Elle a 19 ans et cela ne fait que quatre mois qu’elle pratique la course en fauteuil. Déjà, elle a remporté la médaille d’or pour cette discipline lors du Grand Prix d’Italie, mi-juin. Noemi Alphonse s’est également essayée à plusieurs autres disciplines dans le passé. Portrait d’une passionnée de sport.
Nous rencontrons Noemi Alphonse à Réduit, où elle s’entraîne quotidiennement avec son coach Jean-Marie Bhugeerathee. À la regarder s’entraîner, on croirait qu’elle pratique la course en fauteuil depuis longtemps. En fait, cela ne fait que quatre mois qu’elle a adopté cette discipline. Elle n’a toutefois pas perdu de temps, car au Grand Prix d’Italie, elle a décroché la médaille d’or au 1500m et l’argent aux 100m et 400m.
Auparavant, elle s’est essayée à plusieurs autres disciplines. « J’ai pratiqué le volley-ball, le badminton, le basketball et le judo, avant de faire de la course en fauteuil. Cette dernière est la première discipline que je pratique avec des gens ayant un handicap. Toutes celles que j’ai pratiquées auparavant étaient avec des gens valides. Je préfère la course en fauteuil. En plus, ici nous sommes comme une famille », souligne Noemi Alphonse.
Dû à une malformation de naissance, elle a un handicap à la jambe gauche. Plus jeune, elle a dû subir les critiques et le regard des gens. « On m’a dit pas mal de choses, notamment que mes parents devaient m’enfermer dans la maison et que je ne devais jamais sortir. On m’a beaucoup pointé du doigt, mais cela ne m’a pas affectée. Tant qu’on me vise, je ne me prends pas la tête avec ça. Par contre, si on s’en prend à quelqu’un d’autre en ma présence, cela me met très en colère », ajoute notre interlocutrice.
Cependant, elle dit se sentir tout à fait normale. « J’ai toujours connu ça. Je porte une prothèse depuis que je suis toute petite et j’ai grandi avec. Pour moi, tout est normal. Je veux prouver aux gens que ce n’est pas un handicap qui m’empêchera d’arriver là où j’ai envie d’être », souligne cette habitante de Sainte-Croix.
Cette boule d’énergie au sourire radieux et à la bonne humeur contagieuse a toujours voulu faire du sport. Elle nous raconte que petite, elle voyait ses oncles jouer au foot et voulait aussi jouer. On la surnommait la “petite Ronaldinho”. Alors qu’elle était en primaire au Père Laval RCA, elle s’est essayée au judo. Elle a fait ses études secondaires au collège Lorette de Port-Louis. Elle a également joué au badminton et a représenté son institution au niveau national pendant 3 ans.
Noemi Alphonse.
« Mon père voulait que je fasse de l’athlétisme ou de la natation, et moi je voulais courir. Toutefois, une prothèse adaptée pour la course coûte dans les alentours de Rs 200 000 à Rs 300 000, ce qui est relativement cher. J’ai donc rejoint le club de Jean-Marie Bhugeerathee. Il faut que je me trouve un fauteuil, car j’utilise actuellement celui d’une autre athlète. J’essaie de trouver un sponsor pour avoir un fauteuil qui m’est adaptée, afin d’être encore meilleure dans ce que je fais », explique Noemi.
Après ses études secondaires, elle consacre désormais son temps à la course en fauteuil et s’entraîne quotidiennement au stade Maryse Justin, à Réduit. Elle a une première séance d’entraînement de 8 heures à 11 heures, puis une deuxième entre 13h30 et 16h30. Les mardis et les jeudis, elle a une autre séance au stade de Rose-Hill, entre 17 heures et 18h30, le tout sous la houlette de Jean-Marie Bhugeerathee.
« Je veux être championne de Maurice. Si en seulement trois mois et demi j’ai pu remporter la médaille d’or en Italie dans une compétition internationale de haut niveau, pourquoi pas les JIOI et voir même les paralympiques. Jean-Marie est un très bon entraîneur et je veux prouver cela », affirme Noemi Alphonse, d’un air déterminé.
Cette jeune demoiselle a également de multiples passions. Elle est fan de musique et adore la lecture, notamment les romans policiers. Elle est également une avide cinéphile. Elle a une préférence pour les films policiers, romantiques, d’aventure, les thrillers et les comédies, mais déteste des films d’horreur, qui lui font avoir des cauchemars en plein milieu de la nuit.
Elle a également deux pages sur Facebook. La première s’intitule “Handicapée, fière de l’être” et raconte le parcours et l’histoire de cette jeune femme. Elle possède également une deuxième page : “Noemie’s Friendship Bracelets”. « Je fabrique des bracelets que je vends à travers ma page Facebook. Je veux être un peu moins dépendante de mes parents », indique Noemi Alphonse.
En attendant de reprendre la compétition, elle continue à s’entraîner, plus déterminée que jamais à réussir.