La psychose de la vente illégale des billets à des prix surélevés pour les accès aux sites de compétition pour les Jeux des îles gagne la population. À J-6 de l’événement, les autorités assurent que tout est sous contrôle malgré les failles décelées çà et là.
Qui dit Jeux et billets dit aussi vente au noir. Depuis la mise en vente des billets d’entrée pour les Jeux des îles de l’océan Indien, il y a un rush vers le Rezo Otayo, fournisseur en ligne retenu par le Comité d’organisation des Jeux des îles (COJI). Au sein de la population, c’est la grogne. Ils sont nombreux à ne pas avoir pu se procurer le précieux sésame. Du coup, on redoute la vente au Black Market et l’utilisation de faux billets. La police veille au grain et se dit prête à agir.
Dans le monde entier, les événements d’envergure attirent la foule. La semaine dernière, les billets pour les JO Tokyo 2020 sont partis en quelques heures. Plusieurs Japonais seront privés des JO dans leur propre pays. On vit la même situation à Maurice depuis que le Rezo Otayo a mis sur le marché les billets au début de juin pour l’édition 2019 des JIOI. Les Mauriciens sont très en colère, frustrés et le font savoir sur les réseaux sociaux et sur les ondes des radios privées.
En 2003, des billets pour la finale du tournoi de football entre le Club M et La Réunion au New George V Stadium auraient été vendus, selon plusieurs amateurs du ballon rond, au marché noir. On ne peut le nier, c’est une situation courante dans le monde entier. On craint que cela ne se répète, d’autant que la demande est nettement supérieure dans certaines disciplines.
De son côté, le COJI a tiré la sonnette d’alarme sur la possibilité que de faux billets circulent et ses responsables ont conseillé à maintes reprises aux Mauriciens de n’acheter les billets que chez le vendeur officiel, le Rezo Otayo. Du coup, ceux qui se feront arnaquer ne pourront plaider l’ignorance et se défendent en cour comme un ‘bona fide purchaser’.
Lois sévères
Que risquent justement ceux qui se lancent dans la vente de faux billets d’entrée et que risquent ceux qui tentent de passer avec ce faux document ?
Il y a d’abord celui qui a fabriqué ces faux billets, le vendeur. Si quelqu’un le dénonce dès le départ et qu’il est arrêté avec en sa possession ces faux documents, il sera poursuivi sous la section 330 du Code criminel, soit pour une offense de swindling. « (1) Quiconque, soit en faisant usage de faux noms ou de fausses qualités, soit en employant des manœuvres frauduleuses, pour persuader l’existence de fausses entreprises, d’un pouvoir ou d’un crédit imaginaire…pour escroquer les gens… sera puni de servitude pénale qui n’excèdera pas 10 ans et d’une amende qui n’excèdera pas 50,000 roupies ».
C’est ce que dit la loi.
Quelques hommes de loi contactés penchent, eux, plutôt pour un délit de ‘forgery’. Les articles 108 et 121 du Code criminel sont assez clairs : « Toute personne qui aura commis un faux en écriture authentique et publique, ou en écriture de commerce ou de banque – (a) soit par contre-façon ou altération d’écritures, dates ou signatures, ou l’emploi d’un nom supposé… risque une peine d’emprisonnement de dix ans. »
Et que risque l’acheteur, celui qui va tenter de rentrer dans les stades avec ce ‘faux billet’ ? L’article se lit ainsi : « Toute personne déclarée coupable de faux ou d’usage de faux de toute nature sera passible d’une amende n’excédant pas 25,000 roupies qui, lorsqu’elle sera infligée, pourra être prononcée soit au lieu de la peine d’emprisonnement ou de servitude pénale prévue dans chaque cas soit en même temps que cette peine. »
Prison et amende ?
La vente des billets au marché noir est un autre souci pour les organisateurs. En Angleterre, le Ticket Touting or Ticket Reselling n’est pas légal en vertu de l’article 166 de la Criminal Justice and Public Order Act de 1994. Mais cela n’empêche pas la vente des billets à des prix beaucoup plus élevés que leur valeur initiale.
À Maurice, toute personne trouvée coupable de ce délit sera arrêtée et poursuivie sous l’article 338 - Speculating fradulenty du Code criminel. Cette clause se lit comme suit : « Tous ceux qui, par des voies ou moyens frauduleux quelconques, auront opéré la hausse ou la baisse du prix des denrées ou marchandises ou des papiers et effets publics, au-dessous des prix qu’aurait déterminés la concurrence naturelle et libre du commerce, seront punis d’un emprisonnement qui ne pourra excéder un an et d’une amende qui n’excéder pas 10,000 roupies. »
82 000 billets mis en vente
82 000 billets ont été mis en vente. Cela inclut les 12 250 places payantes pour les cérémonies d’ouverture (6 125) et de clôture (6 125) et l’accès sur la dizaine de sites de compétition. Des billets sont encore disponibles pour certaines disciplines, notamment l'athlétisme, le beach-volley et le rugby.
Contrôle
La police veille au grain
Le DCP Choolun Bhojoo, responsable de la commission sécurité du COJI, est catégorique : « Il n’y a eu aucune déposition enregistrée à ce jour pour ce qui est de la vente de billets au noir, mais la police reste vigilante. » Outre le fait que plusieurs sessions de travail ont eu lieu entre les différentes parties, incluant les responsables du Rezo Otayo, il confie qu’il y a aura un contrôle sans relâche un peu partout. « L’Anti-Piracy Unit veille au grain », assure-t-il.