’océan Indien. En tant que pays membre du CIJ, les Comores ont le droit d’organiser ces Jeux, même si ce sont des Jeux modestes, selon nos moyens. On ne peut pas nous priver de ce droit.
Les Comores devront convaincre le CIJ lors de la réunion de ce samedi…
Nous allons présenter nos arguments à cette réunion. Nous allons apporter des garanties prouvant que nous serons en mesure d’organiser les Jeux des îles de 2019.
Maurice est convaincue que l’organisation des JIOI 2019 lui sera confiée…
L’organisation des 10es JIOI a été confiée aux Comores jusqu’à preuve du contraire. Je pense qu’il faut assurer la pérennité de ces Jeux… Ce n’est pas parce que certains pays ont les moyens qu’il faut qu’ils soient privilégiés au détriment des autres pays membres. Au contraire, dans un esprit sportif, il faut aider les petit pays à organiser les Jeux.