Roberto Ibanez Chavez : « Je suis loin d’être influençable »

Le Directeur technique national de boxe, le Cubain Roberto Ibanez Chavez est catégorique : c’est lui le maître à bord. Pas question, dit-il, de modifier la liste des boxeurs sélectionnés pour les Jeux des îles. Il est uniquement ouvert à un possible changement de catégorie entre Rosalba et Clair pour les -69 kg et -75 kg. Vous avez vécu une scène peu ordinaire mardi, lors de la réunion du comité exécutif de l’Association mauricienne de boxe(AMB). Vous avez même dû jouer au pompier. Que s’est-il passé au juste ? Il y a des membres qui ne sont pas d’accord sur certains choix concernant la sélection. Ils ont donc exprimé leur mécontentement. Malheureusement, je ne peux pas faire plaisir à tout le monde. Certains membres croient que le président, Pascal Telvar, a eu son mot à dire dans l’exercice de sélection. Est-ce vrai ? Je suis le technicien et j’ai constitué la sélection qui défendra les couleurs de Maurice pour les 9es Jeux des îles de l’océan Indien, à La Réunion. En ce qui concerne mon travail, on ne me dicte pas ce que je dois faire. Et je suis loin d’être influençable. Peu importe qui aurait tenté de m’approcher pour que j’intègre un boxeur de leur choix dans la sélection, je n’aurais pas hésité une seconde à les mettre à leur place et leur rappeler que c’est moi le Directeur technique national (DTN). Mais votre il semblerait que choix ne fait pas l’unanimité au sein de l’AMB… J’ai constitué la sélection avec les meilleurs boxeurs disponibles. J’entraîne les gars depuis un mois, donc j’ai eu l’occasion de les évaluer individuellement et de constater leurs forces et leurs faiblesses. Je ne me suis pas contenté uniquement de tests matchs avec les Sri Lankais pour constituer l’équipe. Je me suis également basé sur les aspects techniques, tactiques, physiques, et aussi la marge de progression du boxeur au fil des séances d’entraînement. Il s’agit d’une sélection qui défendra les couleurs du pays. Maurice doit présenter une équipe digne de ce nom. Je n’ai privilégié aucun boxeur. Ceux qui ont été retenus méritent amplement leur place dans l’équipe. En acceptant d’organiser un test match entre Mervin Clair (69 kg) et Jean-Luc Rosalba (75 kg) ne donnez-vous pas raison aux contestataires ? Il faut bien comprendre que ces deux boxeurs font partie de la sélection. Ce test match sera effectué afin de fixer les catégories dans lesquelles ils seront engagés aux Jeux. Ils sont les deux meilleurs pour combattre dans ces deux catégories. Jean-Luc Rosalba souffrait de conjonctivite et n’a pu croiser les gants avec les Sri Lankais. D’où la raison pour laquelle il y aura un test match entre ces deux gars. Le vainqueur sera retenu chez les 69 kg et le vaincu combattra dans la catégorie -75 kg. Pourquoi avoir refusé un test match dans les catégories -49 kg et -75 kg, où on parle d’injustice à l’égard des boxeurs David Rolfo et Lorenzo Lecerf ? Il ne faut pas se laisser aveugler par les sentiments ou la proximité des uns et des autres. Il y a meilleurs qu’eux dans ces catégories. Rolfo et Lecerf ont du potentiel, mais ils doivent encore progresser. Il y avait un groupe de 18 à 20 boxeurs, que j’ai dû ramener à 10. Je dois reconnaître que chaque boxeur a essayé de donner le meilleur de lui-même pour faire partie de l’équipe nationale. Malheureusement, il n’y a pas de la place pour tout le monde. Ce n’est pas la fin du monde. Ils doivent continuer à bosser, afin de continuer à progresser. La boxe est l’une des disciplines dans lesquelles Maurice espère briller à La Réunion. En êtes-vous conscient ? Tout à fait. Je sais que le pays accorde beaucoup d’importance aux Jeux, considérés comme les mini-Jeux olympiques dans la région. Je m’investis à fond dans mon travail depuis la prise en charge de l’équipe nationale. Sur le ring, c’est au boxeur de sortir le grand jeu face à l’adversaire, en appliquant tout ce qu’il a appris. Je suis optimiste pour mes guerriers ! Vous avez côtoyé la scène africaine pour avoir exercé au Ghana, quel est votre constat du niveau de la boxe mauricienne ? Il y a quelques boxeurs qui ont un énorme potentiel pour gravir les échelons. Pour réussir, ils devront être sérieux, disciplinés et s’appliquer à fond. Décrocher une médaille sur la scène régionale, continentale ou internationale n’est pas une fin en soi pour un boxeur. Il doit être en mesure de confirmer par la suite.