Chris Froome peut-il enchaîner? Récent vainqueur de son deuxième Tour de France, le Britannique va s'attaquer à la conquête du Tour d'Espagne à partir de samedi, visant un doublé inédit dans la même saison depuis plus de trois décennies.
Anquetil, Hinault, et puis plus rien
Avant 1995, la Vuelta se courait au printemps, entre avril et mai. Et dans cette configuration, deux coureurs avaient réussi à s'imposer la même année sur le Tour d'Espagne puis celui de France: Jacques Anquetil (1963) et Bernard Hinault (1978).
Mais depuis l'entrée en vigueur du calendrier actuel, il y a 20 ans, personne n'a dépoussiéré le doublé auquel s'attaque Froome. Ainsi, seul l'Espagnol Carlos Sastre, vainqueur du Tour 2008, est parvenu à monter dans la foulée sur le podium espagnol (3e).
Pourtant, gagner deux épreuves de trois semaines d'affilée reste réalisable dans le calendrier actuel, selon Bernard Hinault.
"C'est très compliqué mais en théorie, c'est possible", estimait l'ancien champion français dans une interview au quotidien madrilène As en mai dernier. "Il y a environ quatre semaines de marge entre chaque Grand Tour. C'est un temps suffisant pour récupérer."
Contador, exemple et contre-exemple
Alberto Contador, tenant du titre mais absent de cette 70e édition de la Vuelta, a échoué cette saison dans sa quête d'un doublé similaire: Tour d'Italie et Tour de France.
Vainqueur du Giro en mai, l'Espagnol avait fait la moitié du chemin. Mais il y a laissé des plumes pour la Grande Boucle, achevée à la cinquième place.
"Ce n'est pas impossible de faire le Giro et le Tour mais c'est compliqué", a dû constater Contador. "Nous manquons d'expérience dans ce genre de situation. Mais je voulais tenter, je ne voulais pas avoir de regret."
Malgré ce demi-échec, Contador reste le dernier coureur à avoir remporté deux Grands Tours la même saison: le Giro et la Vuelta en 2008. Mais c'était à trois mois d'intervalle...
Froome, la fraîcheur en question
Chris Froome répète souvent qu'il apprécie beaucoup la Vuelta, où il a terminé deux fois deuxième (2011, 2014) et une fois quatrième (2012). Mais dans quel état le Britannique va-t-il se présenter au départ samedi à Puerto Banus (Andalousie) ?
Le leader de Sky (30 ans) a certes écrasé le Tour de France très tôt avant de gérer son avance. Mais l'ambiance de suspicion qui a accompagné sa domination a sans doute joué sur ses nerfs dans ce Tour épuisant, de même que l'hostilité d'une frange du public.
"Je sais que c'est un immense défi d'enchaîner avec un autre Grand Tour, surtout avec l'objectif de jouer à nouveau le classement général", a prudemment reconnu Froome fin juillet, même s'il s'est dit ces derniers jours "bien reposé".
Même réserve pour le patron de Sky, Dave Brailsford: "Un Grand Tour, ce sont trois rudes semaines. C'est comme entrer dans un tunnel dont on ne peut pas sortir. Il faut être mentalement prêt et frais pour cela", a prévenu le dirigeant.
Motif d'espoir pour Froome, ses trois principaux rivaux pour cette Vuelta, Nairo Quintana, Alejandro Valverde et Vincenzo Nibali, étaient aussi sur le Tour de France, où ils ont fini respectivement 2e, 3e et 4e. En Espagne, les jambes seront lourdes pour tout le monde.