Guy Bazerque - La médaille de la passion

Dimanche 20 Mars 2016 Sports de combat , Sports individuels , O commentaire 0 views
Fils unique et orphelin de père depuis tout petit, Guy Bazerque est ce qu’on peut appeler un ‘self made man’. Après avoir passé presque la totalité de sa vie dans la sphère du sport, dont 44 ans à servir la boxe, le vieil homme a été justement récompensé par une décoration de la République le 12 mars dernier. [dropcap]À[/dropcap] bientôt 79 ans, Guy Bazerque a encore toute sa lucidité. C’est en un trait qu’il conte le roman de sa vie, se rappelant des dates et chaque détail comme si c’était hier. Sa biographie aurait pu s’intituler ‘Solitude’. Tellement cet ancien entraîneur de foot et de boxe, devenu par la suite juge-arbitre du noble art avant de prendre sa retraite comme secrétaire administratif de l’Association mauricienne de boxe amateur, s’évertue à raconter comment il a galéré, seul, avant de voir la lumière au bout du tunnel. Son parcours ressemble à une longue route sinueuse, mais qui vaut la peine d’être empruntée. Sa plus grande fierté, c’était le 12 mars dernier, lorsqu’il a appris qu’il faisait partie de la liste des décorés de la République. Il a été fait ‘Officer of the order of the Star and Key of the Indian Ocean’ (OSK) pour service rendu au sport. Une distinction méritée après 44 ans au service de la boxe. « Je n’ai pas eu un parcours facile. J’ai fait beaucoup de sacrifices. Des fois il a fallu négliger la famille. Mais aujourd’hui je suis très honoré que la République reconnaisse ma contribution », confie le vieil homme. Le 1er août 1937, Guy Fabien Bazerque voit le jour à Vacoas. Il sera le fils unique de Raymonde Duval et de Louis André Bazerque. Le petit Guy ne grandira malheureusement pas aux côtés de son père, décédé alors qu’il n’a que 4 ans. « Je me rappelle seulement qu’il m’avait emmené à Mahébourg une fois et qu’il m’avait une autre fois confectionné une paire de chaussures. Mon papa était cordonnier de profession. Ce sont les seuls souvenirs que j’ai de lui », précise Guy Bazerque. Sa mère Raymonde et lui parviennent à joindre les deux bouts grâce à la pension qui était versée pour les ‘services militaires’ de son père. « C’était la misère noire. Nous vivions dans une maison avec une toiture en pailles. La nuit tombée, notre demeure était éclairée par une lampe de pétrole », se souvient-il. C’était l’époque de ‘lakaz caca vas’. « Le loyer était cher et nous avons dû changer de localité au moins sept ou huit fois », explique Guy Bazerque. Après avoir réussi à ses examens du Certificate of Primary Education (CPE), Guy n’est pas parti au Collège Royal, comme la plupart de ses amis de classe de l’école de La Visitation, à Vacoas. « Nous n’avions pas de sous pour aller au collège », dit-il. Il a alors complété deux années supplémentaires au primaire ; des classes qui étaient alors appelées 7e et 8e. Guy obtient alors une bourse de la Mauritius Government Railways. Ce qui est loin de lui plaire. « J’avais 13 ans et on m’avait placé à la forge. Par la suite j’ai appris le métier d’ajusteur, puis j’ai exercé deux ans comme tourneur. » Après sa bourse, il trouve difficilement de l’emploi. « Nous vivions de la pension de ma mère », dit-il encore. Il faisait alors des petits boulots ici et là : il aidait sur la propriété sucrière de Réunion, puis assistant peseur à Médine, avant d’être embauché en 1960, après le passage du cyclone Carol. En novembre 1961, Guy Bazerque est enrôlé comme pompier. Il sera basé à Flacq en 1962, avant d’être transféré à Rose-Hill. Trois ans plus tard, il épouse Annie Marceline Aza, qui lui donnera deux enfants, Gérard, son fils aîné, et Guyanne. Durant sa carrière en tant que pompier, Guy Bazerque s’est vu décerner la ‘Commendation