Le Comité olympique mauricien (COM) l’a annoncé mercredi : les élections au sein de la Fédération mauricienne de judo seront repoussées à l’année prochaine. En attendant, un comité intérimaire sera mis sur pied pour gérer les affaires courantes. La réplique n’a pas tardé.
Un groupe de dirigeants de clubs, avec Alain Batterie comme chef de file, s’interroge sur les démarches du mouvement olympique. Dans la foulée, il réclame des nouvelles élections au plus vite.
Le problème du judo est loin d’être terminé. Si le Comité olympique a décidé de prendre en main cette affaire et de mettre en place un comité intérimaire à partir d’août prochain, certains dirigeants ne l’entendent pas de cette oreille. « Rann nou nou fédération » : c’est ce que réclament les dirigeants de clubs qui ont animé un point de presse jeudi au centre Marie, Reine de la Paix, à Port-Louis. Ils expriment leur désaccord concernant le renvoi des élections et le prolongement du mandat du comité temporaire, présidé par Gérard Requin.
« Je ne comprends pas les motivations du Comité olympique de repousser les élections à l’année prochaine. De quoi se mêle-t-il ? Nous avons l’impression qu’au lieu d’aider à remettre la Fédération sur les rails, on cherche par tous les moyens à compliquer davantage la situation », s’insurge Alain Batterie.
Révolté, il fustige les membres du comité temporaire qui, selon lui, ont failli dans leur tâche. « Ils ont échoué dans leur mission. Ils ont fait les choses à moitié. Les élections tenues dans les trois régions ont été avalisées par ce même comité. Mais l’Assemblée générale élective, qui était prévue en avril, a été annulée sans raison. Maintenant, le COM vient dire qu’il n’y aura pas d’élections cette année et que ce même comité temporaire a été reconduit pour les trois prochains mois. Ensuite, un comité intérimaire sera institué pour gérer les affaires de la Fédération en attendant les suffrages l’année prochaine. C’est ridicule », déclare ce dirigeant du Judo Club de Briqueterie.
«Il veut gagner du temps»
Ce dernier s’interroge aussi sur les démarches de Gérard Requin, qui leur a contacté pour une réunion samedi dernier. À leur grande surprise, ce sont les dirigeants, dont les clubs ne sont pas en règle, qui ont été reçus à leur place. « Ils sont en train de manigancer quelque chose. C’est flagrant. Pourquoi attendre une année pour organiser les élections ? On voit clair dans leur stratégie. Ils veulent gagner du temps pour que ces clubs obtiennent leur affiliation et participer aux prochaines élections de la Fédération », dit Alain Batterie.
Ce dernier insiste que les élections doivent avoir lieu cette année. « Nous ne voulons pas de comité intérimaire mais des élections pour constituer un nouveau comité directeur de la Fédération. Définitivement, nous n’allons pas accepter de faire partie du comité ni de participer aux compétitions qu’ils organisent », fait-il ressortir.
Manque de transparence
Alain Loumeau a, pour sa part, décrié le manque de transparence tant au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports et du Comité olympique dans cette affaire. « Personne ne bouge le petit doigt pour résoudre le problème. Le COM prend le judo en otage sans se rendre compte que ce sont les judokas qui payent les pots cassés. Ces derniers sont découragés par cette situation qui perdure, alors que les 10es Jeux des îles de l’océan Indien approchent à grands pas », avance-t-il.
Jean-Noël Bardot a été, lui, très critique à l’encontre du mouvement olympique. « Il ne reste qu’à retirer le judo de la liste des disciplines des JIOI. Le COM n’a pas le droit de dicter sa loi dans cette affaire. Est-ce qu’il est mandaté et par qui ? S’il y a quelconque problème au niveau des finances de la Fédération, qu’on fasse une déposition à la police pour qu’elle mène une enquête. On ne doit pas pénaliser une Fédération et ses athlètes », dit-il. Et de poursuivre : « Nous avons sollicité une réunion avec le ministère et le COM, mais en vain. »
Philippe Hao Thyn Voon : «Des irrégularités décelées »
Le président du COM, Philippe Hao Thyn Voon, explique que c’est dans l’intérêt du judo qu’il agit. « Il y a des irrégularités qui ont été décelées à plusieurs niveaux. Les personnes qui sont impliquées doivent être punies. Les instances africaines et internationales de judo sont au courant de la situation. Nous allons mettre en place un ‘caretaker committee’ avec un homme de loi à la tête. C’est ce comité qui gérera la Fédération, avec les dirigeants des clubs en règle. Ils organiseront les compétitions », déclare-t-il.