Félicie et sa mère partagent la même passion.

Sharonne Maulette : elle n’a pas froid aux yeux

By Loïc Gangaram Lundi 07 Aout 2017 Sports individuels , Sports de combat , O commentaire 0 views

Cela fait cinq ans seulement depuis qu’elle s’est incrustée dans l’univers des arts martiaux, plus précisément du jiu-jitsu brésilien. Pourtant, Sharonne Maulette, 38 ans, fait partie du gratin africain. Cette maman d’une adolescente partage sa  vie entre sa passion, son travail et sa famille.

Sharonne Maulette est la championne d’Afrique de jiu-jitsu brésilien 2017 grâce à la médaille d’or acquise lors de l’Open Africa à Maurice en avril dernier. Mais elle n’a pas brillé que sur la scène africaine. « Ma première sortie internationale était l’Open de Londres en 2015. J’avais remporté la médaille de bronze dans la catégorie des moins de 60 kg. Quinze participants étaient en lice. L’année suivante, soit en 2016, j’ai décroché la médaille d’or lors de l’Ultimate Submission Tournament à Maurice, qui réunissait les combattants des îles de l’océan Indien. Ma dernière compétition était l’Open Africa où j’ai été couronnée championne d’Afrique », confie-t-elle. 

Sa passion pour le jiu-jitsu brésilien, la combattante l’a découverte sur le tard. Elle avait inscrit sa fille, Félicie, pour des classes de jiu-jitsu brésilien à Médine Camp-de-Masque sous la férule de Tawfiq Jaunbocus. La maman soucieuse de la bonne intégration de sa fille s’y est, elle aussi, inscrite afin d’encourager Félicie. « Au début, je m’étais inscrite afin que ma fille ne se sente pas seule et perdue dans l’univers des arts martiaux. Mais au fil des sessions, je sentais que j’assimilais de plus en plus vite et j’avais soif de savoir. À partir de là, j’ai commencé à m’entraîner au rythme de cinq jours sur sept chaque semaine », explique-t-elle.

Se faire une place dans un monde d’homme n’est pas chose aisée. Mais le jiu-jitsu brésilien rend les choses plus faciles, surtout de par sa philosophie. « Les classes sont dominées par une audience masculine, qui veut dire que nos adversaires à l’entraînement sont principalement des garçons qui sont plus forts physiquement. Mais il est bon de savoir qu’en jiu-jitsu brésilien, la force n’est pas le maître-mot. Cette discipline permet d’utiliser les techniques pour vaincre la force. Une personne qui est physiquement moins forte peut dominer quelqu’un de plus fort qu’elle », relate la championne d’Afrique.

Propriétaire de son propre dojo

Sa passion pour les arts martiaux a poussé Sharonne Maulette à ouvrir son propre dojo à Argy, qui a pour nom Argy BJJ Sportclub. Elle a sous son aile une vingtaine de jeunes de la région.

« Dans la région d’Argy, à Flacq, il y a un manque cruel d’activités sportives pour les jeunes de la localité. C’est dans l’optique d’offrir une alternative à ces jeunes que j’ai décidé d’ouvrir un dojo pour les accueillir les lundis et les vendredis. Les résultats n’ont pas tardé, car mes élèves commencent déjà à être sur le podium de différentes compétitions. »

Ne vous y trompez pas, ce coach trouve aussi le temps de travailler. Cette dernière est Sales and Marketing Manager à La Palmeraie boutique-hôtel.  « Combiner le rôle de mère d’une adolescente de 14 ans, s’entraîner, gérer un dojo et partir à l’étranger dans le cadre du travail et même pour les compétitions… quand j’y pense, je n’en reviens pas que je sois encore sur mes pieds.  C’est grâce à un planning rigoureux que j’arrive à m’en sortir. »

S’il y a un sujet qui lui tient à cœur, c’est d’encourager plus de filles et de femmes à pratiquer le jiu-jitsu brésilien pour non seulement en faire d’éventuelles championnes, mais aussi pour qu’elles puissent se protéger face au danger qui est omniprésent dans notre société. « Face au nombre d’agressions qui augmentent en flèche dans le pays, et où dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui sont prises pour cibles, il est plus que temps de savoir se défendre si on ne peut éviter le danger. Quand on s’initie à une discipline, on peut aussi développer le goût de la compétition et chercher à être le meilleur », soutient Sharonne Maulette, qui espère décrocher sa ceinture noire dans un futur proche.

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