Deux jeunes pilotes, Carlos Sainz Jr (Toro Rosso) et Daniil Kvyat (Red Bull), sont passés entre les gouttes pour signer les meilleurs temps des premiers essais libres du Grand Prix du Japon, vendredi matin sur la piste détrempée du circuit de Suzuka.
[dropcap]I[/dropcap]ssus tous les deux de la filière Red Bull et âgés de 21 ans seulement, l'Espagnol et le Russe ont profité d'une brève accalmie, et d'une piste un peu moins glissante pendant quelques minutes, à une demi-heure de la fin de séance, pour passer brièvement des pneus intermédiaires et devancer Nico Rosberg (Mercedes), auteur du 3e chrono.
C'est Sainz, fils d'un double champion du monde des rallyes, qui a le mieux géré ces conditions d'adhérence très piégeuses, en bouclant un tour en 1 min 49 sec 434/1000e, soit une demi-seconde de mieux que Kvyat. Puis la pluie a redoublé et garanti que le jeune Espagnol, débutant en F1, finirait en haut de la feuille de temps pour la première fois de sa carrière en F1.
La météo, pourrie, et la présence de ces deux jeunes pilotes courageux devant tous les autres, a forcément rappelé à tout le monde qu'un autre espoir de la F1, Jules Bianchi, avait été blessé mortellement, il y a un an, sur cette même piste, au 42e tour d'un GP du Japon que personne n'oubliera. C'était comme un clin d'oeil triste au début d'une journée de deuil.
Sur ce circuit très rapide, très long et très exigeant, deux champions du monde, Sebastian Vettel (Ferrari) et Lewis Hamilton (Mercedes), sont venus compléter le Top 5 de cette séance tronquée, mais en faisant le programme minimum eux aussi: 10 tours bouclés par l'Allemand, quatre fois victorieux à Suzuka, et six tours seulement par l'Anglais, en quête d'un 3e titre mondial comme Ayrton Senna.
Vu la difficulté du contexte, le 6e chrono de Max Verstappen (Toro Rosso), 17 ans, qui découvrait Suzuka, est aussi une performance de choix, même si 12 pilotes seulement ont bouclé au moins un tour complet, les autres se contentant de "tours d'installation", de stand à stand, et donc non-chronométrés.
Un seul pilote de réserve a roulé, Jolyon Palmer, le champion 2014 de GP2 chez Lotus, mais il n'a fait qu'un seul tour, non-chronométré, comme son coéquipier Pastor Maldonado. Car Lotus, qui a de gros problèmes de trésorerie, n'a plus les moyens de payer des pièces neuves, en cas de coup dur. Et les membres de l'équipe que Renault hésite toujours à racheter n'ont même pas pu aller se réchauffer dans leur bungalow du paddock, fermé à double tour et vide de tout meuble.
La deuxième séance, à partir de 14h00 locales (07h00 françaises), risquait de se dérouler aussi sur une piste détrempée et sous un ciel plombé. Ce sera peut-être une autre occasion pour la nouvelle génération de la F1 de se faire remarquer, dans des conditions très délicates, et donc d'entretenir le souvenir de Jules Bianchi, tout en lui faisant honneur.