Pour l'or et plus encore: au pays du judo, dans la mythique salle du Nippon Budokan, Teddy Riner va tenter de s'offrir une part de légende avec un rarissime troisième titre olympique aux Jeux de Tokyo, à condition que son genou gauche gravement blessé il y a cinq mois tienne le coup.
Qu'est-ce qu'un monstre sacré? Teddy Riner, 2,03 m, autour de 140 kg, deux titres olympiques et dix (!) couronnes mondiales a le profil. Et s'il finit la journée du 30 juillet avec à son cou une nouvelle médaille d'or en poids lourds, décrochée dans le temple du judo, alors personne ne lui contestera le statut de légende vivante.
Mais l'incontesté patron du judo mondial aborde le rendez-vous de Tokyo dans des conditions loin d'être idéales.
Dans un documentaire de France Télévisions qui sera diffusé jeudi, auquel l'AFP a eu accès, Riner, 32 ans, révèle qu'il s'est blessé au genou gauche au cours d'un combat d'entraînement lors d'un stage au Maroc fin février.
"À ce moment-là, je pensais que je m'étais +fait+ les (ligaments) croisés..., a-t-il raconté à l'AFP, qui l'a interrogé fin juin après la projection de ce film à la presse.
"Je pensais que j'allais prendre sept mois et que c'était foutu (...) Ça s’est consolidé, c’est allé plus vite (qu’attendu)", a-t-il tenu à rassurer. "Bien sûr, de temps en temps, (mon genou) me fait mal, mais ça ne m’empêche pas de m'entraîner, ça ne m'empêche pas d’aller au bout de moi-même. Ça, c'est cool, c'est le point positif, clairement".
Depuis l'introduction du judo aux JO, en 1964 à Tokyo, où les épreuves s'étaient déjà tenues au Budokan, un seul combattant est parvenu à remporter trois titres, le Japonais Tadahiro Nomura, vainqueur en 1996, 2000 et 2004 en -60 kg.
Les Japonais à domicile
Avant même cette blessure, Riner a connu quelques déconvenues: en 2020, année qui a été celle du report des Jeux, il a concédé ses deux premières défaites depuis près de dix ans et plus de 150 combats, d'abord au Grand Slam de Paris en février face au Japonais Kokoro Kageura (non sélectionné) puis, de façon plus anecdotique, en octobre face à Joseph Terhec lors des Championnats de France par équipes.
Riner a donné une première réponse en s'imposant avec autorité lors du Masters de Doha en janvier, la seule compétition qu'il a disputée cette année, ce qui ne lui a pas permis d'accrocher un statut de tête de série.
"Forcément, je dirais que je n'ai que 50% de repères par rapport à la compétition, puisque ça se perd. Mais je vais arriver dans un super état de forme et dans de bonnes dispositions", a-t-il assuré fin juin à l'AFP, à un mois de la grande échéance.
Parmi ses principaux rivaux en +100 kg, il y aura le Japonais Hisayoshi Harasawa, sa victime en finale en 2016 à Rio, qui, comme tous ses compatriotes, à l'image de la star Shohei Ono, de Uta Abe ou de son frère Hifumi, est très attendu pour ces Jeux disputés à domicile, malgré l'absence de public.
-Agbegnenou en mission
Au lendemain de la compétition individuelle, Riner aura une nouvelle chance de titre avec l'épreuve par équipes mixtes, introduite pour la première fois aux JO. "C'est un bel objectif et on a une belle équipe pour réussir. J'y vais, je peux aussi être triple champion olympique avec cette épreuve, ou quadruple! Ce n'est pas une médaille qu'on minimise", a-t-il dit à l'AFP.
Chez les femmes, on attend notamment la Kosovare Distria Krasniqi et l'Ukrainienne Daria Bilodid en -48 kg, la Canadienne Jessica Klimkait en -57 kg, la Cubaine Idalys Ortiz en -78 kg et la Française Clarisse Agbegnenou, quintuple championne du monde en -63 kg.
Battue en finale en 2016 par la Slovène Tina Trstenjak, comme aux Mondiaux-2015, Agbegnenou, porte drapeau de la délégation française au Japon, rumine sa défaite depuis Rio.
Le report des JO face à l'avancée de la pandémie l'an dernier l'avait énormément touchée et la Française a traversé des mois difficiles. Mais elle l'a prouvé aux Mondiaux, elle est prête. Elle veut l'or et sa revanche.