Peugeot renoue avec son glorieux passé sur le Dakar, 26 ans après son dernier succès, en s'imposant grâce à Stéphane Peterhansel, qui a ajouté, samedi en Argentine, une douzième victoire record à son inimitable palmarès dans le plus exigeant des rallyes-raids.
[dropcap]L[/dropcap]e constructeur français n'aura donc eu besoin que de deux ans pour retrouver les sommets auxquels il avait pris goût à la fin des années 1980. Entre 1987 et 1990, la marque au lion règne sans partage sur le Dakar africain, avec les Finlandais Ari Vatanen et Juha Kankkunen. Puis elle s'en éloigne pendant 25 ans. Jusqu'à son retour très attendu en 2015, conclu sur un bilan en demi-teinte - aucune victoire d'étape, pas de Top 10 mais deux voitures sur trois à l'arrivée - et des ambitions réaffirmées.
Renforcé par Sébastien Loeb, nonuple champion du monde des rallyes, venu rejoindre un trio cumulant alors 17 titres (11 pour Peterhansel, 5 pour Cyril Despres et un pour l'Espagnol Carlos Sainz), Peugeot aborde la 38e édition du Dakar profil bas, s'estimant "toujours sur la courbe d'apprentissage".
Il l'a finalement dominé de la tête et des épaules : neuf victoires d'étape, deux triplés et quatre doublés, une première place du classement général occupée sans discontinuer, successivement par Loeb, Sainz et Peterhansel. Et a ainsi stoppé net quatre ans de domination de Mini, le constructeur allemand devant se contenter de trois victoires d'étape.
"Arriver à un tel résultat dès la deuxième année, c'est vraiment exceptionnel", a réagi le patron de Peugeot Sports, Bruno Famin.
Trois Peugeot dans le Top 10
C'est d'abord Loeb qui a porté Peugeot en première semaine, enchaînant trois victoires d'étape en quatre jours, sur des pistes rapides lui convenant à merveille. En tête à mi-rallye, l'Alsacien s'est même pris à rêver de rafler la mise dès sa première participation.
Mais l'entrée en scène du hors piste et de la navigation, du sable et des dunes au tournant de la deuxième semaine a douché ses espoirs de victoire. Et au contraire revigoré "Monsieur Dakar" : Peterhansel a fait la différence dans la 10e étape, la plus redoutée de cette édition 2016, en assommant tous ses rivaux dans les dunes de Fiambala. Notamment le vainqueur 2015, le Qatari Nasser Al-Attiyah (Mini).
A 50 ans et pour sa 27e participation, le voilà désormais à la tête de douze Dakar, autant au volant d'une voiture qu'au guidon d'une moto, tout juste 25 ans après sa première victoire sur deux roues en 1991.
"C'est une grosse satisfaction. Avant le départ, j'avais la sensation que l'équipe (Peugeot) était encore un peu jeune, qu'il allait peut-être nous manquer un peu de fiabilité et de performance. On avait seulement deux ans d'expérience. En fait, ça s'est très bien enchaîné", a commenté Peterhansel, quelques minutes après être descendu de sa voiture.
KTM même sans Coma ni Despres
Peugeot place finalement trois voitures dans le Top 10 : outre Peterhansel, l'ex-motard Cyril Despres termine 7e et Loeb 9e. Seul Sainz a été contraint à l'abandon mercredi en raison d'une casse mécanique.
Au classement général, Al-Attiyah prend la deuxième place, à 34 min 58 sec du pilote Peugeot. Le Sud-Africain Giniel de Villiers (Toyota) complète le podium, à plus d'une heure.
Chez les motards, il était déjà acquis que l'ère Cyril Despres-Marc Coma, qui s'étaient partagés les victoires dans les dix précédentes éditions, allait prendre fin, le premier étant passé sur quatre roues et le second devenu directeur sportif du rallye-raid.
C'est Toby Price, âgé de 28 ans, qui a profité de ce changement de génération, devenant le premier Australien à remporter le Dakar, un an après sa troisième place décrochée dès sa première participation.
Price, vainqueur devant le Slovaque Stefan Svitko et le Chilien Pablo Quintanilla, permet en outre à l'écurie autrichienne KTM de prolonger sa mainmise sur la course avec un 15e Dakar d'affilée.