Le N.1 mondial Novak Djokovic, implacable, a mis fin dimanche au rêve américain de Roger Federer et s'est offert à New York son troisième titre du Grand Chelem de l'année, le dixième de sa carrière.
La pluie, un public hostile et un Federer étincelant depuis qu'il avait posé pied aux Etats-Unis: rien ni personne n'ont réussi à troubler Djokovic.
A 28 ans, le Serbe a démontré une solidité mentale à toute épreuve: c'est dans sa tête, plus encore que par son tennis, que "Djoko" a remporté cette finale 2015 intense, indécise pendant deux heures et frôlant parfois l'extraordinaire.
Avant de s'imposer sur un dernier revers trop long de Federer sur le score de 6-4, 5-7, 6-4, 6-4, Djokovic, comme son adversaire du reste, a dû composer d'abord avec les caprices de la météo.
Des averses ont retardé de quart d'heure en quart d'heure le début de la finale. Le coup d'envoi du choc entre les deux meilleurs joueurs de la planète a finalement eu lieu trois heures plus tard que prévu.
Il a fallu ensuite à Djokovic conserver tout son calme quand il a senti très vite que les 26.000 spectateurs du Arthur Ashe Stadium étaient, à quelques exceptions près, venus pour assister au sacre de Federer, "chouchou" de New York où il a fait la loi sans interruption de 2004 à 2008.
Hostilité du public
Le soutien à Federer a frisé parfois l'hostilité, notamment lorsque le N.1 mondial manquait ses premiers services.
Mais son mental a aussi été dopé très rapidement: alors qu'il n'avait été breaké qu'à deux reprises en six matchs depuis le début du tournoi, Federer a perdu deux de ses quatre premiers jeux de service.
La première manche a basculé en 41 minutes en faveur du Serbe qui a été le premier à prendre un set au Suisse. Depuis le début de sa tournée nord-américaine mi-août à Cincinnati, tournoi qu'il a remporté en battant... Djokovic en finale, "Fed" avait gagné 28 sets sans un perdre un seul.
Dans le 2e set, "Nole" a dû toutefois faire face à un sursaut de Federer qui est monté davantage au filet et qui l'a mis à plusieurs reprises sous pression en tentant notamment son nouveau retour de service dit "furtif" et consistant à suivre au filet un retour amorti.
Résultat, après un neuvième jeu de quinze minutes et d'anthologie, Federer a empoché la deuxième manche et égalisé à un set partout.
Le Suisse, en quête de son premier titre du Grand Chelem depuis juillet 2012 et déjà battu en finale de Wimbledon en juillet par Djokovic, semblait même prendre l'ascendant, psychologiquement et physiquement: à 4-3, il s'est offert deux balles de break mais, alors que Djokovic semblait au bord de la rupture, Federer a laissé passer sa chance.
Quatre balles de break sur 23
Dans le jeu suivant, Djokovic, pourtant mené 40-15, a fait le break pour mener 5-4.
Federer ne s'en est jamais remis: il s'est bien offert deux nouvelles balles de break dans le dixième jeu, mais Djokovic n'a pas tremblé.
Dans le quatrième set, Djokovic s'est rapidement échappé pour mener 3-1, puis 5-2, mais il a connu un petit moment de flottement.
A 5-4, Federer a tenté le tout pour le tout et s'est offert deux nouvelles balles de break avec une volée gagnante et un revers imparable, mais comme un résumé de cette rencontre, il a laissé passer sa chance et permis à Djokovic d'empocher son septième titre de l'année, en onze finales disputées.
"C'est vraiment une soirée que je ne suis pas prêt d'oublier. Je suis vraiment fier d'avoir réussi une telle saison, je ne m'attendais pas à gagner trois tournois du Grand Chelem sur quatre", a insisté Djokovic.
De son côté, Federer a regretté d'avoir laissé passer sa chance:"je n'aurais jamais dû me retrouver mené deux sets à un", en référence aux quatre petites balles de break sur 23 qu'il a concrétisées.
"Je réalise une bonne année, mon niveau de jeu est constant, Cincinnati est un bon souvenir avec des victoires coup sur coup sur le N.2 et le N.1 mondial (Murray et Djokovic, NDLR), ce qui ne m'était jamais arrivé", a-t-il souligné.
A 34 ans, Federer ne désespère pas: "J'avais les clés en mains", a-t-il conclu.