Elle l’a fait ! Noemi Alphonse, 28 ans, a décroché le titre de championne du monde du 100m de la catégorie T54 mercredi, au Kobe Universiade Memorial Stadium, au Japon. La para-athlète devient ainsi la première sportive mauricienne à réaliser un tel exploit. Le lendemain, elle a pris la deuxième place au 400m.
Deuxième sur 100m aux Mondiaux de Paris l’an dernier, Noemi Alphonse a décroché la médaille d’or, mercredi, au Japon. La protégée de Jean-Marie Bhugeerathee a dominé la finale de la distance reine (T54), franchissant la ligne d’arrivée en vainqueur, poussant un grand cri de joie et de soulagement d’avoir atteint l’objectif qu’elle s’était fixé. « Ce titre vient un peu comme une délivrance. Je tiens ma revanche. L’année dernière, je suis passée tout près de l’or, mais cette fois-ci, je le tiens. Après neuf ans d’entraînement, c’était vraiment le moment », déclare la championne du monde. Noemi Alphonse a réalisé un chrono de 16,23. La deuxième place est revenue à la Chinoise Zhaoqian Zhou (16,34) et la Suissesse Licia Mussinelli a complété le podium avec un temps de 16,92. Lors des séries, la Mauricienne s’est imposée en 16,10, réalisant sa meilleure performance de la saison.
Jeudi, Alphonse a frôlé de peu l'or sur le tour de piste. Elle a pris la 2e place en finale du 400m avec un chrono de 54,88 secondes. Zhaoqian Zhou s'est illustrée dans cette épreuve en 53,91. Aux Championnats du monde de 2023 à Paris, Noemi Alphonse avait terminé deuxième au 100m derrière la Finlandaise Amanda Cotaja. La Mauricienne avait également obtenu la médaille de bronze au 400m.
EN PLEURS À L’ENTRAÎNEMENT
Pour cette habitante de Ste-Croix, cette performance n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat de nombreuses années de travail, d’efforts et de sacrifices consentis. « Je bosse dur pour réussir. Je ne sais combien de fois mes coéquipiers m’ont vue en pleurs à l’entraînement. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai abandonné, j’ai continué de me donner à fond, de persévérer.
Après le titre de vice-championne du monde l’an dernier, je me suis lancé le défi de ramener le titre mondial et je suis trop contente d’avoir pu atteindre cet objectif. Je n’ai pas de mot pour décrire la joie, le bonheur que je ressens », confie-t-elle.
Dans la foulée, elle a tenu à remercier ses parents, son coach Jean-Marie Bhugeerathee, ses coéquipiers, les dirigeants de son club, le ministère, Dominique Filleul, présidente de HOPE (Horizon Olympique Paralympique Elite), ses sponsors et tous les Mauriciens.
Avant de disputer le 100m aux Championnats du monde de Kobe, Noemi Alphonse était engagée en finale du 1500m et du 800m où elle avait terminé 7e et 5e respectivement. « Ces courses m’ont grandement aidée à me mettre dans le rythme pour le 100m. Tout de même, je suis un peu déçue de mes performances sur ces deux distances. »
UN PODIUM AUX JEUX PARALYMPIQUES
L’autre grand objectif de la saison pour Noemi Alphonse : les Jeux Paralympiques de Paris, qui se dérouleront du 28 août au 8 septembre, où elle aspire ardemment à monter sur le podium. « Ce sacre mondial me donne encore plus d’envie, de motivation et de détermination à aller chercher un podium. Je sais qu’avec mon titre de championne du monde, je serai dans le viseur de mes adversaires. J’ai hâte de rentrer au pays pour poursuivre ma préparation afin d’être au top de ma forme et me battre pour une médaille à Paris. Il ne manque qu’une médaille des Jeux Paralympiques à mon palmarès », déclare-t-elle.Maurice compte à ce jour trois médailles à ces Mondiaux de Kobe : une en or et en argent par l’entremise de Noemi Alphonse (100m) et une en argent empochée par Anaïs Angeline au saut en longueur.
Jean Alain Alphonse :« Ma fille mérite ce sacre mondial »
Le père de Noemi Alphonse avait les yeux rivés sur son téléphone portable pour regarder les deux courses de sa fille mercredi, à savoir les séries et la finale du 100m. « Je ne pouvais pour rien au monde rater cela. J’étais confiant, mais un peu stressé car tout peut arriver dans une course. Ma fille mérite ce sacre mondial. C’est ma championne. Elle fait la fierté de toute la famille et de tout un pays. Noemi travaille dur pour réussir à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés dans la vie », confie Jean Alain Alphonse. Ce dernier souligne que sa femme et lui restent en contact avec leur fille par messages pendant ses compétitions. « On ne l’appelle pas, on la laisse se concentrer sur sa compétition et sur ses objectifs. On lui envoie des messages avant et après ses courses. »
JEAN-MARIE MALÉPA :« Un moment historique pour le sport mauricien »
« C’est extraordinaire. Je n’arrive toujours pas à y croire. C’est un rêve qui devient réalité. C’est le fruit d’un travail de plus de deux ans. Pour cela, je tire mon chapeau au comité du Mauritius Paralympic Committee. C’est un moment historique pour le sport mauricien. Noemi Alphonse porte nos couleurs très haut. Je tiens à remercier le ministère des Sports qui a cru en nous, car c’est la première fois que nous disputons les Championnats du monde avec une aussi grosse délégation. À présent, il faut se servir des Mondiaux comme un tremplin en vue des Jeux Paralympiques. »
STEPHAN TOUSSAINT, MINISTRE DES SPORTS :« Une médaille d’or pleine d’espoir »
« Je tiens à féliciter Noemi Alphonse. Cette victoire valide notre choix d’avoir mis en place le projet Horizon Paris 2024, rebaptisé par la suite HOPE (Horizon olympique et paralympique de l’Élite : NDLR). Bravo à Noemi, mais aussi à Anaïs Angeline pour son titre de vice-championne du monde. Un grand bravo à tous les entraîneurs, encadreurs et également au High Performance Center de Côte d’Or. C’est unemédaille d’or pleine d’espoir en vue des Jeux Paralympiques. Peu importe la couleur, je suis confiant qu’un de nos athlètes sera sur le podium. »