Sebastian Vettel et la Scuderia Ferrari ont brillé de mille feux, dimanche soir sous les projecteurs du Grand Prix de Singapour de Formule 1, et profité au maximum de l'abandon du leader du championnat, Lewis Hamilton (Mercedes).
[dropcap]"Q[/dropcap]ue dire? Quelle journée! Vous m'entendez bien? Forza Ferrari!", a dit Vettel, euphorique, sur sa radio de bord, au bout de 61 tours intenses, torrides, dans les rues de la cité-Etat. Au bout d'une course épargnée par la pluie mais disputée par 80% d'humidité, devant plus de 86.000 spectateurs payants et transpirants (30°C dans l'air).
Le podium a été complété par la Red Bull de l'Australien Daniel Ricciardo, son ex-coéquipier dans l'écurie autrichienne, et par l'autre pilote de la Scuderia, le Finlandais Kimi Räikkönen.
"Ca doit être l'une des plus belles courses de ma vie", a admis Vettel sur le podium, après sa 42e victoire en F1, dont quatre à Singapour et trois cette saison. "La voiture de sécurité nous a permis de respirer un peu", a-t-il ajouté, sans rire. Alors que les deux neutralisations de la course ont, à chaque fois, réduit à néant l'écart qu'il avait réussi à creuser en tête.
Un dingue sur la piste
Parti en pole position, grâce à des qualifications parfaites samedi soir, Vettel a frappé trois fois. D'abord au départ, en s'envolant de manière impeccable, et en prenant trois secondes d'avance sur Ricciardo dès le 1er tour. Puis lors des deux neutralisations de la course.
La première fois que la voiture de sécurité est sortie, c'était au 14e tour, quand la Williams de Felipe Massa, qui sortait des stands, a refusé la priorité à la Force India de Nico Hülkenberg, qui arrivait lancée. Le temps de balayer les débris, dans un pays où la quête de propreté dans les rues est quotidienne, et l'écart avait fondu, de quelques secondes à quelques dixièmes.
La deuxième fois que la course a été neutralisée, au 36e des 61 tours, c'était à cause d'un homme de 27 ans, en bermuda, traversant la piste et se mettant à marcher tranquillement le long des rails de sécurité, en pleine ligne droite. A un endroit où les monoplaces surgissent "à 280 km/h", a rappelé Vettel après l'arrivée. A ce moment-là, le dingue était en garde à vue dans les locaux de la police singapourienne.
C'était déjà arrivé cette saison, pendant les essais du GP de Chine, quand un individu avait traversé la piste pour aller "essayer une Ferrari".
Hamilton, un de chute
Ces deux péripéties n'ont pas enrayé la marche triomphale de l'Allemand dans une voiture rouge, omme aux plus beaux jours de ses nombreuses victoires dans une Red Bull, quand il devenait quatre fois champion du monde de 2010 à 2013. Et au 61e tour, après deux heures de course, le drapeau à damier s'est abaissé, pour la 42e fois de sa carrière en F1, devant le messie de la Scuderia.
Vettel avait déjà gagné cette année en Malaisie, une surprise, et en Hongrie, une confirmation. Il a dépassé dimanche soir, d'une unité, le regretté Brésilien Ayrton Senna (41 victoires). Ce même Senna dont il avait sauvé samedi soir le record de huit pole positions consécutives, au siècle dernier, en prenant le meilleur sur Lewis Hamilton.
Comme c'était un mauvais week-end pour Mercedes, Hamilton a abandonné pour la première fois de l'année, au 34e tour, quand un modeste joint sur le conduit d'arrivée d'air de son turbo a fait perdre de la puissance à son moteur. Alors 4e, il ne pouvait plus viser le podium, ou même une place dans les points, donc il a arrêté les frais.
Champion du monde en titre, Hamilton avait collectionné victoires (7) et podiums (4) depuis l'ouverture en Australie. Arrivé à Singapour avec 53 points d'avance sur son coéquipier Nico Rosberg, il en repartira avec 41 points d'avance sur celui-ci et 49 sur Vettel.
Parti de la 3e ligne, comme Hamilton, Rosberg a bien limité les dégâts, et récupéré 12 points, en prenant la 4e place, devant Valtteri Bottas (Williams).
Le prochain GP aura lieu dimanche au Japon, sur ce maudit circuit de Suzuka où le Français Jules Bianchi avait été mortellement blessé l'an dernier.