
L’entraîneur national de kick-boxing est furieux contre Yogida Sawmynaden, ministre de la Jeunesse et des Sports, à propos de ses déclarations pour une démarcation entre les sports olympiques et non olympiques. Il s’insurge qu’« on prône clairement une politique de deux poids deux mesures. »
[dropcap]V[/dropcap]ous êtes revenus des Championnats du monde avec une seule médaille de bronze. Êtes-vous déçu ?
Un peu. Mais je suis tout de même satisfait de ne pas rentrer bredouille. Un seul tireur médaillé d’or au Brésil en 2013 a pu conserver son titre de champion. Les autres ont mordu la poussière. C’est le niveau mondial et nous avons affaire aux meilleurs tireurs de la planète. Certaines personnes pensent qu’un podium est facilement accessible parce que c’est le kick-boxing. On n’obtient pas tout sur un plateau.
Pourtant, ces mêmes tireurs avaient brillé de mille feux à la Coupe du monde, il y a quelques mois...
On ne peut pas comparer une Coupe du monde à un championnat du monde. Le niveau de la compétition et le nombre de participants, entre autres, sont incomparables. Il faut se rendre à l’évidence : le gratin du kick-boxing était présent en Serbie. Je ne cherche pas d’ excuses, mais les circonstances n’ont pas joué en notre faveur. Nous avons eu un tirage au sort difficile et il faut reconnaître que nous n’avons pas eu les moyens nécessaires pour assurer une préparation adéquate. Ajouté à cela, certains ne se sont nullement gênés pour dénigrer les disciplines non olympiques à la veille de la compétition. Cela a porté un coup au moral des tireurs. Tous ces facteurs ont pesé lourd dans la balance.
Vous parlez de manque de moyens alors que le kick-boxing est l’une des disciplines qui bénéficient d’une enveloppe importante du ministère de la Jeunesse et des Sports…
Il ne faut pas oublier que c’est le ministère qui gère le budget. La Fédération a fait une demande pour le déplacement d’un dirigeant pour accompagner la délégation aux Championnats du monde, mais en vain. Ce sont les tireurs qui ont contribué pour financer le déplacement du dirigeant. Ce n’est guère évident pour un entraîneur d’encadrer les tireurs et d’assister aux réunions lors d’une compétition.
Le ministre, Yogida Sawmynaden est catégorique : il faut démarquer les disciplines olympiques et non olympiques. Qu’en pensez-vous ?
C’est discriminatoire ! Les sports non olympiques ont fait flotter haut le quadricolore sur l’échiquier mondial à maintes reprises. Pour rafraîchir la mémoire de certains, c’est bien une discipline non olympique qui a offert à Maurice sa première médaille d’or aux Championnats du monde. Maurice a décroché une médaille de bronze aux Jeux Olympique par l’entremise du boxeur Bruno Julie en 2008 à Pékin. À quand la prochaine médaille à ce niveau ? Il compare les sports non-olympiques à l’opposition parlementaire.
C’est déjà diminué les personnes qui pratiquent ce sport. En parallèle, le gouvernement n’aime pas l’opposition et en nous associant à celle-ci, est-ce qu’il veut nous dire qu’il n’aime pas le sport non olympique ? Le plus choquant, c’est qu’il a dit lors d’un entretien qu’il faut encourager les gens à s’adonner au sport olympique. On veut carrément détruire le sport non olympique. Au lieu d’encourager les gens à s’adonner au sport tout simplement, maintenant on leur dit quel genre de discipline choisir.
On ne reconnaît pas les efforts et les sacrifices que font les sportifs non olympiques pour défendre dignement le quadricolore. On prône clairement une politique de deux poids, deux mesures.