Pour sa première saison parmi les professionnelles, Kimberley Le Court de Billot-Pienaar a fait parler d’elle sous les couleurs de l’AG Insurance-Soudal. Dans l’entretien qui suit, la double championne nationale revient sur sa victoire historique au Giro d’Italie et sa mésaventure aux Jeux Olympiques de Paris.
La saison s’est terminée avec le Tour de France, où vous avez fini à la 36e place au classement général. Êtes-vous satisfaite de votre première participation à la Grande Boucle ?
Oui et non ! Mais je pense que c’est plus non que oui. Je suis venue sur ce Tour avec l’objectif ambitieux de bien figurer au classement général et de remporter une étape. Malheureusement, aucun de ces objectifs n’a été atteint. La chance n’était pas de mon côté non plus.
Vous avez été victime d’une chute lors de la 5e étape. Pensez-vous que cela vous a été préjudiciable ?
Absolument ! Avant cette chute, j’étais 7e au général, à moins de deux minutes du maillot jaune. Par la suite, j’ai perdu cinq minutes, et ça m’a mis un coup mentalement. En plus, je me suis fait assez mal au genou et à l’épaule. Pour couronner le tout, je suis tombée sur mon poignet, qui avait déjà un ligament déchiré. Donc, ce n’était vraiment pas l’idéal.
Il semble que vous deviez subir une intervention chirurgicale pour soigner votre poignet. Qu’en est-il exactement ?
Je retourne en Afrique du Sud début septembre pour consulter mon médecin et passer des scanners haute définition supplémentaires. À partir de là, nous prendrons une décision finale. Mais il semble bien que cela nécessitera une intervention chirurgicale pour être réparé.
Avant le Tour de France, vous avez joué de malchance aux Jeux Olympiques de Paris avec des ennuis mécaniques et l’absence de dépannage. Au moment de ces mésaventures, vous étiez encore dans la course pour un podium ?
Oui, bien sûr. La place sur le podium était déjà envisagée avant même de commencer la course. Malheureusement, ce n’était tout simplement pas mon jour. Et c’est comme ça, je l’accepte. On avance et on se concentre sur le prochain objectif.
Yannick Lincoln était responsable de vous dépanner dans la voiture technique et affirme ne pas vous avoir vue. Est-ce que vous lui en voulez ?
Bien sûr que non ! Yannick a tout fait pour me mettre dans les meilleures conditions possibles afin que je réalise la meilleure performance. Sans lui aux JO, je peux dire que j’aurais été complètement perdu. Pour les prochains Jeux Olympiques (qui se tiendront en Los Angeles en 2028, ndlr), je veillerai à avoir non pas une, mais plusieurs personnes à mes côtés pour m’aider à atteindre les sommets. Déjà, pour commencer, il nous fallait un mécanicien, un coach mental et un soigneur. Yannick a dû tout gérer seul pour moi, ce qui n’était vraiment pas facile. Donc non, c’est tout le contraire : je remercie Yannick pour tous ses efforts. Ce qui s’est passé pendant la course n’était qu’un coup de malchance, cela aurait pu arriver à n’importe qui. J’espère juste que, la prochaine fois, le Comité olympique mauricien et la Fédération mauricienne me permettront d’avoir les personnes que je souhaite à mes côtés pour reussir.
Vous étiez à votre première saison avec les professionnelles sous les couleurs de l’AG Insurance-Soundal. Quel bilan faites-vous ?
J’ai vécu une saison de rêve. Je suis passée d’une coureuse que personne ne connaissait à une cycliste que tout le monde connaît maintenant. Quand je suis arrivée dans l’équipe, je pensais être un simple domestique, mais en moins d’un mois de compétition, ils m’ont directement confié le rôle de leader. Ils ont vu mon potentiel, et ça a été vraiment incroyable. J’ai dépassé toutes mes attentes. Mais je suis tellement compétitive que je ne veux pas en rester là. Pour moi, ce n’est pas suffisant. Je veux gagner encore plus. J’ai remporté ma première course World Tour au Giro d’Italie, une victoire qui est arrivée plus tôt que prévu. Je suis en train de vivre mon rêve.
Ce succès au Giro d’Italie restera certainement l’un de vos beaux de votre carrière. Il pourrait en appeler d’autres, n’est-ce pas ?
Pour l’instant, cette victoire sur la dernière étape du Giro d’Italie est la plus belle de ma carrière. Néanmoins, je suis sûre qu’il y en aura plein d’autre. Enfin, je l’espère.
Les observateurs des deux grands Tours ont du mal à cerner votre profil. Quel type de course vous correspond le mieux ?
(Rires). Je ne sais pas non plus. Je cherche toujours à le découvrir. Jusqu’ici, je pense être un ‘all-rounder’, ce qui est idéal pour le cyclisme féminin à mon avis.
Retrouvera-t-on Kimberley Le Court de Billot-Pienaar sous les couleurs de l’AG Insurance-Soudal la saison prochaine ?
Oui. J’ai signé pour deux années supplémentaires avec eux, jusqu’à la fin de l’année 2026. Je vous donne la nouvelle en primeur. C’était une décision difficile à prendre, car plusieurs équipes m’ont offert un contrat. Mais j’ai encore des choses à accomplir avec mon équipe actuelle, et je veux continuer à évoluer avec eux pour l’instant.
Avez-vous déjà défini vos objectifs pour 2025 ?
Non, pas pour l’instant. Je me focalise sur le repos mental et physique. Je me concentrerai sur 2025 un peu plus tard.