Medal’ (pour acte de bravoure) en trois fois. Il participe à des opérations de sauvetage, dont deux à Balfour, et une dans le bassin d’irrigation de Chebel. « J’ai toujours appris à aider les autres. C’est une valeur apprise pendant mes années de scoutisme », souligne-t-il. Durant cette même période, Guy Bazerque pratique plusieurs sports, sans exceller. Il s’essaye tour à tour au foot, au volley et à la pétanque au sein des équipes de la Government Fire Services. Il s’improvise alors entraîneur de foot. Ce qui ne lui réussit pas trop mal. Membre fondateur de l’AMBA Lorsque la famille Bazerque déménage pour la rue Wellington, à Rose-Hill, en 1969, Guy est entraîneur de l’équipe de foot de Joinville de Maurice. Une année plus tard, il bouge à Cité Plaisance, ce qui va alors marquer le début d’une belle et longue histoire entre la boxe et lui. En effet, comme il se situe à côté du Foyer de l’Amitié, sa curiosité et sa passion pour le sport l’emmènent à assister aux entraînements les après-midi. Un certain Jean-Claude Nagloo, qui deviendra plus tard entraîneur et Directeur technique national de boxe, l’invite à mettre les gants. « Il me demandait de lui taper dessus en essayant de le toucher au visage. Je peux vous dire qu’il esquivait tous mes coups », se rappelle Guy. De fil en aiguille, Guy Bazerque intègre le staff de l’équipe, jusqu’à ce qu’il est invité à rejoindre la commission de boxe de la Mauritius Sports Association, en compagnie des regrettés Serge Henry et Francis Wai Choon. Plus tard, cette commission laissera place à l’Association mauricienne de boxe amateur (AMBA), créée avant les Jeux des îles de l’océan Indien de 1985. Guy fait partie du premier comité en compagnie de Pierre Noël, entre autres. En 1994, Guy Bazerque est recruté comme coordinateur de boxe au ministère de la Jeunesse et des Sports. Il y restera trois ans, jusqu’à sa retraite. Et un retour au sein de l’AMBA, cette fois en tant que secrétaire administratif. « Ma plus grande satisfaction a été l’organisation des Jeux des îles de 1985 et de 2003, et les Championnats d’Afrique de boxe », souligne le retraité. Et de préciser : « Je me suis intéressé à l’arbitrage et j’ai passé mon examen international en Afrique du Sud. Je ne vous dis pas quelle était ma joie quand j’ai été élu meilleur arbitre lors d’un tournoi international aux Philippines dans les années 90. » Durant son parcours au sein du monde de la boxe, Guy Bazerque a formé plusieurs champions. C’est lui qui a découvert Bruno Julie, qui offrira en 2008 la seule médaille olympique à ce jour au pays. Retraité de boxe depuis 2014, Guy profite aujourd’hui de chaque instant de la vie aux côtés de sa tendre Annie. C’est avec émotion et fierté qu’il ira à la State House pour recevoir sa médaille d’OSK. Amplement méritée. [box type="info" align="alignleft" class="" width="660"] Mieux connaître… Nom : Guy Fabien Bazerque Date de naissance : 1er août 1937 Situation de famille : Marié à Annie Marceline Aza, 2 enfants (Gérard et Guyanne), 2 petits-enfants (Mégane et Madison) Études : École de la Visitation, à Vacoas Parcours professionnel : Peseur à Médine, Pompier, officier du ministère de la Jeunesse et des Sports, secrétaire administratif de l’AMBA Décorations : Commendation medals du Government Fire Service et Officer of the order of the Star and Key of the Indian Ocean Il aime… Le sport Les chansons de Tino Rossi et d’Englebert Humperdinck Il a dit… « La vie était tellement dure au temps de ma jeunesse qu’acheter une demie livre de viande chez le boucher était presque un luxe. » « Dieu m’a donné un don : celui d’aider les autres. » « Je suis un solitaire de nature. La boxe m’a offert une autre vie. Un moyen d’évasion… »[/box]

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