Nouveau maillot rouge du Tour d'Espagne, Fabio Aru (Astana) a pris son envol mercredi sur les pentes de l'Alto d'Els Cortals d'Encamp, en Andorre, lors d'une 11e étape remportée par son équipier Mikel Landa et désastreuse pour le Britannique Chris Froome (Sky).
[dropcap]C[/dropcap]ette journée, annoncée comme l'étape-reine de la Vuelta, a fait de gros dégâts: des favoris comme les Movistar Alejandro Valverde ou Nairo Quintana n'ont rien pu faire face à l'offensive d'Aru, tandis que Froome, qui a chuté en début d'étape, a concédé 7 min 19 sec au grimpeur italien et abandonné une large partie de ses ambitions pour la victoire finale.
Même le soutien de son plus fidèle lieutenant chez la Sky, Geraint Thomas, n'a pas permis au vainqueur du Tour de France 2015 de se sortir d'une journée noire.
"+Froomey+ a eu une grosse chute, il a dit qu'il s'était fait mal au pied. Il a dit que ses jambes allaient bien, mais dans la (quatrième) montée, il a commencé à souffrir quand Astana a accéléré", a expliqué Thomas à Eurosport. "C'est à se moment-là qu'il a été largué et, moi-même, j'ai failli être largué, donc je l'ai attendu. Sur la dernière montée, il a semblé aller mieux et tout ce qu'on pouvait faire, c'est continuer. +Froomey+ n'abandonne jamais."
La démonstration d'Astana
Avec le succès de Landa, rescapé de l'échappée matinale, et le maillot rouge d'Aru, c'est une prise de pouvoir de la part de l'équipe Astana, dont l'accélération collective en tête de peloton dans le quatrième des six cols du jour a fait craquer Froome. Et c'est aussi une belle revanche après le coup de tonnerre de la mise hors course du leader italien Vincenzo Nibali, coupable de s'être accroché à sa voiture lors de la 2e étape.
"Cela a été une vraie démonstration de la part d'Astana", s'est félicité Aru au micro d'Eurosport. "Je vais défendre ce maillot. Il y a encore 10 étapes à parcourir, donc ce sera difficile", a ajouté l'Italien (25 ans), 5e de la Vuelta l'an dernier.
Mercredi, Fabio Aru était clairement le plus fort parmi les ténors et il a su résister à l'éreintante séance de montagnes russes imaginée par l'Espagnol Joaquim "Purito" Rodriguez (Katusha), qui vit en Andorre.
Ce dernier, 5e de l'étape, reste deuxième du général (à 27 sec) tandis que le Néerlandais Tom Dumoulin, maillot rouge mercredi matin, a limité les dégâts et se maintient sur le podium provisoire au général (3e à 30 sec).
"Je pense m'en être bien sorti, j'ai perdu le maillot mais c'est normal dans une journée comme celle-là", a résumé le leader de l'équipe Giant-Alpecin.
Pour Froome, le doublé s'éloigne
Sous une pluie intermittente, cette grande étape pyrénéenne a démontré au passage que les coureurs ayant brillé au Tour d'Italie, comme Aru (2e) et Landa (3e), puis fait l'impasse sur le Tour de France, sont plus frais que les héros de juillet: désormais 15e au général à 7 min 30, Froome a peut-être fait une croix sur ses rêves de doublé Tour-Vuelta cette saison.
De même, le duo Movistar Valverde-Quintana, qui complétait le podium sur les Champs-Elysées, n'a pas pu suivre non plus. L'Espagnol Valverde est arrivé à plus de 1 min 30 sec d'Aru, tandis que le Colombien Quintana a concédé environ 3 minutes à l'Italien. "Cela a été très difficile, une mauvaise journée. Je n'avais pas le mêmes jambes qu'au Tour", a résumé Quintana.
Jeudi, la 12e étape (173 km) reliera Escaldes/Engordany (Andorre) à Lleida, dans le nord de l'Espagne, avec un profil plutôt descendant favorable aux baroudeurs ou aux sprinteurs. Reste à savoir si l'équipe Tinkoff-Saxo sera bien au départ: son propriétaire Oleg Tinkov a menacé mercredi de retirer ses coureurs de l'épreuve après l'abandon du Portugais Sergio Paulinho, renversé par une moto, cinq jours après un incident similaire fatal au Slovaque Peter Sagan.