
Ancien entraîneur national et Directeur technique national de boxe, Jean-Claude Nagloo critique le niveau actuel de la discipline qui selon lui est en constante régression. Il pointe du doigt les administrateurs de l’Association mauricienne de boxe.
Les bonnes performances en boxe arrivent à compte-gouttes. Comment en est-on arrivé là ?
La situation est alarmante. Le noble art est à son plus bas niveau. Cette discipline, qui était la locomotive du sport mauricien il y a quelques années, est en constante régression. Les boxeurs qui brillaient il y a deux ans de cela ne sont plus en mesure de produire des résultats. J’ai entraîné ces gars, je sais ce qu’ils ont dans le ventre. Ils ont un énorme potentiel pour boxer au plus haut niveau. Mais, on recule…
Quelles sont les raisons de ce déclin ?
Grâce au travail que nous avons abattu, la boxe avait atteint un niveau qui faisait la fierté du pays. Nos boxeurs faisaient le poids sur la scène africaine de même que sur l’échiquier international. Au cours de ces deux dernières années, on n’a pas été en mesure de maintenir cette bonne marge de progression. Et voilà, où on en est.
Vous ne dîtes toujours pas pourquoi. Sous-entendez-vous que le déclin est dû à votre départ ?
Sans me vanter, je peux dire que j’ai apporté des bons résultats. J’ai quitté la boxe à un bon niveau mais on n’a pu maintenir la cadence. Le désordre qui règne au sein de l’Association mauricienne de boxe (AMB) fait énormément de tort à la discipline. Ce sont les entraîneurs qui gèrent la Fédération à la place des administrateurs. Donc, chacun veut privilégier ses boxeurs. C’est là où le bât blesse.
À vous entendre, les dirigeants sont les seuls responsables de cette situation…
C’est clair ! Les dirigeants sont les seuls responsables ! Ils ont pour responsabilité d’assurer le développement et l’avancement de la boxe. Malheureusement, ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Il n’y a même pas un plan pour la relève. Notre prestation aux 9es Jeux des îles de l’océan Indien a été médiocre, même si la boxe mauricienne a décroché trois médailles d’or. Il faut se rendre à l’évidence : le niveau de la compétition était moyen. Sur cinq représentants aux Championnats d’Afrique, nous avons obtenu une médaille de bronze. Il y a de quoi s’inquiéter. J’espère que les dirigeants se réveillent et prennent conscience de l’ampleur de la situation.
Le DTN cubain, Roberto Ibanez, n’est là que depuis peu…
J’espère qu’il réussira dans sa mission. Il faut lui donner du temps, car il ne peut faire des miracles du jour au lendemain.
Kennedy St-Pierre évolue dans le circuit professionnel, mais ne peut décrocher un podium aux Championnats d’Afrique. Votre avis ?
Je connais parfaitement Kennedy St-Pierre. C’est un bon boxeur, mais il faut tout le temps être sur son dos. Je ne comprends pas pourquoi les trois techniciens, à savoir Judex Bazile, Richard Sunee et le Cubain Roberto Ibanez, ont tous fait le déplacement à La Réunion pour les Jeux des îles, alors que St-Pierre peaufinait sa préparation pour les Championnats d’Afrique. Ce gars a beaucoup de potentiel, mais il ne bénéficie pas d’un encadrement professionnel. Son manque de réussite s’explique par le fait qu’il s’entraîne à Maurice et ne bénéficie pas de sparring-partners de taille. Pendant ce temps, ses adversaires participent régulièrement à des camps d’entraînement de haut niveau. Il lui manque de frottement. Comment voulez-vous qu’il puisse faire le poids face aux grosses pointures ?
Peut-on espérer voir un boxeur mauricien aux Jeux Olympiques 2016, à Rio ?
À moins d’un an du rendez-vous brésilien, aucun boxeur n’a obtenu une qualification. Nos espoirs reposent sur Richarno Colin et Kennedy St-Pierre. Mais, un billet pour Rio, ça a un coût…
Envisagez-vous une possibilité d’un éventuel retour ?
Je ne crois pas.