Jeune et belle, Fatimah Ismaël a également un air innocent. Mais derrière cette apparence se cache un as du volant, une femme qui n’a pas froid aux yeux et qui dompte motos, voitures et camions.
[dropcap]P[/dropcap]our ses 1m50 et 48 kg, elle nourrit de grandes ambitions dans le sport mécanique et même en tant que conductrice. À 15 ans, elle avait déjà son ‘learner’ en poche. C’est sans surprise qu’elle enfourchait des motos de 250 cc trois ans plus tard et qu’elle se faisait remarquer dans les voitures de sport.
Fatimah Ismaël est très connue à Médine Camp-de- Masque. La ravissante femme de 27 ans est souvent vue au volant d’une grosse cylindrée ou d’autobus. « Depuis petite, j’étais plus portée vers des activités qui sont traditionnellement la chasse gardée des garçons », confie-t-elle. Nariman, sa mère, acquiesce : « Elle jouait au football, se pavanait à bicyclette et grimpait sur des meules ».
Et Fatimah de renchérir : « Au fait, j’ai appris à rouler à moto alors que je n’avais que 11 ans. J’ai conduit ma première voiture à 13 ans. Et je faisais tout pour éviter les contrôles policiers ».
Née en 1988, la fille cadette du couple Nasser et Nariman a étudié à l’école primaire Osman Peerun, avant de compléter ses études secondaires à la SSS Basdeo Bissoondoyal. Sa passion pour les grosses cylindrées s’est éveillée en elle quand elle a regardé une édition du Paris-Dakar à la télé. « Je me suis dite que je devais suivre ce rêve », raconte cette grande admiratrice de Valentino Rossi et de Nicky Heyden.
Si les parents sont réticents au début, ils vont finir par céder avec le temps. « Elle comprend la plomberie, fait les installations pour l’électricité, sait poser des carreaux céramiques et assure elle-même la maintenance des motos, voitures et fourgons », confie son père, ambulancier au ministère de la Santé.
Elle roule contre les garçons
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Lasse de faire des courses illégales dans les champs de canne, Fatima Bibi Zahera Ismael s’est inscrite aux compétitions de rallye en 2006. Ceux qui fréquentent les aires de stationnement du stade Anjalay pour les compétitions de vitesse vont vite découvrir une jeune fille prometteuse, capable et fonceuse. Enfourchant des bolides de 1000 cc, sur lesquels ses pieds ne touchent même pas le sol, elle roule à plein gaz. « J’aime quand une moto file à la vitesse du vent », dit-elle.
En 10 ans d’activités, elle a remporté plusieurs compétitions et a souvent fini sur le podium. « Mais comme il n’y a que trois filles, dont deux nouvelles venues, je suis contraite de me battre contre les garçons », fait-elle ressortir.
On aperçoit facilement Fatimah en 4x4, en fourgon et même en… camion de livraison, pour le compte de la compagnie Logidis. « Les regards des autres ne m’ont aucunement intimidée. Bien au contraire, j’ai inspiré des gens », souligne-t-elle. En effet, durant ses 12 mois passés comme chauffeur-livreuse chez Logidis, certains de ses collègues, qui n’avaient jamais songé à prendre le volant, ont été motivés par son courage. « J’ai fait école malgré moi », sourit-elle.
Si elle respecte scrupuleusement le code de la route, elle se lâche une fois en compétition. « Je respecte les limites de vitesse sur la route, mais je me défonce sur le circuit, là où tout est permis. Dans les champs de canne, ma moto s’envole presque. Je n’ai pas peur des accidents. Je ne bois pas d’alcool et je ne fume pas. Je vis, je respire et mon cœur bat la chamade pour la moto et les bolides en général », ajoute-elle avec sa fougue.
Un cœur à prendre
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À l’entendre parler, on croirait qu’il n’y a que l’automobile dans sa vie. Mais loin des sons des moteurs, Fatimah s’attèle dans sa pâtisserie. Une entreprise familiale. De ses doigts de fée, elle confectionne des napolitaines en couleurs et aussi du ‘halwa’, une spécialité indienne. « C’est moi qui assure la livraison », déclare la directrice d’Ismael Food & Pastries Ltd.
Versatile, elle s’est même essayée à la… politique. C’était lors des élections villageoises de décembre 2012. Battue, elle rit de cette expérience : « J’aime tout ce qui est difficile, dangereux et ‘challenging’ ».
La belle sportive, qui a déjà refoulé huit prétendants, ne pense pas au mariage pour le moment. « Il faut que le prétendant sache que je ne ferai aucune concession sur ma passion pour la moto », conclut cette bête du circuit. Les Roméos sont avertis !